Après une énorme désillusion lors des derniers Playoffs, les Suns sont attendus au tournant en cette fin de saison. Au terme d’une saison mouvementée, marquée par des blessures ainsi que le trade de Kevin Durant, Phoenix conclut la saison régulière au 4e rang de l’Ouest.
Une régulière pas de tout repos
Il est tout d’abord nécessaire de faire un bref récapitulatif de cette saison régulière, d’autant plus qu’il y a de quoi dire. A l’aube de cette 77eme saison NBA, Phoenix arrive rempli de doutes. Une humiliation historique en Game 7 contre les Mavericks, après une régulière historique (64 victoires, record de franchise). Durant l’été, Ayton a prolongé pour 133 millions sur 4 ans, mais des rumeurs laissent entrevoir un conflit avec Monty Williams. Pour couronner le tout, le numéro 1 de la draft 2018 déclare qu’il n’a pas discuter avec son coach de l’été. Pour autant, la saison démarre bien avec une victoire contre ces mêmes Mavs, ponctuée par un game winner du neo-Suns, Damion Lee. Après 23 matchs, Phoenix est même leader de la conférence Ouest. La saison régulière semblait se diriger sur les bases de la précédente. Mais très vite, le calme sera troublé, en partie à cause des blessures. 28 matchs manqués par Devin Booker (pour un bilan de 11-17), 39 pour Cameron Johnson, ou encore 22 pour Chris Paul. Petite stat évocatrice de cette saison jonchée par les blessures : c’est seulement le 3O mars que Phoenix s’est retrouvé avec son effectif au complet pour une rencontre. Minés par ces blessures, les Suns enchaînent 17 défaites en 22 matchs et se retrouvent 12èmes, hors du play-in provisoire, au 21 janvier. Mais c’est le 9 février que la saison et le futur des Suns prend une autre ampleur. Kevin Durant arrive avec TJ Warren dans l’Arizona contre Mikal Bridges, Cameron Johnson et 5 de nos picks. Trade déchirant sentimentalement mais porteur d’espoir pour la communauté Suns. Malgré l’absence de KD, blessé à son arrivée et 3 matchs après ses grands débuts, Phoenix, porté par un March Booker Mvpesque, remonte à la 4ème place. Une place gardée jusqu’à cette fin de saison.
Une équipe bâtie pour les Playoffs
La saison régulière c’est bien, mais c’est en Playoffs que les Suns sont attendus. Depuis l’arrivée de KD, l’objectif est clair et assumé, la bague et rien d’autre. Mais c’est objectif est-il atteignable dès cette année ? Je vais tenter de répondre à cette question.
Tout d’abord, quelles sont les forces des Phoenix Suns. La première chose qui saute aux yeux est l’attaque. La « Midrange Mafia » apparaît comme indéfendable au vu des joueurs qui la compose. Avoir comme seconde option Devin Booker, candidat MVP la saison passée et sur les mêmes bases cette saison, quel luxe. Pas besoin de décrire le joueur qu’est Kevin Durant. Il est, cette saison, en passe de devenir le deuxième joueur de l’histoire, après Larry Bird, à avoir deux saisons à 50% au tir – 40% à trois points – 90% aux lancers francs avec au moins 20 points.. En plus de ça, l’un des meilleurs gestionnaires de l’histoire, certes sur le déclin, et un numéro 1 de draft adepte de grosses rencontres accompagnent ces deux phénomènes. Les termes complémentarité, QI basket et efficacité correspondent bien pour décrire l’attaque des Suns. Expliquer son fonctionnement et ces avantages nécessiterait un article entier. Mais loin d’être juste une menace offensive, Phoenix est également l’une des meilleures forteresses de la ligue. Cela fait 3 ans que Phoenix est parmi les 7 meilleurs défenses de la ligue. Même si le départ de Mikal Bridges, 2ème au classement du DPOY l’année passée, pourrait envisager une chute dans ce classement, cela n’est pas tant que ça le cas. Depuis son départ (soit 28 matchs), Phoenix reste le 7ème meilleur défensive rating de la ligue. Cela s’explique par le fait que la défense des Suns est avant tout collective. En plus de ce collectif bien rodé, il y a quand même de très bons défenseurs dans l’effectif. Josh Okogie a remplacé Mikal dans le 5 et l’écart est relativement moindre. Josh est un véritable pitbull, qui ne va pas lâcher le meilleur joueur adversaire de la soirée. En plus de cela, Craig, Ayton, Durant, Wainright et même de plus en plus Devin Booker, sont capables de poser de sacrés soucis aux attaquants adverses. Pour résumer, Phoenix est une formidable attaque tout en étant une bonne défense.
