L’annonce a fait l’effet d’une bombe, après 6 ans à la tête de l’équipe, Taylor Jenkins est demis de ses fonctions de head coach des Memphis Grizzlies à quelques semaines des Playoffs. Une décision aussi choquante pour le sphère NBA qu’attendue des suiveurs des Grizzlies. Un point de non retour qui n’est que la suite logique d’une accumulation de mauvais choix.

2018-2022, une jeune équipe de prétendants est née

Jaren Jackson Jr en 2018, Ja Morant et Brandon Clarke en 2019, Desmond Bane et Xavier Tillman en 2020. En l’espace de trois drafts, le Front Office des Grizzlies avait réussi l’exploit de tourner extrêmement vite la page de l’ère Gasol et de se tailler la réputation de management qui ne fait que des bons choix. Encore plus impressionnant, les Grizz étaient devenus de véritables contenders sous la houlette de Taylor Jenkins, disciple de Mike Budenholzer. Tout simplement la franchise la plus prometteuse de NBA à l’époque.

The NBA Monster on X: "MEMPHIS GRIZZLIES ROSTER Ja Morant - Tyus Jones  Melton - G Allen - Konchar - Guduric Dillon Brooks - Bane - Winslow  -Hezonja J Jackson Jr -
Le jeune noyau des Grizzlies, entièrement bâtie par la draft entre 2017 et 2020. ©nba.com

Le management ne se limite pas à la draft, il brille en transformant le passé en mine d’or. Jonas Valanciunas, principale contrepartie du trade de Marc Gasol, se transforme dans les forêts du Tennessee est devient un leader en plus d’une garantie de double-double chaque soir. Grayson Allen devient une pièce importante suite à son arrivée dans le trade de Mike Conley à Utah. Entouré d’autres vétérans tels que Gorgui Dieng et Kyle Anderson, les oursons prennent le meilleur sur les Warriors au playin. Trois ans seulement après la bande à David Fitzdale, le FedEx Forum retrouve les Playoffs NBA.

La saison 21-22 sera la confirmation de la montée en puissance des Grizzlies qui égalisent le meilleur bilan de l’histoire de la franchise avec 56 victoires pour 26 défaites. Ja Morant décroche sa première étoile de All Star, devient MIP et est élu dans la 2ème équipe All NBA. Jaren Jackson Jr brille également est termine 5ème du classement DPOY et dans la 1ère équipe All Defensive. De’Anthony Melton, Tyus Jones et Brandon Clarke se révèlent sur le banc, offrant aux Grizzlies cette mentalité de « Next Men Up » et participent à faire de Memphis l’effectif le plus profond de la ligue. En playoffs, la jeune garde de Jenkins réponds aux attentes et confirment sa deuxième place à l’Ouest en éliminant les Minnesota Timberwolves au premier tour avant de s’incliner en demie finale de conférence face aux Warriors, futurs champions NBA.

Draft 2021, le début des mauvais choix

Bien que la saison 2021-2022 soit excellente sur le plan sportif, l’intersaison 2021 marque le début des mauvaises décisions et de la relative chute – ou stagnation – des Grizzlies. La draft qui avait permis le retour en force de l’équipe allait être, comme un symbole, la raison de sa chute.

Soir de draft, 29 juillet 2021, Memphis prend par à un trade à trois équipes avec les Charlotte Hornets et les New Orleans Pelicans. Un trade dans lequel Jonas Valanciunas et le pick 17 qui deviendra Trey Murphy sont échangés contre Steven Adams, le contrat finissant d’Eric Bledsoe, deux second tours et le fait de monter en 10 à la draft pour sélectionner Ziaire Williams. Le même soir, les Grizz échangent Grayson Allen contre Sam Merrill et deux seconds tours. Deux transferts déjà critiqués à l’époque et qui sont aujourd’hui devenus impossible à défendre.

Eric Bledsoe sera par la suite envoyé aux Clippers contre Patrick Beverley et Rajon Rondo. Beverley sera lui-même à nouveau transféré, à Minneapolis contre Jarrett Culver et Juancho Hernangomez, ce dernier sera lui aussi de nouveau tradé à Boston contre Kris Dunn notamment.

Dans l’ombre de cette draft, l’éclaircie viendra du pick 30, utilisé pour sélectionner l’intérieur espagnol, Santi Aldama.

La stagnation

Aux sommets de la conférence Ouest, les Grizzlies ne parviennent pas à confirmer et montrent des premiers signes de stagnation. Si la saison régulière est dans les standards de la précédente, les Grizz n’ont plus grand chose à y prouver contrairement aux Playoffs, leur véritable objectif. Steven Adams, recrue phare de l’intersaison montre ses premières limites face à de nombreuses match-up, soulevant de nombreuses interrogations en prévision des phases finales.

Très attendus en Playoffs, les hommes de Taylor Jenkins s’effondrent dès le premier tour, en 6 matchs face aux plus expérimentés Lakers malgré l’avantage du terrain.

Memphis Grizzlies v Indiana Pacers
Vince WIlliams et GG Jackson, symboles d’un front office qui ne drafte bien qu’au second tour. ©Ron Hoskins/NBAE

La reconstruction est finie depuis plus d’un an dans le Tennessee et pourtant, le FO de Memphis va continuer sa politique agressive à la draft et dépeupler son banc de role player. C’est ainsi que le soir de la draft 2022, les Grizzlies échangent leur pick 22 qui deviendra Walker Kessler et leur pick 29 qui deviendra Tyty Washington pour monter et récupérer Jake LaRavia avec le pick 19 et un second tour 2023.

