Bernard King

Bernard King, le roi de New York

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Les New York Knicks, c’est une équipe qui a l’une des plus grandes histoires de la Ligue. Pas seulement car c’est l’équipe affilié de la Grande Pomme, que c’est une des premières équipes de l’histoire de la NBA, ou bien que c’est l’une des franchises les plus suivies de la Ligue, mais aussi pour ses joueurs. New York n’a beau ne pas avoir énormément de titres, elle a accueilli dans ses rangs des légendes. Willis Reed, Walt Fazier, bien évidemment Patrick Ewing, ou bien plus récemment Carmelo Anthony : réussir à New York, c’est se faire un nom dans le Ligue, et forger sa légende pour toujours.

Mais il y a un joueur qu’on oublie régulièrement, et qui pourtant fait partie des légendes incontestés des Knicks. Un joueur qui n’a disputé que 5 saisons à New York, entre 1982 et 1987, mais qui aura marqué de son emprunte les fans de basket, à New York comme dans l’ensemble de la Ligue. C’est pourquoi je vais vous parler du premier King, Monsieur Bernard King.

Avant la NBA

Bernard King est un gamin de Brooklyn. Il est né le 4 décembre 1956 dans le quartier de New York, connu pour sa pauvreté comme sa culture basket. Il nait au sein d’une famille très croyante, qui l’interdit d’aller faire du basket. Mais son amour du sport à la balle orange est plus forte, et il outrepassait assez régulièrement cette règle. Cela lui vaut d’ailleurs d’être frappé par sa mère en punition.

Sauf que King n’est pas du genre à abandonner sa passion. Il sait qu’il veut faire du basket, et plus que ça : il veut en vivre. Il intègre ainsi l’équipe de son lycée, à Fort Hamilton, où il est sans conteste leur leader de son équipe et l’un des meilleurs joueurs de high school. Ses performances lui permettent d’être recruté par la mythique université de Tennessee, et l’université ne le regrettera pas. 3 ans, de 1974 à 1977, où Bernard King tourne en moyenne… à 25,8 points et 13,2 rebonds de moyenne, à 59% aux shoots . Pas une seule saison en-dessous des 25 points de moyenne !

King est un phénomène au scoring, et cela lui permet de décrocher quelques records de sa Fac, comme la meilleure moyenne de points pendant une saison, qui est pourtant une fac assez renommé. Ce record tient depuis 1975 ! Entre des qualités athlétiques d’exception, un beau layup et un petit shoot à mi-distance pas mauvais du tout, c’est un ovni dans le Tennessee. Et ainsi, la NBA va lui ouvrir ses portes.

Les premières saisons aux New Jersey Nets

Vient la draft 1977. Il s’agit d’une draft qui voit 4 nouvelles équipes arriver de l’ancienne ABA à la NBA. Et une de ces équipes va faire le choix de sélectionner King. Avec le 7ème choix, les New York Nets choisissent Bernard King. Hasard ou non, l’enfant de Brooklyn revient au bercail… Enfin, pas vraiment. Car avec leur arrivée dans la NBA, les Nets ont été forcés à quitter la ville de New York, et précisément Long Island, pour aller jouer dans le New Jersey. Une des conséquences qui est lié à cela est que Julius Erving, triple MVP en titre de la ABA, a dû partir des Nets. Imaginez, on aurait eu un duo Julius Erving/Bernard King… Ca aurait pu être quelque chose, mais ça restera un éternel what if.

Enfin bref, il reste que Bernard King débarque dans le New Jersey. Et dès sa saison rookie, Bernard King fait du Bernard King. 24,2 points et 9.5 rebonds de moyenne, à 48% aux shoots, voilà circulez y a rien à voir. « B » est dominant dès son arrivée dans la Grande Ligue, mais cela est insuffisant pour gagner le ROY, qui est remporté cette année là par Walter Davis, l’ailier All-Star des Suns. Mais quel début plein de promesses.

