Cleo Hill aurait pu être une star de la NBA, mais le destin en a décidé autrement.
Cleo Hill aurait pu être une star de la NBA, mais le destin en a décidé autrement.

Cleo Hill, le joueur blacklisté

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Avec seulement une saison au compteur, Cleo Hill n’a pas marqué les parquets de la NBA. Il est pourtant un véritable précurseur de l’arrivée des joueurs Afro-américains dans la Grande Ligue. Cependant, il n’a pas eu la carrière qu’il aurait dû mériter. Voici son histoire.

Le premier accroc

Cleo Hill est drafté en 8e position lors de la Draft 1961 par les Saint-Louis Hawks, qui vont devenir par la suite les Atlanta Hawks. Dès sa sélection, il marque déjà l’Histoire de la NBA. C’est le premier joueur drafté au premier tour issu d’une fac composée majoritairement d’étudiants noirs. Et pour cause, Cleo Hill a fait un beau passage du côté de Winston-Salem, en Caroline du Nord. Il finit sa dernière année universitaire avec 26,7 points de moyenne.

Son premier accroc intervient avant même ses débuts officiels en NBA. Lors d’un match de pré-saison, les Celtics défient les Hawks. À une époque où la ségrégation était toujours présente aux États-Unis, l’hôtel qui accueillait les joueurs ne servaient pas les Afro-américains. Par conséquent, les joueurs des Celtics Al Butler, Bill Russell et ses compères des Hawks Cleo Hill et Woody Sauldsberry boycottent le match.

Si côté Boston, le légendaire Red Auerbach soutient ses joueurs, côté Saint-Louis, il n’y a aucune réaction de la part de front office. Ce premier accroc est le début d’une longue liste qui va conduire au boycott de Cleo Hill.

Cleo Hill
Ben Kerner, le sulfureux propriétaire des Saint-Louis Hawks.

Une saison rookie sous le symbole du boycott

Après la controverse de la pré-saison, place à la saison régulière. Paul Seymour est le nouveau coach des Saint-Louis Hawks. Il fait confiance à Cleo Hill et décide de l’intégrer au 5 majeur de l’équipe. Une décision loin de plaire au trio star de l’équipe Bob Pettit, Clyde Lovelette et Cliff Hagan. Ce dernier a été récupéré 5 ans plus tôt en échange de Bill Russell. Un choix motivé par le propriétaire de l’équipe, Ben Kerner, un acteur majeur de la malheureuse carrière de Cleo Hill.

Le trio des Hawks a peur de se faire voler la vedette par le jeune rookie. En effet, ce dernier est plus un meneur scoreur qu’un playmaker. Un ajout qui pourrait poser problème au sein de l’effectif de Saint-Louis déjà composé de stars bien établies. Ils prennent donc une décision simple, mais dramatique pour la cohésion de groupe : ils boycottent totalement le meneur durant les matchs. Dit autrement, ils ne lui font aucune passe et ne prennent aucun rebond sur ses tirs ratés.

Cependant, Paul Seymour n’en démord pas et maintien Cleo Hill dans le 5. Au bout de quelques matchs, le trio de perturbateurs des Hawks Pettit – Lovelette – Hagan commencent à en avoir sérieusement marre de la situation. Ils décident d’aller voir au propriétaire de l’équipe Ben Kerner. Ce dernier vire Paul Seymour à la mi-novembre qui a seulement passer quelques mois à Saint-Louis. Son remplaçant ? Bob Pettit qui assure l’intérim pendant 4 matchs avant de se faire remplacer par Andrew Levane qui finit la saison.

Avec le départ de Paul Seymour, Cleo Hill perd son seul allié et voit son temps de jeu diminué. Sur sa première saison, il joue 58 matchs pour 5,5 points de moyenne, 3 rebonds et 2 passes à 34 % au tir. À titre de comparaison, lorsque que Paul Seymour était le coach de l’équipe, Cleo Hill tournait à plus de 10 points par match. Andrew Levane quitte Saint-Louis en fin de saison, remplacé par Harry Gallatin. Un nouveau coach qui n’offre pas un avenir plus radieux à Cleo Hill. En effet, le meneur profite de l’été pour passer ses diplômes pour être professeur, la NBA des années 60 étant bien moins lucrative que celle que l’on connaît aujourd’hui.

Rapidement, Cleo Hill comprend qu’il ne va pas beaucoup jouer sous Harry Gallatin. Dès le camp d’entraînement, le coach lui annonce qu’il serait meilleur en tant que professeur qu’en tant que joueur. Ainsi, dans la continuité de saison rookie, Cleo Hill joue très peu et finit par être coupé par les Hawks.

Cleo Hill placé sur liste noire

Lorsqu’il se fait couper, Cleo Hill pense retrouver une franchise assez rapidement. Pour rappel, c’est un numéro 8 de la Draft et malgré les nombreux déboires qu’il a eu avec Atlanta, il reste un jeune à fort potentiel qui joue, à peine, sa deuxième saison. Son ancien coach Paul Seymour pense la même chose. Pourtant, Cleo Hill ne rejoua plus une seule seconde en NBA.

La raison n’a jamais été dévoilé officiellement et seule la version de Paul Seymour subsiste encore aujourd’hui. Selon lui, Ben Kerner, le propriétaire de la franchise, aurait fait pression auprès des autres exécutifs pour qu’aucune équipe ne signe le jeune joueur. La raison derrière cette action serait uniquement la couleur de peau du meneur. Si on prend un peu de recul, cela n’est pas prêt le premier comportement douteux que Kerner adopte à l’égard d’un Afro-Américain.

Ben Kerner, raciste ?

Comme mentionné plus haut dans cet article, c’est Saint-Louis qui drafte Bill Russell. Il est transféré immédiatement aux Celtics. Si Boston a fait un énorme pressing sur le front office des Rochester Royals pour qu’il ne drafte pas la future légende, ils ont également monté un trade pour le récupérer auprès des Hawks. Ce qui renforce le potentiel racisme de Ben Kerner, c’est le fait que les deux joueurs récupérés soient Ed Macaulay et Cliff Hagan. Deux joueurs blancs, loin d’avoir le potentiel de Bill Russell.

Cependant, il y a une autre histoire bien avérée, cette fois-ci, qui expliquerait ce choix. Ed Macaulay qui évoluait donc à Boston souhaitait quitter la franchise afin de rejoindre Saint-Louis pour être proche de son fils, souffrant d’une paralysie cérébrale à l’époque.

Pour en revenir à Ben Kerner, il y a son manque de soutien total envers ses joueurs lorsqu’ils ont décidé de boycotter le match de présaison contre Boston. Tous ces éléments font penser beaucoup d’observateurs que le propriétaire des Hawks aurait bien fait preuve de racisme à l’égard des joueurs afro-américains. Quoiqu’il en soit, c’est bien lui qui a coûté la prometteuse carrière de Cleo Hill.

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