Mais ce qui fait la véritable force de cet effectif, pour moi, c’est sa complémentarité. Complémentarité entre les différentes options. Booker complète Kevin Durant, qui complète Ayton, qui complète Paul, et inversement. Les Suns sont capables de punir dans chaque zone de terrain. Dans la raquette, Ayton, par son toucher et son footwork, reste une menace. En plus de cela, Booker et KD sont d’excellents attaquants de cercle. A mi-distance, aucune équipe n’arrive ce serait qu’à la cheville des Suns. KD est le meilleur shooteur à ce spot de la ligue, Booker et Chris Paul sont très haut dans le top 10, voire 5, tandis qu’Ayton est l’un des meilleurs intérieurs dans ce domaine. Sans oublier que sur le banc, TJ Warren et Terrence Ross sont capables d’enchaîner les mi-distance. Dans le top 11 des joueurs mettant le plus de tirs à mi-distance par matchs, Phoenix en possède 3 : Kevin Durant (2e), Devin Booker (4e) et Chris Paul (11e). Autre stat assez parlante de cette suprématie Suns dans cette zone : Parmi les joueurs ayant tenté au moins 218 tirs à mi-distance (21 joueurs), 3 Suns composent le top 4 des plus efficaces. Avec 56%, KD surpasse la concurrence, Booker se classant deuxième avec 49,4%. Chris Paul est lui 4eme, derrière Kawhi (49,2%), avec 47,7% de tirs primés. Cette puissance dans la raquette et à mi-distance permet de resserrer les défenses et d’ouvrir des espaces à 3 points. C’est donc pour cela, et en plus car de bons shooteurs se trouvent dans l’effectif, que Phoenix est la meilleure équipe de la ligue dans les corners à 3 points avec 42% de réussite sur la saison. Ces statistiques proviennent des statistiques officielles de la NBA.
Maintenant, qu’attendre pour les Playoffs ? Et bien, le plus haut possible. Le moove pour Kd montre clairement l’ambition du nouveau propriétaire Mat Ishbia : jouer le titre tous les ans jusqu’à 2026 (fin du contrat de Kevin Durant). L’objectif de cette saison est donc la bague, quand bien même Durant n’aura pas dépassé la barre des 10 matchs avec nous cette saison. Nous sommes toujours invaincus (8-0) avec le Snake, ce qui montre une acclimatation plutôt efficace. Toutefois, le niveau des opposants n’était pas le top de la ligue, il faut l’avouer. Seuls les matchs contre le Thunder et les Mavs ont accouché d’une rencontre digne de ce nom. Mais pour autant, Phoenix fait peur. C’est officieux de la part des franchises, qui semblent tout de même faire leur possible pour ne pas nous affronter lors de ce premier tour, préférant même jouer les équipes nous devançant au classement. C’est officiel de la part des fans, qui, régulièrement avouent préférer rencontrer nos rivaux, plutôt que nous. Phoenix a en plus le loisir de choisir son adversaire pour le premier tour, entre les Clippers et les Warriors. Pour autant, nous devrions affronter les Clippers, puisque nous les jouons ce soir avec un effectif plus que remanié (Paul, Booker, KD, Ayton, Payne, et potentiellement Biyombo seront asbents). en cas de défaite, La bande de Kawhi sera nos adversaires au premier tour. Adversaire plutôt accessible au vu de la match-up notamment favorable pour Ayton, mais aussi, malheureusement, à la blessure de Paul George, qui manquera au minima une partie de la série. Au second tour, nous rencontrerions probablement les Denver Nuggets. Bien que leaders incontestés de l’Ouest, les Nuggets n’effraient pas autant que cela ne devrait être le cas. Denver a réalisé une superbe saison régulière, à l’image de son double MVP, Jokic. Leur jeu offensif est d’une fluidité extrême. Avec 117, c’est le troisième offensive rating de la ligue, ce qui veut tout dire. Pour autant, leur défense ne fait pas rêver. Jokic et Porter JR. sont des cibles, et au vu de nos armes, je nous pense capable de les sanctionner. Pour ce qui est d’une potentielle finale de conférence, qui devrait nous opposer aux Kings, aux Grizzlies ou aux Warriors, les choses dépendent tellement d’aspects inconnus pour le moment. Qu’en sera-t-il des blessures, des formes des équipes ou que sais-je. Concernant l’Est, Bucks et Celtics me paraissent logiquement au-dessus du reste. Il est, là aussi, trop tôt pour se prononcer, mais il est fort probable que nous ne soyons pas les favoris d’une éventuelle finale NBA.
Même si l’énorme désillusion des derniers Playoffs est encore logiquement présente, les choses sont bien différentes. L’effectif n’est plus du tout le même, désormais plus que jamais construit pour la victoire finale. Kevin Durant ramène avec lui son expérience phénoménale des Playoffs. Il peut même devenir le seul joueur, avec Michael Jordan, à tourner à 25 points par match pour ses 10 premières campagnes de Playoffs, selon Statmuse. Devin Booker a passé un cap cette saison, notamment au playmaking, et le peu qu’on a vu avec KD est tellement prometteur. Phoenix peut légitimement revendiquer jouer le titre, et un échec pourrait être considéré comme un échec. Pour ma part, l’échec serait de ne pas se qualifier pour les Finales NBA (sauf blessures majeures). L’espoir est donc présent, et une éventuelle désillusion serait encore pire que la précédente.
Malo Soquet