Brandon Roy fête ses 40 ans aujourd'hui.
Brandon Roy fête ses 40 ans aujourd'hui. Crédit : Dean Rutz - Seattle Times

Brandon Roy, renaître après une carrière brisée

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Parmi les grands talents gâchés de l’histoire en NBA, le nom de Brandon Roy résonne encore dans la tête de milliers de fans nostalgiques. En particulier les supporters des Blazers, habitués aux destins tragiques. Malgré une carrière écourtée cruellement, le natif de Seatlle n’a pas sombré et a su relancer sa carrière dans le basket, même s’il ne joue plus. En ce 23 juillet 2024, l’ancien arrière de Portland fête ses 40 ans. L’occasion de revenir sur sa carrière en NBA, et comment il a relancé sa carrière après les blessures.

Un joueur magnifique qui faisait l’unanimité

Tout avait très bien démarré pour Brandon Roy dans la Grande Ligue. Drafté en sixième position par Minnesota, il est immédiatement échangé contre Randy Foye et file à Portland. Une fois dans l’Oregon, le jeune arrière parvient rapidement à se faire une place au sein de l’effectif dirigé par Nate McMillan. Même s’il ne joue que 57 matchs lors de sa première saison, il remporte le trophée de Rookie de l’Année en tournant à 17 points de moyenne. C’est ce qu’on appelle une entrée en matière réussie.

Son profil atypique va rapidement faire de lui la première option offensive de son équipe. C’est bien simple, il sait absolument tout faire en attaque. Tout d’abord, Roy était un excellent shooteur à mi-distance, ainsi qu’à 3 points, même si le style de jeu de l’époque faisait qu’il n’en prenait pas beaucoup. Sa gestuelle parfaite lui permettait de s’élever plus haut que son vis-à-vis pour tirer par-dessus son défenseur.

Ensuite, le natif de Seattle était également un vrai génie pour se créer lui-même des occasions de scorer. Il arrivait à contrôler la vitesse du jeu comme bon lui semblait, ce qui lui permettait d’avoir toujours un coup d’avance sur la défense adverse. Jamais dans la précipitation, Brandon Roy jouait juste, sans fioritures. Il n’avait souvent besoin que d’un seul cross pour se débarrasser de son adversaire direct pour prendre un shoot ouvert, servir un coéquipier démarqué, ou driver au panier.

Justement, le drive faisait partie intégrante de l’arsenal de B-Roy. Face à des défenseurs effrayés à l’idée de lui laisser assez d’espace pour dégainer, il n’avait aucun mal à les laisser sur place pour aller finir au panier. De plus, l’arrière d’un mètre 98 n’avait pas peur du contact et pouvait très bien foncer tout droit sur l’intérieur adverse, sans que le contact n’altère son tir. Sa taille lui permettait également de jouer dos au panier et d’enfoncer son adversaire direct pour finir tranquillement dans la raquette.

Puis, pour ne pas arranger l’équipe en face, le bougre était sacrément clutch, et avait pour habitude d’encore mieux jouer lors des fins de matchs serrées. Bref, vous l’avez compris, Brandon Roy est l’archétype de l’attaquant parfait. Ses aptitudes à scorer lui permettent de dépasser la barre des 20 points de moyenne à deux reprises lors de sa carrière. Il fait également partie d’un cercle très fermé, celui des joueurs NBA que le grand Kobe Bryant a encensés.

« Brandon Roy (est le joueur que j’ai le plus de mal à défendre). Il n’a aucune faiblesse dans son jeu.« 

Kobe Bryant en 2010

Brandon Roy
Kobe Bryant et Brandon Roy, deux génies offensifs en action. Crédit : Jayce Oncea – USA TODAY.

Alors oui, dit comme ça, « seulement » 20 points de moyenne, ces statistiques ne font pas rêver outre mesure. Mais la légende de Brandon Roy ne s’est pas écrite et n’a pas été perpétrée grâce à ses lignes de stats. Le bonhomme était plutôt du genre à offrir des moments légendaires, qui restent gravés dans la mémoire des fans à vie.

Le premier de ces moments mémorables est survenu le 6 novembre 2009. Les Blazers reçoivent les Rockets de Tracy McGrady et Yao Ming. Alors qu’il réalise une fin de match plus que compliquée, c’est à Brandon Roy que reviennent les derniers ballons décisifs lors de la prolongation. À deux secondes du terme, il inscrit un énorme shoot en déposant Metta World Peace pour donner deux points d’avance aux siens. Sur la remise en jeu, Houston repasse devant sur un and one énorme de Yao Ming. Il ne reste qu’une petite seconde, la balle est pour Portland, et tout le monde sait qui va prendre ce tir.

