Al Horford célèbre son titre.
Cette année, Al Horford a enfin réussi à remporter le titre. Crédits : Brian Babineau - Getty Images.

Al Horford, récit d’une carrière exemplaire

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Arrivé en NBA en 2007, Al Horford s’est démarqué comme l’un des meilleurs intérieurs de la décennie 2010. À la suite d’une carrière aussi longue qu’exemplaire, le pivot Dominicain est allé chercher sa bague cet été avec les Celtics de Boston, après quatorze échecs en play-offs. L’occasion parfaite pour revenir sur sa carrière exceptionnelle dans la Grande Ligue.

Premières années chez les Hawks : atterrissage réussi !

À l’aube de la Draft 2007, Al Horford vient de remporter deux titres NCAA consécutifs avec les Gators de Floride et fait donc partie des prospects les plus en vue. De leur côté, les Atlanta Hawks sortent d’une année de galère, lors de laquelle il ne remporte que 30 petits matchs. Une saison très mauvaise qui a tout de même le mérite de permettre aux Faucons d’obtenir le troisième choix de cette fameuse Draft, avec lequel ils choisiront Al Horford.

C’est comme cela que démarre une histoire d’amour longue de neuf saisons entre le pivot et la franchise géorgienne. Plutôt petit pour un poste 5 (2m06), Horford compense son déficit physique par une grosse activité et un QI basket phénoménal. Dès sa saison rookie, le Dominicain s’impose comme un coéquipier formidable, le joueur que tout coach rêve d’avoir, et devient rapidement le titulaire d’Atlanta sous le cercle. Son impact sur le jeu ne tarde pas à se faire ressentir, notamment car il mène son équipe aux rebonds. De plus, le natif de Puerto Plata va même se faire une place parmi les meilleurs rookies de la ligue en terminant deuxième à la course au ROY.

Suite à cet exercice 2007/08 convaincant, les Hawks retrouvent les playoffs et rencontrent, comme un symbole, les Boston Celtics au premier tour. Al Horford est alors directement plongé dans le grand bain, en étant le joueur le plus utilisé par Mike Woodson sur la série. Le moins que l’on puisse dire, c’est que le rookie va répondre présent, toutes ses moyennes statistiques augmentent et le jeune intérieur est le meilleur rebondeur de la série, devant le monstre Kevin Garnett.

Al Horford en défense sur Kevin Garnett
Al Horford a tenu tête à Kevin Garnett pour sa première série de playoffs. Crédits : Brian Babineau – Getty Images.

Dans son sillage, Atlanta emmène une équipe de Boston pourtant ultra favorite jusqu’à un match 7 décisif. Mais malheureusement, la marche va s’avérer trop haute pour les Géorgiens qui s’écroulent complètement sous la pression et n’inscrivent que 65 petits points. Les Faucons rentrent tout de même chez eux avec la tête haute, en passant tout proche de s’offrir le scalpe du futur champion bostonien au terme d’une série pleine de promesses.

Al Horford va continuer de progresser sur les saisons suivantes, en décrochant notamment deux sélections au All-Star Game ainsi qu’une All-NBA Third Team en 2011. Sur le plan collectif, les Hawks deviennent des habitués de la post-season, qu’ils atteignent tous les ans, mais cela, sans jamais aller plus loin que le second tour. En effet, construite autour d’un trio Joe Johnson – Josh Smith – Al Horford, l’équipe a besoin de changements pour enfin passer un cap en playoffs.

Les Hawks deviennent les « Spurs de l’Est »

À l’été 2012, le Front Office de la franchise géorgienne commence son renouveau. Joe Johnson est envoyé aux Nets en échange de cinq joueurs pendant que Kyle Korver débarque contre du cash. L’intersaison suivante, Atlanta sélectionne Dennis Schröder avec le 17ème choix de la Draft et fait signer Paul Millsap ainsi que DeMarre Carroll à la Free Agency. Si on ajoute à cela l’arrivée au coaching de Mike Budenholzer, disciple de Gregg Poppovich pendant de longues années, on obtient alors une des plus grandes équipes de l’histoire de la franchise.

