Le 17 octobre dernier, au début de la saison régulière, Le Roster se posait la question : les Nuggets sont-ils armés pour les finales NBA 2024-2025 ? Force est de constater que les Denver Nuggets ne sont plus les patrons de l’Ouest, deux ans après leur sacre NBA. Battus par un Thunder plus jeune et plus profond en 7 matchs, plombés par un banc limité et des tensions internes, les champions 2023 abordent l’intersaison 2025 avec autant de doutes que de talent. Autour d’un Nikola Jokić toujours impérial, la franchise doit faire des choix forts pour retrouver le sommet.
Comment expliquer l’échec de cet effectif des Denver Nuggets ?
Eliminés en sept matchs par OKC en demi-finale de conférence, les Nuggets se sont heurtés à des barrières similaires à celle qu’ils avaient rencontré lors des playoffs 2024, durant lesquels ils avaient été éliminés dans les exactes mêmes circonstances face aux Minnesota Timberwolves. Mais ces Nuggets n’auront pas été ridicules. Sortir les Clippers, puis tenir 7 matchs face à une équipe qui sort d’une régulière historique. Le tout en étant largement diminué par les blessures, notamment d’Aaron Gordon et Michael Porter Jr. Difficile d’en vouloir à ce groupe. Cela étant dit, il n’en est pas moins qu’il manque a cet effectif des choses pour espérer reconquérir ce titre.
Mais le souci numéro un de l’effectif de Denver n’est un secret pour personne. Les fameuses « non-Jokic minutes« , soit les minutes durant lesquelles Nikola Jokic se repose sur le banc, sont une catastrophe. Lorsque le trois fois (et demi si on compte le nombre de deuxièmes place) MVP sort, ou même baisse de régime, l’équipe n’a aucun plan B. Et pour cause, le système offensif des Nuggets repose entièrement sur le Serbe , encore une fois auteur de playoffs énormes (26 points, 12 rebonds, 8 passes, 2 interceptions, 1 contre de moyenne), qui est tout autant scoreur que créateur ou encore point de fixation.
Comment expliquer cela ? Tout d’abord, les options secondaires ne sont pas (ou plus) suffisamment fiables pour assurer en l’absence de leur leader. Jamal Murray (qui depuis 2 ans n’arrive pas à retrouver son niveau fantastique qu’il avait auparavant en playoffs) n’a pas été assez régulier pour être dominant sans son pivot star, lui qui se plait très bien dans son rôle de deuxième option (21 points 5 rebonds et 5 passes sur cette post season). MPJ est quant à lui trop unidimensionnel dans sa manière de jouer (tir en catch-and-shoot, peu de lecture), et il est sans doute encore un peu tôt pour demander à Christian Braun de prendre ce genre de responsabilités.
Mais ce souci est d’autant plus mis en lumière par le très faible apport du banc. Seul Russell Westbrook a été capable d’apporter un supplément d’âme à cette équipe en cours de match (11 points, 4 rebonds, 2,5 passes, 1 interception en playoffs). A l’exception du MVP 2017, aucun remplaçant des Nuggets n’a dépassé les 5 points de moyenne lors des séries face aux Clippers et au Thunder. A titre de comparaison, 4 remplaçants d’OKC ont franchi cette barre. Cette saison, les titulaires de Denver disposaient d’un net rating de +3.9, alors que celui du banc était de -11.6. Un écart colossal logiquement exploité par leurs adversaires.
Les défis de l’intersaison 2025 des Nuggets
Faut-il casser le cinq majeur ? Miser sur la continuité ? Comment régénérer un effectif sans marge financière ? Cet été, Denver joue peut-être plus que sa future saison : son avenir.
En effet, cet été risque d’être capital pour le futur de la franchise du Colorado, qui doit prendre des décisions fortes. Mais pour prendre les décisions, il faut des décisionnaires. Et ces décisionnaires, les Nuggets n’en ont plus vraiment. Denver a licencié son General Manager Calvin Booth, et son coach Michael Malone à la fin de la saison régulière. La première urgence est donc de déterminer qui prendra le lead de cette intersaison.
Pour cela, les Nuggets ont d’ores et déjà retiré le statut d’intérimaire à leur coach David Adelman, qui remplaçait Malone pour les playoffs, et qui se voit donc offrir un rôle a temps plein. Reste a savoir qui sera son GM, Ben Tenzer étant lui toujours en intérim, après avoir remplacé au même moment Booth. Une position cruciale encore incertaine qui doit être fixée au plus vite pour que la franchise se mette au travail.