Alors que la remise en jeu est sur le point d’être faite, B-Roy sprinte vers le passeur. Lorsqu’il reçoit la gonfle, il se trouve à 10 mètres du panier et est quasiment dos à celui-ci. Il se retourne à la vitesse de la lumière et envoie le ballon en l’air juste avant que le buzzer ne retentisse. La balle vole très haut, trop haut presque et transperce le filet, ficelle ! Les Blazers l’emportent de deux points dans une salle en ébullition. Une action qui fait forcément penser au buzzer-beater inscrit par Damian Lillard, face aux mêmes Rockets en 2014.

Ensuite, impossible d’évoquer la carrière de Brandon Roy sans parler d’un soir d’avril 2011. Pour tout remettre dans son contexte, les Blazers affrontent les futurs champions NBA au premier tour, en la personne des Mavericks de Dirk Nowitzki et sa bande de vétérans. Alors qu’il est déjà largement diminué physiquement, l’arrière de Portland tente tant bien que mal de peser sur la série. Malheureusement, il n’est plus le même joueur qu’avant, ses contributions sont faméliques mais son équipe parvient à arracher le match 3 pour recoller à 2-1 dans la série.

La victoire est obligatoire dans ce quatrième match à la maison pour garder des espoirs de qualification. Mais les espoirs des Orégonais sont rapidement refroidis. En effet, les Mavs mènent de 23 points à l’entame du dernier quart-temps. À ce moment-là, absolument tout le monde voit les Texans rentrer tranquillement à la maison avec une confortable avance de 3-1, mais un certain Brandon Roy va en décider autrement…

L’arrière de 27 ans prend le match à son compte et sort un money-time de folie. Avec 18 points et 4 passes décisives lors du dernier quart-temps, Roy porte son équipe sur ses larges épaules. En patron, il fait exploser tout le Rose Garden en égalisant à une minute de la fin, sur une immense action à 4 points passée à la postérité. Mais l’arrière ne s’arrête pas là et va même donner l’avantage à son équipe à 45 secondes du buzzer final après un gros tir réussi sur Shawn Marion. Ce tir s’avèrera être le tir de la gagne, le score reste inchangé, Brandon Roy l’a fait, les Blazers reviennent à égalité.

La fin de carrière tragique et la renaissance de Brandon Roy

Paradoxalement, ce match, qui est probablement le plus grand moments de la carrière de B-Roy, sera aussi son tout dernier fait d’armes sur les parquets NBA. Déjà touché physiquement depuis le tout début sa carrière, ses pépins physiques vont progressivement le pousser vers la sortie. Ce qui ne va pas pour autant entériner le moral du natif de Seattle.

Effectivement, les blessures le suivent depuis son arrivée en NBA. Au bout de seulement deux matchs disputés dans la Grande Ligue, une première blessure au talon gauche le garde écarté des terrains pendant 20 matchs. Après cette première saison déjà écourtée, Brandon Roy va se faire retirer du cartilage dans les genoux avant de démarrer son année de sophomore. Cette opération peut sembler anodine, mais quand cela a lieu si tôt dans une carrière, on ne peut rien envisager de bon.

Par la suite, les craintes sur son état de santé vont finir par se confirmer. À tel point qu’il manque des échéances importantes comme les play-offs 2010 où il ne dispute que 3 matchs à cause d’une contusion osseuse et d’une déchirure du ménisque au genou droit. Au milieu de la saison suivante, l’arrière subit une opération qui va pousser le staff de Portland à lui donner un rôle de remplaçant. C’est le début de la fin pour Brandon Roy.

Suite à son fameux match 4 face aux Mavericks, B-Roy et les siens vont perdre la série en 6 matchs et l’arrière de Portland va annoncer sa retraite pendant l’été qui suit. Laissant derrière lui un goût insupportable d’inachevé et d’incertitude quant au potentiel dont il disposait.

Brandon Roy
Les blessures ont eu raison du destin de Brandon Roy en NBA. Crédit : Jonathan Ferrey – Getty Images.

« C’est un jour vraiment difficile et douloureux. J’aime le basket, j’aime les Portland Trail Blazers et j’aime nos fans, mais après avoir discuté avec mes docteurs; nous en avons conclu que j’ai subi une blessure qui va mettre fin à ma carrière.« 

Brandon Roy au moment d’annoncer son premier départ à la retraite

Par amour du jeu, l’ancien de Portland va s’entraîner dur pour tenter de revenir. Et il va même y arriver en décrochant un contrat chez les Wolves du Minnesota en 2012, la franchise qui l’avait drafté il y a six ans de cela. Son passage au sein de la bande de loups menées par Kevin Love sera malheureusement de très courte durée. Après s’être blessé en pré-saison, l’arrière ne dispute que 5 petits matchs dans le Minnesota. Il va une nouvelle fois se faire opérer et va décider de définitivement mettre un terme à sa carrière de joueur NBA à l’issue de l’exercice 2012-13.

