Éliminés sèchement en demi-finale de conférence par Indiana (4-2), les Cavaliers abordent l’été 2025 dans un entre-deux inconfortable. Trop bons pour reconstruire, pas assez armés pour rivaliser avec les cadors, ils doivent désormais trancher sur l’avenir de leur effectif. Le projet Cleveland semble à la croisée des chemins. Comme le prédisait le Roster le 20 octobre dernier.
Une hiérarchie confuse malgré un noyau solide
Les Cavaliers restent incontestablement porteurs d’un noyau jeune et talentueux. Leur quatuor de base, composé de Donovan Mitchell , Darius Garland, Evan Mobley et Jarrett Allen, représente un mélange rare d’aptitudes individuelles et de complémentarités potentielles. Mais derrière cette façade se cache une réalité plus complexe, faite de conflits de rôles, de performances inégales et d’un équilibre fragile.

Donovan Mitchell, à 28 ans, s’impose encore comme le franchise player de cette équipe des Cavaliers. En 2024-2025, il a maintenu un niveau assez élevé, culminant à 24 points de moyenne par match, avec une adresse respectable (44% de réussite au tir, 57.5% de True Shooting) malgré les blessures qui l’ont affecté en playoffs. Son impact est indéniable : le Net Rating de +7,4 lorsqu’il est sur le parquet est le plus élevé de l’équipe, preuve de sa capacité à porter Cleveland offensivement et défensivement.
Darius Garland, le meneur de 24 ans, est le partenaire naturel de Mitchell, mais la cohabitation entre les deux pose question. Garland tourne à environ 20 points et 6 passes par match, avec une efficacité solide (47% au tir, 60 % de TS). Mais là où les Cavaliers espéraient un backcourt complémentaire, ils ont souvent vu s’exprimer une forme de redondance. Cela pose un problème de cohérence tactique et d’identité offensive, car les profils des deux combo guards se ressemblent. Mitchell a lui-même admis dans une interview accordée à The Athletic en avril 2025 qu’ils doivent « clairement définir qui fait quoi et quand », mettant en lumière l’absence d’une feuille de route claire.
À l’intérieur, Evan Mobley et Jarrett Allen constituent une des rares paires intérieures capables de combiner mobilité, défense et scoring en NBA. Mobley, à seulement 23 ans, s’impose comme un joueur polyvalent, capable de protéger le cercle avec une mobilité impressionnante tout en étendant le jeu grâce à son shoot à mi-distance. Il compile 18.5 points et 9,3 rebonds par match. Allen, plus classique dans son rôle de pivot dominant physiquement et au rebond, affiche des statistiques solides (13,5 points et 9,7 rebonds), avec une efficacité éxcellente (70 % au tir) et un impact défensif évident (+10 de Net Rating).
Cependant, cette double tour intérieure n’est pas sans poser problème. Offensivement, leur manque de spacing se fait cruellement sentir. Plus de la moitié des tirs pris par Mobley et Allen sont à mi-distance, ce qui ne favorise pas l’ouverture du terrain pour les shooters en plus d’handicaper l’attaque collective. Cette dernière a baissé de près de 4,5 points par 100 possessions lorsque les deux intérieurs jouaient ensemble, par rapport à un alignement plus étiré avec Mobley et quatre extérieurs. Cela soulève un dilemme : Cleveland doit choisir entre privilégier la défense avec cette paire physique, ou libérer Mobley pour un rôle de pivot plus moderne et adapté aux tendances actuelles de la NBA.
Outre cette traction à 4, la majorité des rôles players de cette équipe ont largement montré leurs faiblesses en playoffs. A la mène, Ty Jerome n’aura jamais su être le meneur backup dynamiteur en sortie de banc. Le finaliste du trophée de 6ème Homme de l’Année n’a pas trouvé son rôle en phases finales. Sur les ailes, les shooteurs que sont Isaac Okoro, Max Struss, Sam Merrill et DeAndre Hunter n’ont pas eu assez d’impact des deux côtés du terrain. Enfin à l’intérieur, Tristan Thompson est bien trop limité pour être le seul pivot remplaçant d’un équipe de ce niveau. De quoi laisser penser à des changements sur les rôles supports pour la saison prochaine.
Reste aussi à définir la place des jeunes joueurs dans cet effectif. Le jeune arrière Jaylon Tyson, qui vient de terminer son année rookie, a montré des qualités prometteuses. De quoi pouvoir peut-être lui offrir une place plus importante dans la rotation l’année prochaine. Nae’Qwan Tomlin et Luke Travers, tous les deux en two-way cette saison devrait également être promus. Les Cavs ayant seulement deux choix de second tour cette année à la Draft, on attendra encore un peu pour savoir si il y aura des rookies dans la rotation élargie de Cleveland l’année prochaine.
Nous sommes des prétendants au titre quand nous sommes en bonne santé. Le développement est l’une des raisons pour lesquelles j’ai décidé de signer, car je crois en notre développement. »– Donovan Mitchell à blogdebasket.com