L’extrasportif, le gros point noir

Le problème ne va pas se situer sur le terrain, mais bien en dehors. Bernard King a de sérieux problèmes d’addition, aux drogues et à l’alcool. Et cela va impacter très tôt sa carrière. Malgré une nouvelle excellente saison à 21,6 points et 8,2 rebonds, et cette fois en plus à plus de 50% aux shoots, les problèmes extrasportifs de l’ailier poussent les Nets à s’en séparer, après pourtant deux très belles saisons. Le voilà qu’il atterrit dans l’Utah en 1979, pour former un trio ultra excitant avec la légende Adrian Dantley et monsieur Pistol Pete, Pete Maravich.

Le trio est excitant, et pourtant il ne va pas durer longtemps. 19 matchs exactement. Pourquoi ? Parce que Bernard King va être accusé d’agression sexuelle… à 5 reprises ! Ce qui mettra fin assez rapidement à sa carrière dans l’Utah, alors que dans le même temps Pete Maravich est coupé par le Jazz pour signer à Boston, et où Adrian Dantley va définitivement explorer et devenir la légende qui est encore aujourd’hui le meilleur scoreur de la franchise.

Enfin bref, prochaine étape pour Bernard King après un trade : la Bay Area. 4ème saison NBA, et déjà 3ème équipe pour celui qui n’était pas encore le roi, mais plutôt le bouffon. Les choses s’améliorent pour lui : il joue quasiment tous les matchs de la saison régulière, pour des statistiques de 21,9 points, 6,8 rebonds et 3,5 assists. Et cela avec un pourcentage de 59% aux shoots ! A 24 ans, le voilà border All-Star, avec notamment une performance qui restera dans les mémoires : 50 points à 20 sur 25 aux shoots contre les Sixers de Julius Erving. Les Warriors échouent aux portes des Playoffs, mais avec King, World B. Free et le rookie Joe Barry Carroll, ont-ils enfin trouvé leur Big Three ?

Bernard King sous les maillot des Warriors, lors d’un match à Boston

La saison suivante, 1981-1982, est dans la continuité pour B King. Il fera encore mieux que la saison précédente, en tournant en 23,2 points, 5,9 rebonds et 3,6 assists, avec toujours un pourcentage élevé à 57% aux shoots. Une saison qui lui permettra d’ailleurs d’être sélectionné au All-Star Game pour la première fois de sa carrière, ainsi que dans la All-NBA Second Team. A Golden State, King est en train de vraiment s’épanouir, et s’est affirmé comme un leader offensif. Diablement efficace, difficilement inarrêtable, Bernard King est en train de devenir ce guy. Bernard King va être HIM.

Les Knicks, la révélation d’un grand joueur

Et une équipe avait un oeil sur ce dernier : les New York Knicks. Ces derniers vont trader pour King, en envoyant à l’inverse Michael Ray Richardson et un 5ème tour de draft, puisqu’à l’époque il y avait beaucoup de tours de draft. Ca y est, cette fois, Bernard King est bien de retour à la maison, dans son New York. Et quel plus beau endroit pour un new-yorkais que de jouer au Madison Square Garden, la Mecque du basket ?

La première saison à New York est un peu en deça de ce qu’on avait vu de lui l’année précédente. La saison est quand même décente : environ 22 points, 5 rebonds et 3 assists de moyenne avec un très décent 52% aux shoots. Dont deux performances particulièrement mémorables : un match à Detroit à 43 points avec 17 sur 19 aux shoots ; et un autre à 33 points, en mars 1983, contre Philadelphie, en tournant à 16 sur 18 aux shoots. Bernard King reste dans son registre : mi-distance et layups. Il ne s’écarte pas en dehors de la raquette et shooter à 3 points, mais bon sang quel talent.
New York, avec King et le jeune pivot Bill Cartwright, ainsi que le vétéran Paul Westphal, le tout coaché par Hubie Brown, que l’on connait aujourd’hui comme une légende aux commentaires, vont aller jusqu’en demis de conférence, mais seront beaucoup trop courts face à de dominants 76ers, en route vers le titre.