Avec un style basé à 100% sur le jeu collectif, qui vaut à son équipe le surnom des « Spurs de l’Est », le nouvel entraîneur dispose du cinq de départ parfait. Effectivement, celui-ci ne présente pas vraiment de faiblesse avec Jeff Teague en tant que créateur à la mène, Kyle Korver qui artille de loin, DeMarre Carroll excellent dans un rôle de 3 and D et Paul Millsap en première option offensive qui met une pression constante à l’adversaire au poste. Pour compléter le cinq majeur, Al Horford s’occupe de quadriller la peinture en défense et est la pierre angulaire de ce collectif huilé, une mission qui lui va comme un gant.

Comme depuis le début de sa carrière, le pivot se met au service du collectif, et, après une première saison compliquée, la mayonnaise va prendre lors de l’exercice 2014/15. Atlanta va rapidement faire la course en tête dans une conférence Est plus ouverte que jamais, notamment grâce à un mois de janvier extraordinaire. Lors de celui-ci, les Faucons ne perdent pas le moindre match et au moment de l’attribution du trophée du joueur du mois, c’est l’entièreté du cinq majeur géorgien qui est plébiscitée et récompensée. Deux mois plus tard, ce sont quatre membres de l’effectif qui participent au All-Star Game dont, évidemment, Al Horford.

 

Malgré trois petites défaites qui viennent faire tache pour clore la saison régulière, les coéquipiers de Big Al enregistrent le meilleur bilan de l’histoire de la franchise : 60 victoires pour 22 défaites. Une fois les playoffs entamées, ils peinent à retrouver le rythme et pataugent face à des Nets pourtant bien inférieurs sur le papier. Les Hawks s’imposent tout de même en 6 matchs et vont donc affronter les Wizards pour une série qui peut sembler anodine, mais qui prendra vite une tournure mythique.

En effet, alors que la série est à égalité 1-1, Paul Pierce envoie un tir monumental au buzzer par-dessus trois joueurs des Hawks pour faire gagner le match. Impuissant, Al Horford regarde l’action depuis le banc et assiste à la défaite des siens, son coach ayant fait le choix questionnable de se passer de lui sur cette action. En bon coéquipier et leader, le poste 5 ne va pas faire de vagues et permettre à ses coéquipiers de rester concentrés. C’est d’ailleurs lui qui va les sortir d’un joli pétrin en marquant le panier décisif suite à un drive raté par Dennis Schröder dans les ultimes secondes d’un match 5 à haute tension.

Galvanisés suite à cette grosse victoire, les Faucons vont aller chercher le match 6 à Washington et atteindre les Finales de conférence pour la première fois depuis 45 ans. Malheureusement, ils vont tomber sur les Cavaliers d’un LeBron James déterminé à soigner son retour à Cleveland. Étrillés par le King, les Géorgiens rentrent à la maison la tête basse après un sweep cinglant contre une équipe qu’ils avaient pourtant battue à trois reprises lors de la saison régulière…

Premier décollage pour Boston

Encore une fois sweepé par les Cavs un an plus tard Al Horford décide de changer d’air et s’envole pour Boston à l’intersaison 2016. Une fois arrivé dans le Massachusetts, le pivot s’adapte à l’évolution du jeu NBA et développe un tir à 3 points, registre dans lequel il deviendra même létal par la suite. Avec son apport des deux côtés du terrain et grâce à un I.T. stratosphérique, Boston réalise sa meilleure saison depuis 2011. Les hommes de Brad Stevens vont d’ailleurs atteindre les finales de conférence, avant de tomber une nouvelle fois sur LeBron James qui vient mettre un terme aux rêves de Big Al et des siens, décidemment…

L’été suivant, l’échange d’Isaiah Thomas contre Kyrie Irving vient bouleverser l’effectif des C’s, mais il en faut plus pour perturber un pro comme Horford. Le pivot Dominicain ne flanche pas et va même retrouver une place au All-Star Game, auquel il n’avait pas participé lors de l’exercice précédent. Il termine également à la cinquième place dans la course au défenseur de l’année. Collectivement, Boston se montre convaincant et termine la saison régulière à la deuxième place de la Conférence Est.

En voyant cela, on se dit que les hommes de Brad Stevens ont toutes leurs chances d’aller au bout en playoffs. Seulement voilà, Irving est blessé et va manquer l’intégralité de la post season. Au sein d’un effectif très jeune, Al Horford va devoir prendre ses responsabilités et emmener cette équipe jusqu’au bout. Le vétéran va prendre ce rôle très à coeur dès le premier tour et se battre d’arrache-pied aux rebonds ainsi qu’en défense. En attaque, il peut compter sur trois jeunes et immenses talents pour assurer le coup en la personne de Jayson Tatum, Terry Rozier et Jaylen Brown.

