Il est de ces expressions qui viennent répondre à des situations où la première impression peut être trompeuse. “L’argent ne fait pas le bonheur” est l’une d’elle. Malgré la répétition de cette négation, dans l’analyse que nous faisons d’une chose où l’aspect pécunier à une certaine importance, il va de soi que le plus riche a plus de chances d’arriver à ses fins. La NBA n’échappe pas à la règle tant l’argent et la gestion qui en résulte ont une importance prépondérante. Retrouve-t-on toujours l’équipe qui met le plus d’argent sur la table au bout ? Faut-il dépenser plus d’argent que les autres pour gagner ? Autrement dit, l’argent est-il un gage de réussite dans la Grande Ligue ?
Cet article a été écrit par HadrienP.
J’ai compilé les chiffres depuis la saison 1999-2000 jusqu’à 2023-2024 pour tenter d’apporter des réponses à ces questions. Mais d’abord, quelques précisions sur le fonctionnement de la NBA. Tous les ans, la direction de la ligue donne le montant de ce qu’on appelle le “salary cap” (plafond salarial en français). Il s’agit du montant maximum que pourront dépenser les équipes pour payer les salaires de leurs joueurs.
Mais, car il y a toujours un “mais”, cette somme peut être dépassée selon certaines conditions qui varient d’année en année. De fait, une équipe qui veut se payer les services de stars aux salaires mirifiques peut le faire malgré les limitations. Nous sommes donc sur un “soft cap”, en opposition au “hard cap” qui est une limite indépassable. Pour illustration, sur les 25 dernières saisons de NBA, les équipes dépensent 122% du plafond salarial en moyenne.
Être champion, c’est dépenser beaucoup d’argent ?
Tout d’abord, et pour couper court, absolument toutes les équipes championnes NBA depuis la saison 1999-2000 dépensaient plus que leur plafond salarial, et ça ne changera pas en 2024 à moins qu’Orlando ou Utah soit champion… Mais qu’en est-il de leurs dépenses en comparaison avec les autres équipes ?
Enfonçons la porte ouverte, 19 des 24 champions précédents avaient une masse salariale supérieure à la moyenne. Certaines étaient tout juste au dessus, mais 8 équipes (soit un tiers) avaient des dépenses bien plus élevées, au-delà de 120% du montant moyen. Sur les 24 dernières saisons, le champion avait une masse salariale 10% plus élevée que la moyenne.
Avec ces données, on peut en arriver à se dire que mettre des billets verts sur la table aide à aller chercher un titre. Mais prenons le prisme dans l’autre sens. Qu’en est-il des équipes qui dépensent le plus ? Est-ce régulièrement payant ?
Dépenser plus d’argent que les autres pour aller plus loin ?
Si comme on vient de le voir, le champion dépense généralement plus que les autres, est-il forcément celui qui dépense le plus ? Et bien finalement, assez rarement. Seulement 3 des champions des 25 dernières années étaient les plus gros dépensiers de la ligue. Dans l’ordre chronologique, nous trouvons les Lakers de Kobe Bryant et Pau Gasol en 2010, les Cavaliers de LeBron James et Kyrie Irving en 2016 et les Warriors de Stephen Curry, Klay Thompson et Draymond Green en 2022. Du coup, qui sont les plus gros dépensiers et ont-ils performés à la hauteur de leurs masses salariales ?
Pas du tout ! Nous voyons que 15 fois sur les 24 dernières saisons, l’équipe la plus dépensière ne dépasse pas le 1er tour de playoffs. Nous avons une pensée pour les Knicks entre 2004 et 2007 qui auront dépensé des sommes folles pour n’accrocher les playoffs qu’une seule fois (et se faire sortir au 1er tour).
Et alors ?
Finalement, nous nous rendons compte que si pour gagner, il faut payer, il faut le faire de manière plutôt intelligente. Il faut construire son équipe de manière cohérente, que les qualités des joueurs soient complémentaires et bien entendu, avoir la chance d’être épargné par les blessures. On ne monte pas une équipe avec des cacahuètes, mais a contrario, aligner les gros égos ou faire des paris sur des excellents joueurs mais qui se révèlent être fragiles peut se révéler être délétère et même mettre en péril le futur de la franchise à moyen terme.
Pour répondre au titre, l’argent permet d’accéder au bonheur quand il est dépensé à bon escient et que les dieux du sports épargnent votre équipe des pépins physiques, autrement, les grosses dépenses ne garantissent absolument pas les titres mais plus étonnant encore, elles ne garantissent pas la réussite d’une saison, même relative.