Bernard King sous le maillot des Knicks

En fait, le vrai show Bernard King commence en 1983-1984. A partir de là, va commencer le spectacle. Pendant la première partie de saison, d’octobre à décembre 1983, on a un Bernard King qui est dans la série de sa saison précédente, toujours aussi fort mais pas impressionnant. Il n’est pas un All-Star. Par contre, de janvier à mai 1984, cela va être quelque chose de très très fort.
Le Bernard King de la seconde partie de saison va tourner en 30 points de moyenne. A 60% aux shoots. C’est 9 points de moyenne de plus qu’en 1983 ! Mais surtout, ce sont des performances absolument mémorables. Celle qui a le plus marqué est ce back to back dans le Texas, à San Antonio le 31 janvier, puis Dallas le 1er février, où Bernard King va tout simplement inscrire 50 points. À chaque fois. Une performance historique qui le fait rentrer dans la catégorie des joueurs ayant inscrits 50 points en back to back, performance réalisée à ce moment par seulement Rick Barry, Wilt Chamberlain et Elgin Baylor. Rien que ça. Cette performance absolument unique se nomme le « Texas Massacre ».

Bernard King finira la saison en 26,3 points de moyenne, accompagné de 5 rebonds et 2 assists. Les pourcentages aux shoots sont de 57%, c’est à dire environ 10 shoots mis pour 18 tentés. Il est bien sûr All-Star. Et puis, les Knicks vont aller jusqu’en demis de conférence, et poser énormément de problèmes aux futurs champions, les Boston Celtics et son Big Three, qui ne s’en sortira qu’au Game 7. Le plus proche que King sera du titre, mais à ce moment, personne ne le sait.
King sera dans la lignée de sa fin de saison dans cette série, en tournant en 29 points par match, et deux matchs à plus de 40 points. Encore mieux : au tour précédent, Bernard King a souillé les Pistons du très jeune Isiah Thomas, en tournant… en 42,6 points et 8 rebonds de moyenne, à 60% aux shoots. Yep yep yep.

Mais le pire, c’est que personne n’était prêt pour sa saison 1984-1985, peut-être l’une des plus impressionnantes par un joueur des Knicks dans l’histoire.

La saison 1984-1985, un chef-d’œuvre

On le sait, on l’a dit, les Knicks ont une grande histoire. Mais ce que va faire Bernard King cette saison se passe de tout commentaire. Faisons assez simple.

Bernard King a 28 ans durant cette saison. Bernard King va marquer 13 fois plus de 40 points durant cette saison. 3 fois plus de 50 points. Résultat ? Une saison en moyenne à :

  • 32,9 points
  • 5.8 rebonds
  • 3.7 assists
  • 1.3 interception
  • 53% aux shoots

Quoi d’autre en fait ?

Mais le moment le plus mémorable va se dérouler à Noël 1984, dans le classique de New York entre les Knicks et les Nets. Le MSG est bondé, et Bernard King va tout simplement faire un show qu’on aura jamais vu. Bernard King va signer son record en carrière à Noël : 60 points. Merry FUCKING Christmas.
Aujourd’hui encore, il s’agit du record de points marqué par un joueur lors des Christmas Games. Oui, ce record tient depuis 40 ans et ce jour où un ailier new-yorkais aura pris feu face à son ancienne équipe.

Le problème avec ces Knicks, c’est que King était beaucoup trop seul pour espérer quelque chose. La saison va être horrible à vivre, puisqu’il est juste tout seul en fait. Bill Cartwright est out pour la saison et le supporting cast est terrible. Donc malgré cette incroyable saison, il n’y a pas de Playoffs pour Bernard King. Ce qui va être le début des soucis.

