Les Belgian Cats rayonnent à l'international. Crédit : Basketball Belgium.

Belgian Cats : quand le basket féminin inspire toute la Belgique

Depuis plusieurs années, les Belgian Cats dominent le basket, qu’il soit en Europe ou Outre-Atlantique. Les Belges se sont imposées comme la référence dans le basket féminin.

Depuis plusieurs années, les Belgian Cats s’imposent comme un incontournable du basket féminin. Avec plusieurs victoires à l’EuroBasket, agrémentées de performances en Coupe du Monde, les Belges ont durablement marqué la scène européenne, installant la Belgique parmi les grandes nations du basket. Actuellement lauréates des deux derniers championnats d’Europe, elles peuvent se targuer d’être la troisième sélection de l’histoire, après l’Union soviétique et l’Espagne, à avoir réalisé un « back-to-back ».

Dans cette équipe éminemment talentueuse, plusieurs joueuses se distinguent ; parmi elles, certaines sont des figures de l’EuroLeague et de la WNBA. À l’instar de Julie Allemand, Julie Vanloo, Kyara Linskens, sans oublier Emma Meesseman, toutes occupent un rôle reconnu dans la grande ligue américaine.

Concernant l’ancrage européen, il est aussi impressionnant. Beaucoup évoluent dans la ligue espagnole, réputée pour être la plus relevée en Europe. Pour les autres, elles dominent les compétitions européennes et raflent les titres. C’est le cas pour Julie Allemand, qui forme un « Big Three » avec sa compatriote Emma Meesseman et la Française Gabby Williams au Fenerbahçe. En termes de moisson, c’est Emma Meesseman qui décroche le gros lot. Son palmarès parle pour elle : première athlète à remporter deux fois le titre de MVP de l’EuroBasket, MVP des finales WNBA en 2019, MVP de l’EuroLeague et quadruple championne d’Europe.

Emma Meesseman, capitaine des Belgian Cats, est une véritable icône du sport Belge. Crédit : FIBA

Un engouement faramineux autour des Belgian Cats

Ces résultats ne se limitent pas au simple palmarès : ils créent un véritable élan autour du basket féminin, faisant de cette discipline l’une des plus en vogue du pays.

Il y a un vrai engouement autour des Cats : entre 2017 et le 30 juin 2024, on observe une augmentation de 30 % du nombre de basketteuses en Belgique. On compte aujourd’hui près de 36 000 joueuses affiliées au basket féminin. Donc oui, l’effet est réel , nous explique Pierre Lambert, spécialiste du basket féminin.

Un effet déjà bien connu dans le pays de la bande dessinée : « Quand Justine Henin a commencé à gagner Roland-Garros, le tennis a vite eu le vent en poupe… En Belgique, on s’enthousiasme rapidement pour un sportif qui crève l’écran. »

Alors, évidemment, quand des sportives rayonnent à l’international, les jeunes s’identifient et se mettent à rêver. « L’équipe est très chaleureuse avec les fans, et ça attire énormément de monde. Ça crée une vraie image de marque. Pour la première fois, on voit la télévision nationale diffuser des clips pour annoncer les matchs. Ce sont des choses qu’on voyait en Turquie ou dans d’autres grands pays de sport. Et cet engouement a un impact réel sur le recrutement des jeunes filles vers le basket », confie Benny Mertens, ancien sélectionneur de l’équipe nationale.

Mais cet impact ne se limite pas aux nouvelles générations : les anciens sont aussi fascinés et séduits par les Cats. « Ce qui est nouveau pour nous, c’est de voir un public qui ne connaît même pas forcément le basket venir soutenir les Belges. Le marketing est aussi très bien calibré. Pour un petit pays comme le nôtre, c’est très impressionnant. Il y a une passion pour l’équipe belge, elles reviennent des États-Unis. Les salles sont toutes pleines, on a 14 000 spectateurs. »

Une formation nationale

Une des principales causes de cette réussite réside dans la formation. Bien que la Top Division Women 1, championnat local, ne soit pas le plus ardu du continent, il n’en demeure pas moins formateur. Cela peut aussi s’avérer un véritable avantage : les pratiquantes restent plus longtemps dans leur club avant de faire le grand saut et quitter le nid. Et, cerise sur le gâteau, elles ont du temps de jeu. « Les filles ont un vrai championnat de formation. Donc chez nous, les filles arrivent jeunes, on leur propose un vrai projet derrière et puis souvent elles partent dans les beaucoup plus gros clubs à l’étranger », souligne Pierre Lambert.