À la fin de sa carrière de joueur, les Blazers vont tenter de le faire revenir dans l’Oregon. Que ça soit en tant que supporter régulier, en lui offrant un poste d’exécutif ou tout ce dont Brandon Roy aurait eu besoin. Mais, au fil des années, avec le départ de la plupart de ses anciens coéquipiers, le décès du propriétaire Paul Allen, et les départs de Nate McMillan et Jay Jensen, l’ancien arrière ne trouve plus cette connexion qu’il avait avec la franchise.

Il fera quand même son retour au Moda Center en décembre 2023. En effet, il est venu, pour la première fois depuis 2012, assister à un match des Blazers en présentiel, recevant une standing ovation lors de son passage sur les écrans géants de la salle. Mais la première pierre de sa réunification avec la franchise est sa présence à la loterie de la Draft 2023 lors de laquelle il a représenté la franchise de l’Oregon. Il décrochera d’ailleurs le troisième choix (Scoot Henderson) à cette occasion.

Même si pendant près de dix ans, Brandon Roy est resté loin de la NBA et de ses projecteurs, il n’a pas quitté le monde du basketball. En effet, le triple All-Star est retourné à Seattle pour y coacher l’équipe du lycée de Nathan Hale en 2016. Dès sa première saison au coaching, Roy crée la sensation et son équipe termine la saison régulière avec un bilan parfait de 29 victoires pour aucune défaite. Il est logiquement élu Coach de l’Année à l’issue de cette saison en mars 2017, à seulement 32 ans. À noter également qu’il avait sous sa houlette un futur champion NBA, en la personne de Michael Porter Jr.

Brandon Roy
Brandon Roy et Michael Porter Jr. ont fait des dégâts à Nathan Hale. Crédit : The Oregonian.

Un petit mois après avoir reçu cette distinction, B-Roy va subir un terrible évènement. Le coach de Nathan Hale se fait tirer dessus à trois reprises alors qu’il se trouvait avec sa famille à Los Angeles. Heureusement pour lui, les balles se logent dans sa jambe droite et son fessier, sa vie n’est pas mise en danger. D’ailleurs, si quatre personnes se font tirer dessus ce jour-là, l’incident ne fait aucun mort. Les tireurs fuient immédiatement la scène et le motif de cette fusillade reste inconnu.

Brandon Roy est toujours resté plutôt discret par rapport à cet incident et n’a pas laissé celui-ci prendre le pas sur sa carrière d’entraîneur. Quelques mois après l’incident, il fait son retour sur un banc mais rejoint le lycée où il avait lui-même étudié : le lycée de Garfield. Désormais coach des Bulldogs, l’ancienne star de l’école, dont le numéro 4 a d’ailleurs été retiré, ne va perdre qu’un petit match lors de la saison régulière. Dans la foulée, il remporte son deuxième championnat d’état en autant d’années de coaching en 2018.

Sa carrière d’entraîneur est déjà couronnée de succès, et l’ancien de l’Oregon va alors prendre ne année de repos où il quitte le banc des Bulldogs. Son absence sera de courte durée puisqu’il fait son retour à l’aube de la saison 2019-20. Même si le COVID tente de gâcher la fête, il ne peut empêcher Brandon Roy de mener sa bande de jeunes pousses à un nouveau titre de champion d’état cette année-là, le troisième en trois ans de coaching pour la légende des Blazers.

Ce dernier va de nouveau faire une pause avant de revenir une nouvelle fois sur le banc de Garfield pour la saison 2022-23 et, comme à son habitude, il remporte une nouvelle fois le titre. Alors que les Bulldogs semblaient invincibles lorsqu’ils sont menés par Brandon Roy, le coach de 40 ans s’est vu infliger sa première défaite en play-offs, cette année. En effet, alors que Garfield se lançait dans un remake de la finale de l’année dernière face à O’Dea, les Bulldogs se sont inclinés en quart de finale du tournoi.

Après une carrière entachée et écourtée par les blessures, beaucoup se seraient découragés et auraient lâché l’affaire. Mais Brandon Roy, lui, a su chasser ses démons pour devenir un des meilleurs coachs du pays au niveau lycée. Avec quatre titres remportés en cinq ans de coaching, c’est clair qu’on peut parler de franche réussite. Désormais, il transmet ce qu’il a appris aux jeunes espoirs de sa ville natale à Seattle, mais aussi à son fils, Brandon Roy Jr., qui suit les traces de son père en jouant pour les Bulldogs…

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Nicolas Bulach

19 ans - Celtics/Spurs (Wemby oblige) - rédac'
Grand fan de sport (foot et basket en particulier) et étudiant dans le management sportif. Je suis tombé dans le basket en regardant les vidéos de CodJordan23 sur 2K15 et de The Ball Never Lies. Admirateur des anciens comme Rodman, KG ou encore Gary Payton. Et amoureux de Tatum depuis son arrivée dans la ligue.
Parfois je dis et retweete des conneries sur Twitter aussi (@_n_bc__).

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