Arrivé cet été dans la cité des anges, Deandre Ayton participe activement au début de saison canon des Lakers. Au milieu des stars angelinos, le pivot a trouvé ses marques, domine, et répond aux attentes placées en lui.
La signature de Deandre Ayton aux Lakers avait à la fois quelque chose d’évident et intriguant. Évident, car après la débâcle face à Minnesota au premier tour des playoffs (4-1), il était clair que Los Angeles ne pouvait pas viser le titre sans un pivot d’envergure. Intriguant, parce que parmi tous les intérieurs disponibles sur le marché, le nom du Bahaméen n’est pas celui qui faisait l’unanimité.
Un talent indéniable, certes, mais sa fragilité physique (69 matchs manqués sur les deux dernières saisons) et l’irrégularité de ses performances avaient de quoi susciter le doute. Et pourtant, parmi tous les scénarios possibles autour de son arrivée, c’est bien celui où fonctionne qui semble prendre forme.
Les Lakers pointent à la 2e place de la conférence Ouest avec un bilan de 12 victoires pour 4 défaites. Et Deandre Ayton n’y est pas étranger. Le pivot compile près de 16 points et 8 rebonds de moyenne, le tout à 70 % de réussite au tir (son plus haut total en carrière). Après deux saisons ternes à Portland, le premier choix de la Draft 2018 avait des choses à prouver. Touché dans son statut, Ayton s’est mis en tête de rappeler à la Grande Ligue qui il était. Cette saison, il compte déjà six matchs à plus de 20 points et 10 rebonds, soit autant que la saison passée… mais en 40 apparitions.

En misant sur lui, les Lakers cherchaient à retrouver de la consistance dans la raquette, avec un intérieur solide. Un profil capable de poser des écrans de qualité, d’être un partenaire idéal sur pick-and-roll, et surtout de punir la défense adverse sur des lobs faciles. Plus encore, Los Angeles avait besoin d’un nouveau roc défensif : un protecteur de cercle fiable, un rebondeur de qualité. En somme, tout ce qu’Anthony Davis savait être quand son corps lui laissait la possibilité de s’exprimer.
« Dominayton » enfin de retour ?
Pour l’heure, le pari modeste des Angelinos (16 M$ sur deux ans) semble tenir toutes ses promesses, à en juger par la première dizaine de matchs de leur intérieur. À 27 ans, l’ancien joueur des Suns, dont le chapitre s’était refermé dans la pénombre en 2023, retrouve tout son éclat. Sous les projecteurs de L.A., Deandre Ayton a parfaitement intégré sa place dans l’effectif Purple and Gold, notamment dans l’animation offensive. Il est aujourd’hui le troisième meilleur marqueur de l’équipe, derrière Austin Reaves (27,6 points par match) et Luka Dončić (34,5 points).
Ayton s’épanouit dans le costume du pivot traditionnel, en pleine harmonie avec ses extérieurs. On lui en demande peut-être moins que ce qu’il peut offrir, mais il s’emploie avec sérieux, sans afficher la moindre frustration. Un engagement que son coach n’a d’ailleurs pas manqué de saluer.
Il a connu un début d’année phénoménal. Il a adopté ses coéquipiers. Il a adopté son rôle. Il s’est sacrifié en se contentant d’être un poseur d’écrans et de créer des espaces pour ses coéquipiers. Il trouve ses marques. Il est dans un très bon rythme en ce moment, et il fait beaucoup de choses » – JJ Redick, entraîneur des Lakers
Au fil des rencontres, Deandre Ayton s’accorde davantage au rythme de ses coéquipiers. Il sait où se placer, quand plonger, comment offrir une solution. Sur pick-and-roll, son activité constante et sa lecture du jeu lui permettent de se rendre disponible dans la peinture, où il reste une option simple et très efficace. Il faut dire que son environnement l’aide bien. Avec des créateurs comme Austin Reaves et Luka Dončić, les automatismes viennent naturellement, et une connexion avec LeBron ne saurait tarder.