Des propos qui sont confirmés par l’ancien coach des Cats : « Les joueuses, comme les budgets ne sont pas très élevés, vont toujours jouer et avoir la chance de jouer. Les U18 ou U20 jouent beaucoup en professionnelles. Notre compétition est d’un autre niveau, on n’a pas le niveau de la France mais on n’a pas le budget. Quand les budgets changent, on prend des étrangères. En Belgique, on garde nos joueuses locales. »

La stabilité du modèle constitue un autre atout majeur. Les coachs restent très longtemps en poste, contrairement à certaines ligues où les entraîneurs sont baladés d’équipes en équipes aux moindres faux pas. Ici, certains sont à la tête de la même équipe durant 20 ou 25 ans. L’essentiel est d’assurer une vraie continuité.

«Les instances ont réalisé qu’elles allaient avoir deux belles générations successives»

Néanmoins, cet essor ne peut durer éternellement. Il y a 10 ans, les Cats ne figuraient jamais parmi les nations favorites. C’est seulement depuis l’Eurobasket 2017, en Tchéquie, qu’elles se sont révélées, avec une excellente médaille de bronze, complétant le podium derrière la France et l’Espagne. À dater de ce tournoi, elles ont tout bonnement remporté deux Euros.

Comme au football, avec les fameux « Diables Rouges » d’Eden Hazard, cette génération ne durera pas ad vitam aeternam. Emmenée notamment par Emma Meesseman, Julie Vanloo et Julie Allemand, ces Cats sont, pour la majorité, nées au milieu des années 1990. Leur âge d’or est derrière elles. Et cette question de relève, la fédération l’a bien comprise : « Les instances ont réalisé qu’elles allaient avoir deux belles générations successives, alors elles ont décidé de mettre un peu d’argent. Et ça a porté ses fruits », sourit Pierre Lambert.

Les Belges sont tous derrière leur équipe nationale. Crédit : La Voix Du Nord

Cependant, l’après demeure une interrogation. Pour un petit pays de quelque 11 millions d’habitants, espérer un renouvellement éternel des talents tient presque du miracle. « On ne peut pas espérer avoir tous les deux ans une génération qui brille au niveau européen. Après la génération actuelle, il y aura une phase de transition », prédit Benny Mertens. « Il faut espérer qu’on continue à former des talents, mais ça prendra du temps. C’est le vrai risque. »

Le chat bat le lion

Actuellement dans le groupe D de l’EuroBasket, les Lions sont loin de figurer parmi les favoris. Voire pis : remporter ne serait-ce que deux victoires relèverait de l’exploit. Pour cause, un investissement sporadique. « C’est ça, la grande différence : chez les hommes, en dehors des clubs pros, l’investissement est moindre. Trois, parfois quatre entraînements par semaine, mais sans réelle progression », analyse Benny Mertens.

« Quand j’étais coach de l’équipe nationale féminine, on nous a même retiré un budget destiné à la série B masculine pour le transférer au basket féminin, parce qu’on était mieux organisés et plus ambitieux ». Résultat : les Lions peinent à aligner des performances solides à l’international, là où les Cats brillent depuis plusieurs années. Ces dernières bénéficient d’un investissement plus important, qu’il soit financier ou humain. « Le travail effectué dans le basket féminin est remarquable, même dans des équipes non professionnelles. Beaucoup s’entraînent six fois par semaine, parfois avec des budgets quasi inexistants. »

Toutefois, récemment, la Belgique s’est confortablement installée en NBA, notamment grâce à ses deux prodiges : Ajay Mitchell et Toumani Camara. L’un est champion en titre avec les Thunder d’Oklahoma. Quant à l’autre, il a été sélectionné en second All-Defensive Team. Rien que ça. Même dans un système où l’investissement reste sporadique, ces deux talents montrent que le royaume peut produire des joueurs capables de briller à l’international. Ayant tous deux un potentiel monstre, ils pourraient bien transformer l’image des Lions et donner confiance à un pays entier.