La possible refonte d’un projet encore jeune
L’intersaison 2025 des Cleveland Cavaliers s’ouvre sous le signe du doute, mais aussi d’un certain réalisme. Après deux saisons de playoffs frustrantes, la franchise est à la croisée des chemins. Le projet n’est pas vieux, l’arrivée de Donovan Mitchell remontant à septembre 2022, mais il semble déjà contraint de faire un choix : insister avec ce noyau ou ajuster, voire réorganiser, en profondeur. Les signaux récents laissent penser que le front office penche pour une solution hybride.
Au cœur du plan de Koby Altman, deux noms ressortent : Donovan Mitchell et Evan Mobley. Ces deux joueurs sont perçus comme les fondations du projet, tant sur le plan sportif que contractuel. Mitchell est vu comme un leader offensif autour duquel l’équipe peut continuer à construire, même si certaines franchises surveillent le dossier de loin. Quant à Mobley, il reste la grande promesse jeune et défensive du projet. Cleveland croit toujours en son potentiel, surtout si on lui donne plus d’espace au poste 5 et un rôle offensif davantage affirmé. C’est pourquoi les Cavs les ont tous les deux resignés sur des contrats maximum.
Autour de ce duo, la situation est plus floue. Darius Garland et Jarrett Allen, titulaires depuis le début du cycle, sont désormais des pièces envisagées comme monnayables. D’après les dernières rumeurs rapportées par l’insider Chris Fedor (Cleveland.com) dans son podcast, la franchise serait à l’écoute des offres concernant les deux joueurs. Le but n’est pas de brader, mais de repositionner l’effectif autour de profils plus complémentaires, en particulier sur les ailes.
Ce contexte ouvre plusieurs scénarios. Le plus probable à l’heure actuelle reste un trade de Jarrett Allen. Son association avec Mobley a montré ses limites offensives, notamment dans les moments clés, et Cleveland aimerait offrir à Mobley plus de responsabilités en pivot. Allen a encore de la valeur, et un échange pourrait ramener un ailier défensif, voire un shooteur capable d’espacer le jeu.
Dans le cas d’un trade de Garland, qui a sans doute un peu plus de valeur qu’Allen en raison de son âge, Mitchell assumerait définitivement la direction du jeu. Cleveland chercherait ainsi à récupérer un joueur plus longiligne, apte à défendre sur plusieurs postes et à jouer off-ball, un profil devenu indispensable dans la NBA actuelle. Ce profil est le plus important à aller chercher pour les Cavaliers que ce soit par trade ou durant la Free Agency. Il serait celui d’un joueur avec des qualités de défense, de rebond, de tir extérieur sur des postes 4/5 et qui proposerait des solutions offensives et défensives nouvelles.
Il semblerait également que pour libérer de la masse salariale, Isaac Okoro, et son contrat à 22 millions de dollars restants, devrait être sacrifié dans un deal où son salaire serait donc dumpé. Une décision purement économique, les propriétaire Dan Gilbert souhaitant payer le moins de taxes possibles, alors qu’ils doivent encore essayer de resigner Ty Jerome et/ou Sam Merrill. Un choix sportivement et stratégiquement dommage, car Cleveland se séparerait d’un asset important pour essayer de récupérer un joueur compétitif, tout en prolongeant un joueur unilatéral et limité en la personne de Merrill.
Entre contraintes et portes de sortie
Comme souvent en NBA, les décisions sportives ne peuvent être dissociées des réalités économiques. Cleveland aborde l’été 2025 avec une masse salariale déjà très élevée, approchant les 242 millions de dollars garantis, soit au-dessus du second seuil d’apron tax. Cela signifie que toute prolongation ou transaction en déséquilibre négatif pour la franchise de l’Ohio ferait exploser la note, plaçant la franchise dans une position délicate financièrement.
Dan Gilbert, habitué à dépenser pour construire, a montré une certaine réticence à le faire ces dernières années, notamment après avoir payé 12 millions de dollars de luxury tax en 2024. Dans un contexte où la fenêtre de contention à l’Est se resserre avec l’émergence de franchises comme Boston, Indiana ou encore New York, la question est de savoir jusqu’où Cleveland est prêt à aller pour investir, sans garantie de retour immédiat. Pour l’instant, le montant de la luxury tax qui devra être payé par les Cavs en 2025 serait de 98 millions de dollars. Un montant que Gilbert chercherait donc à faire descendre.
Koby Altman doit aussi composer avec un capital draft moyen ne disposant que de ses first‑round picks 2026, 2028, 2030 et 2031. Ces munitions suffisent pour « sucrer » un trade, mais pas pour gagner toutes les enchères. Reste une trade exception de 7,5 M $ (suite au départ de Ricky Rubio) valable jusqu’en décembre : un moyen d’ajouter un rôle‑player de banc sans toucher aux cadres.

Enfin, le chantier coaching est clos : Kenny Atkinson vient de signer sa première saison complète aux commandes. Arrivé dès juillet 2024, il aura connu un premier exercice très satisfaisant, que ce soit sur le plan des résultats (bilan de 64-18; plus longue série de victoire de la franchise avec 16 succès de rang), ou sur le plan du jeu. Il a imposé plus de mouvement de balle (de 28.3 à 30.7 passes décisives par match) et un rythme plus élevé (pace +2,3). Atkinson qui sera orphelin la saison prochaine d’un de ses top assistant Jordan Ott, devenu coach principal des Suns.
En clair, Cleveland doit trancher : faut-il vraiment sacrifier Garland ou Allen ? L’organisation n’a plus droit à l’entre‑deux. Les prochaines semaines devront dire si le projet se stabilise autour d’un trio Mitchell‑Mobley‑Garland (et un frontcourt repensé), ou s’il se ne réinvente pas dès maintenant pour éventuellement devenir, dans un an, un dossier explosif du marché.
Les Cavaliers ne sont pas en crise. Leur ADN défensif reste solide, leur base de jeunes est enviable, leur public fidèle. Mais la fenêtre pour transformer le potentiel en vraie menace se rétrécit. Le playoff run 2025 a mis à nu les limites d’un projet coincé entre deux lignes temporelles.