Une fin de carrière à la hauteur du joueur

Ce qui se passe à la fin de la saison 1984-1985 est une terrible blessure pour King. Alors qu’il est en route pour continuer sa saison extraordinaire après 55 matchs, il tente un contre et se blesse très gravement en retombant. Résultat : rupture des ligaments croisés du genou, et out pour toute la saison 1985-1986, ainsi qu’une très grande partie de la saison 1986-1987. Il ne rejouera qu’en avril 1987, c’est-à-dire 2 ans après sa blessure, pour 6 petits matchs. 3 derniers matchs prometteurs où on revoit un peu du Bernard King que l’on connait.

A l’intersaison 1987, Bernard King décide de changer d’air et signe chez les Washington Bullets. Un des gros points noirs de cette histoire, c’est que nous n’aurons jamais eu l’occasion de voir jouer ensemble Bernard King et Patrick Ewing, deux joueurs qui auraient pu, si tout s’était bien passé, faire de New York une des équipes les plus flippantes de la Ligue.

Mais B King a décidé de changer d’air, et rejoint the Chairman of the Boards, Moses Malone. Cette équipe a le potentiel de faire de très belles choses malgré l’âge avancée des deux stars, plus de 30 ans chacune. Sauf qu’en fait, le Bernard King que l’on connaissait n’était plus le même. Il n’était plus ce joueur explosif, il est même relégué sur le banc plusieurs fois dans la saison.
Mais s’il y a bien quelque chose que l’on apprend avec Bernard King, c’est que ce joueur, ce Roi, cet ailier spectaculaire, n’abandonne jamais. Et il revient progressivement au niveau, redevient titulaire, forme un duo en compagnie du guard Jeff Malone, jusqu’à cette saison 1990-1991.

Bernard King avec les Bullets (à droite) face à James Worthy des Lakers (à gauche)
Bernard King avec les Bullets, face à James Worthy des Lakers

Cette saison est le retour du roi, poke le Seigneur des Anneaux. Son jeu s’est diversifié, il s’écarte de plus en plus à trois points, mais les statistiques sont là : en 65 matchs, Bernard King tournera en 28,4 points de moyenne. A 34 ans, c’est un record à ce moment. Deux matchs à plus de 50 points pour ce talent incroyable, et surtout un perle au Madison Square Garden, lieu de ses exploits, exactement 7 ans jour pour jour après le Texas Massacre : 49 points. Un moment unique, symbolique, et tellement représentatif de ce joueur.

Malheureusement, comme très souvent dans la carrière de cet incroyable joueur, il est trop seul, le faisant coller sur lui une étiquette de soliste, jamais présent au bon moment. Une nouvelle blessure aux ligaments mettra fin à ce cycle rédempteur, et il finira sa carrière aux Nets, comme pour parfaitement refermer la boucle. A 36 ans, Bernard King, ce gamin de Brooklyn, quitte la Grande Ligue après avoir ébloui la Ligue de son talent.

De multiples récompenses

Aujourd’hui, on a souvent tendance à oublier Bernard King parmi les grands joueurs des Knicks. Et pourtant, son maillot est retiré en haut du Garden, et c’est un Hall of Famer depuis 2013. 4 fois All-NBA, 4 fois All-Star, et une fois meilleur scoreur de la Ligue, lors de cette fameuse saison 1984-1985.

En fait, il n’y a qu’un seul et unique joueur comme ça, capable d’être aussi impressionnant et efficace. Un sens du placement incroyable, un drive unique, un shoot à mi-distance diabolique, même avec contact, un capacité à provoquer les fautes… Bernard King avait tout. Il ne lui manquera qu’une chose dans sa carrière, et c’est le succès final, c’est la bague.

Bernard King est un joueur extraordinaire, un talent brut, qui aura fait rêver New York et le Madison Square Garden. Dans l’histoire, il n’y a qu’un Bernard King, et il n’en aura qu’un. Parce que Bernard King était juste inarrêtable.

Kévin Laurent - The Green Cigar

Ma franchise a plus de titres que les Lakers.
Je te déteste toujours LeBron.

Tient également le compte @TheGreenCigar sur Twitter.
Rédac | Podcaster | Spécialiste du basket FR sur Le Roster

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