La relation avec Dončić s’oriente vers un jeu vertical très direct. Le Slovène, capable d’attirer plusieurs défenseurs sur chaque attaque, n’a aucun mal à propulser son pivot en orbite, où Ayton n’a plus qu’à conclure d’un dunk. Un schéma qui, par séquences, nous ramène aux heures de gloire de « Dominayton ».
Le Bahaméen ne se limite pas aux finitions près du cercle, il est également précieux sur les petits tirs à mi-distance. Ses deux confrontations face aux Blazers l’ont montré. Si la seconde constitue sa meilleure marque au scoring de la saison (29 points à 14/19 au tir, 10 rebonds, 3 contres), la première, disputée à la Crypto.com Arena, révèle un peu plus l’éventail de son jeu.
Ce soir-là, il a agi comme le métronome du frontcourt californien. Dès les premières minutes, il a allumé la mèche avec plusieurs tirs rapides depuis le haut de la raquette. Quand Austin Reaves attirait deux défenseurs, l’intérieur exploitait immédiatement l’espace libéré pour offrir une solution. Il s’est aussi montré inspiré à la passe, trouvant avec justesse les coéquipiers qui coupaient vers le cercle.
Une implication irréprochable en défense

Plus d’une fois, Deandre Ayton a suscité l’agacement de ses supporters par sa nonchalance sur le parquet. Rien ne l’illustre mieux que ses manques récurrents en défense, où l’on attendait un engagement bien supérieur. En débarquant à Los Angeles, il porte encore l’étiquette d’un défenseur jugé trop passif, désintéressé et avare d’efforts. Une image dont il entend désormais se défaire.
Je voulais montrer à l’équipe que je suis plus engagé en défense qu’en attaque. Comme je l’ai dit depuis le début, je ne suis pas là pour les stats. » – Deandre Ayton
Depuis le début de la saison, il s’investit dans les tâches défensives et assume davantage son rôle de rim protector. Sa mobilité, associée à sa belle détente et à ses 2,13m, en fait un point d’ancrage défensif, un tant soit peu, dissuasif. Bien que doté d’un profil intéressant, il lui reste encore du chemin avant de s’imposer comme une véritable référence dans le domaine. Néanmoins, l’engagement est là. Même si ses efforts ne se traduisent pas encore pleinement dans les chiffres, son apport sur le parquet est indéniable.
Deandre Ayton n’a jamais été considéré comme un poste 5 particulièrement puissant, surtout dans une NBA où les gabarits impressionnants se multiplient. Cette limite a parfois pesé dans sa carrière, aussi bien offensivement que défensivement. Mais en une poignée de matchs, il a déjà répondu aux défis physiques que lui ont imposés certains grands noms de la ligue. La liste ? Rudy Gobert, Domantas Sabonis, Giannis Antetokounmpo et Victor Wembanyama… rien que ça. C’est d’ailleurs face à ce dernier qu’il a le plus marqué les esprits.
J’ai souligné la défense lors du quatrième quart-temps, et il a joué un rôle majeur. Les contres en aide, les un-contre-un… il montre qu’il peut jouer un basket qui gagne, et c’est agréable de le voir s’épanouir depuis trois semaines », confiait JJ Redick après la rencontre.
Avec l’apport défensif supplémentaire de Marcus Smart dans le backcourt, les Lakers apparaissent aujourd’hui bien mieux armés qu’au printemps dernier sur cet aspect du jeu.
Face au Jazz, ce dimanche, Ayton a dû regagner le vestiaire plus tôt que prévu, touché au genou. La durée de son indisponibilité reste pour l’instant inconnue, lui qui n’avait manqué qu’une seule rencontre depuis l’ouverture de la saison. Reste à espérer que ce contretemps ne l’éloigne pas trop longtemps des terrains, et surtout, qu’il ne freine pas l’élan remarquable qu’il avait su bâtir depuis octobre.