Le nouveau duo GM-coach devra s’entendre davantage que Booth et Malone , qui avaient eu des désaccords quant à la direction adoptée par la franchise, le premier imposant un rajeunissement de l’effectif au second, qui n’avait ni la patience, ni l’envie de développer des jeunes. Selon l’analyste Kevin O’Connor, Malone et Booth « ne s’appréciaient pas, communiquaient rarement et parlaient dans le dos l’un de l’autre » . Une tension qui se serait propagé parmi les joueurs, de quoi créer une tension malsaine au sein du vestiaire.
Vous avez le conflit Michael Malone – Calvin Booth, et j’ai même entendu dire que cela s’est propagé dans le vestiaire et est arrivé à un point où les joueurs étaient divisés. »
— Harrison Wind, analyste pour DNVR
La nouvelle direction sportive va donc devoir prendre une décision radicale dès son arrivée : faut-il continuer avec ce corps d’effectif, ou faut-il faire un gros changement ?
Un choix radical mais nécessaire car les Nuggets disposent aujourd’hui de 3 joueurs avec un contrat maximum (Jokic, Murray, Porter Jr), et vont devoir rapidement se pencher sur la prolongation de leur pépite Christian Braun, qui a été un des meilleurs joueurs de l’équipe cette saison, et dont le contrat se termine à la fin de saison prochaine. Selon l’insider Bobby Marks, cette prolongation devrait s’élever à environ 30 millions de dollars par an. Autrement dit, ce montant serait au dessus de ce que peut encaisser la franchise au niveau du salary cap, les plaçant potentiellement au dessus du deuxième niveau de la luxury tax, que le propriétaire Stan Kroenke ne serait pas enclin à payer.
Alors que faire ? Garder la base de l’effectif en retardant le nouveau contrat de Braun, quitte a prendre le risque que sa valeur augmente ? Ou alors décider de trader l’un des deux contrats max (Jokic étant évidemment intouchable) de l’effectif ? Si la franchise décidait de chambouler son effectif, ce serait donc Jamal Murray ou Michael Porter Jr qui seraient donc les plus plausibles de servir de fusible. Leurs gros contrats limitent fortement la flexibilité, et empêchent les Nuggets de signer des joueurs de banc au-delà du minimum vétéran.
Pour que les Nuggets espèrent rester compétitifs, il leur faut tout d’abord nécessairement renforcer leur banc. L’arrivée de joueurs vétérans, plutôt sur les postes 2 et 3 avec des profils de 3&D, serait parfait pour combler des rôles pas suffisamment remplis dans le roster actuel. Dans un monde idéal, des joueurs comme Derrick White ou Cam Johnson seraient d’excellents fits . Il y a également une nécessité d’enfin récupérer un backup digne de ce nom à Nikola Jokic, alors que Daron Holmes II, drafté l’année dernière et absent tout la saison pour cause de blessure, devrait faire ses débuts pour essayer de prendre ce rôle à l’avenir.
Nous devons trouver des solutions pour améliorer notre profondeur d’effectif. Il semble que les équipes qui ont des rotations plus longues, des bancs plus longs, soient celles qui gagnent. Les équipes comme Indiana et Minnesota ont montré l’importance d’un banc solide. »
– Expliquait Nikola Jokic en conférence de presse après l’élimination face à OKC.
Il faudra aussi pour le futur coach réussir à trouver une place pour développer les jeunes joueurs de cet effectif. En effet, les derniers choix de draft des Nuggets on été sous utilisés sous le système de Michael Malone. A l’exception de la pépite Christian Braun, personne entre Peyton Watson, Julian Strawther, Jalen Pickett, ou encore Hunter Tyson n’a encore trouvé une vraie place dans l’effectif, malgré des qualités claires. En attendant les grands débuts de Daron Holmes. Un développement important si la franchise du Colorado veut assurer son futur, alors que le capital de choix de Draft pour les prochaines années est assez faible. (1st round de 2026,2028,2030 et 2031 seulement).
Deux ans après leur triomphe, les Nuggets sont à la croisée des chemins. Le talent de Nikola Jokic reste une base en or, mais tout ce qui l’entoure est aujourd’hui en question. Entre un salary cap étouffant, un banc amorphe, des tensions internes récemment purgées et des choix à venir sur la continuité ou la rupture, Denver ne peut plus se contenter d’un entre-deux. Le cœur de l’équipe reste compétitif, mais les marges se réduisent, et l’ère des certitudes s’est envolée. Ce qui se jouera cet été ne décidera pas seulement de leur saison prochaine, mais de la capacité de cette franchise à ne pas gâcher l’un des plus grands talents générationnels que la NBA ait connus.