L’excellent joueur de banc De’Anthony Melton (8ème du classement du Sixième homme) est envoyé à Philadelphie contre les restes de Danny Green et le pick 23 qui permet aux Grizz de sélectionner David Roddy. Une nouvelle fois l’éclaircie viendra d’un choix tardif avec la sélection de Vince Williams Jr en 47. Danny Green sera rapidement échangé pour récupérer Luke Kennard. Un échange qui sera le seul à être payant sur la période 2019-2025…

L’intersaison 2023 ne sera pas en reste. Après avoir accumulé les jeunes prospects à la draft, les Grizz décident enfin d’échanger leur pick pour du Win Now. C’est ainsi que Marcus Smart débarque auréolé de son titre de DPOY deux ans plus tôt. Tyus Jones est lâché dans le deal, ainsi que deux tours de draft qui deviendront Marcus Sasser (2023) et Carlton Carrington (2024). Une nouvelle fois, les Grizzlies parviendront à trouver leur bonheur en fin de draft en sélectionnant GG Jackson avec le pick 45.

Dillon Brooks est montré du doigt comme la raison des échecs de Memphis et le management décide de ne pas le prolonger à l’été 2023. Il signe à Houston et sera rejoint en février par Steven Adams suite à son transfert contre Victor Oladipo.

L’année 2024 sera l’occasion pour les Grizzlies de faire table rase des erreurs des dernières années. Les anciens draftés David Roody et Xavier Tillman sont échangés dès la trade deadline tandis que Ziaire Williams partira à l’intersaison. La récente trade deadline sera l’occasion de se séparer des deux derniers échecs que sont Jake LaRavia et Marcus Smart.

Les blessures, deuxième clou du cercueil

Avant même le début de la saison 2023-2024, Ja Morant est suspendu 25 matchs par la NBA. Une suspension qui devait être une formalité tant les Grizz étaient devenus performants même sans leur Franchise Player.

Pourtant, les Grizzlies vont totalement s’effondrer sous le poids de leurs contradictions. Autrefois une équipe à la profondeur impressionnante et à la résilience à toute épreuve, les ours redevenus de vulnérables oursons débutent la saison par un 0-6, sont la dernière équipe de la saison à gagner un match et affichent un terrible bilan de 6-19 au retour de Ja. Vidés de leur identité Grit and Grind, les Grizzlies s’enfoncent dans une véritable spirale négative et retrouvent les tréfonds de la conférence Ouest. Alors au fon du gouffre, les Grizzlies vont pourtant continuer de creuser en souffrant l’une des pires séries de blessures jamais vue en NBA (au moins égalé depuis par les Mavericks de 2025)

Stevens Adams ne jouera aucun match après une rechute en présaison. Brandon Clarke ne jouera que 6 matchs, Ja Morant 9, Marcus Smart 20, Desmond Bane 42. Seul Jaren Jackson Jr et Santi Aldama dépasseront les 60 matchs joués. L’effectif a compté jusqu’à 13 joueurs indisponibles pour cause de blessures. Une saison maudite marquée de nombreux tristes records : au total, 33 joueurs porteront le maillot des Grizzlies sur la saison, alignant 51 cinq de départ différents et une absence cumulée de 578 matchs.

Après le cauchemar de la saison régulière, les fans espéraient revivre par la draft et l’intersaison. Finalement le front office fera le choix de sélectionner le controversé Zach Edey en 9 et de ne faire que peu de mouvement à la marge. Une nouvelle fois, la lueur viendra du second tour et du rookie Jaylen Wells drafté avec le 39ème choix de draft.

Enfin un bon choix ?

La question peut paraître surprenante tant les réactions ont été unanimes. Les Grizzlies sont de retour en haut de la conférence Ouest après une saison minée par les blessures et ils sont toujours en capacité d’obtenir l’avantage du terrain au premier tour des playoffs.

Oui mais voilà,

La fin de cycle pointe son nez depuis plus d’un an maintenant. Loin de l’image globalement très positive dont il dispose dans la sphère NBA, Taylor Jenkins frustre les fans de Memphis, lui qui n’a jamais réussi la transition entre coach de développement et de régulière et coach de contender. Les changements apportés dans le coaching staff l’été dernier n’y ont rien changé et ont même exacerbé les tensions, à l’image de l’assistant Noah LaRoche également remercié au même titre que Patrick St Andrews. L’animation offensive prônée par Jenkins et LaRoche est critiquée tout comme les rotations et ajustements en cours de match, une récurrence de l’ère Jenkins. Le quatuor majeur des Grizzlies cette saison : Ja Morant, Jaren Jackson Jr, Desmons Bane, Jaylen Wells, a été utilisé en moyenne 11.4 minutes par match, le 273ème le plus utilisé de la ligue…

Les Grizzlies restent bons face aux mauvais, mauvais face aux bons. En atteste le bilan de 11-20 face aux équipes à 50% ou plus, le plus faible parmi les 8 premiers à l’Ouest.

Des signes d’inquiétudes à l’approche des playoffs et un sentiment de fin de cycle qui auront donc coûtés – à défaut d’autres explications ultérieures – la tête de Taylor Jenkins, remplacé pour le moment par son adjoint Tuomas Lisalo (ancien coach du Paris Basket arrivé cet été).

Si le timing est surprenant, le choix lui est logique et semblait inévitable depuis plusieurs mois. Passés en 4 ans des jeunes prodiges au rang d’éternels espoirs, les Grizzlies ont donc mis fin à quelques semaines des playoffs à l’ère Jenkins, l’une des plus glorieuses de l’histoire de la franchise : 250 victoires en 464 matchs, 53.9% de victoires, 3 participations aux playoffs et une demie finale de conférence.

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