En suivant ce plan de jeu, les Celtics viennent à bout des Bucks puis des 76ers avant de retrouver LeBron et Cleveland en finale de conférence. Cette série va elle aussi s’avérer légendaire, alors que Boston menait 2-0, puis 3-2, le King se fâche et inscrit 81 points sur les deux derniers matchs pour renvoyer les Celtics chez eux. Un nouveau revers très dur à avaler pour Al Horford, probablement le plus gros crève-cœur de sa carrière à l’époque. Deuxième joueur le plus utilisé par Brad Stevens et trop seul pour défendre dans la peinture, il n’a pas réussi à résister aux assauts incessants de LBJ.

La saison qui va suivre n’arrivera pas à consoler les C’s. Tiraillés par le comportement extra sportif du franchise player Kyrie Irving, le jeune effectif de Boston est perturbé et réalise une moins bonne saison régulière que l’année précédente. Un rythme qui va les suivre jusqu’en playoffs, où ils se font éliminer en 5 matchs par les Bucks du MVP Giannis Antetokounmpo qu’Al Horford a bien du mal à limiter.

À la suite de cette nouvelle déception, le Dominicain quitte Boston et rejoint Philadelphie en tant qu’agent libre. Mais son aventure en Pennsylvanie est de courte durée, après une saison compliquée et un coup de balai subit au premier tour, Horford est échangé et envoyé à Oklahoma City. Au Thunder, il est le mentor d’une équipe aussi jeune que prometteuse. En excellent coéquipier et leader, il accepte d’être mis de côté et de manquer la fin de la saison pour favoriser le développement de ses camarades après seulement 28 matchs joués.

Retour à Boston, une énième déception, puis la consécration

En voyant la situation dans laquelle se trouve Al Horford à OKC, les Celtics flairent la bonne affaire et le rapatrient contre Kemba Walker et deux choix de Draft. Il y retrouve le jeune trio qu’il avait quitté deux ans plus tôt et revient dans le but de les aider à remporter un titre.

« J’essaie d’être un bon exemple pour eux. De les mener et de les aider tout simplement. Ils savent de quoi je suis fait, que je veux que l’on fasse les choses bien, sur et en dehors du terrain. »
Al Horford

Son retour, couplé à la montée en puissance du reste de l’effectif, permet à Boston de faire figure de candidat sérieux pour le titre. Dès sa première année, les Celtics retrouvent les Bucks dans une série où Al Horford se montre énorme. Il prend sa revanche sur Giannis Antetokounmpo en le muselant complètement. Dans son sillage, les Celtics éliminent les champions sortants en sept matchs.

Le rêve est alors permis, et Boston va continuer sur sa lancée en venant à bout du Heat en finale de conférence. Big Al va donc, et pour la toute première fois de sa carrière, participer aux finales NBA. Opposé aux Warriors, c’est bien lui, du haut de ses 35 ans, qui climatise tout Golden State lors du premier match en inscrivant 26 points à 75% de réussite au tir. Mais cette réussite va quitter les C’s, et le sort va s’acharner sur le pivot vétéran qui subit une nouvelle défaite si près du but, plus près qu’il ne l’avait jamais été auparavant.

Difficile de se relever d’une telle déception, d’autant plus que la campagne de post season suivante ne va pas arranger cela. Tout proches de l’exploit face à Miami, les Celtics échouent dans un Game 7 à la maison que tout le monde les voyait remporter. Malgré ces deux échecs cuisants, la direction décide de continuer à faire confiance à Al Horford en le prolongeant sur deux ans. Son rôle va tout de même changer, car, avec l’arrivée de Kristaps Porzingis à l’été 2023, le Dominicain va dorénavant devoir sortir du banc.

Avec l’équipe monstrueuse dont les Celtics disposent, ils font désormais figure de clairs favoris au titre et vont confirmer ce statut lors de la saison régulière. Et il ne fait aucun doute quesi cette constellation de All-Star a pu fonctionner, c’est aussi dû au doyen de l’équipe, comme en témoignent les mots de Jrue Holiday, lui aussi arrivé l’été dernier :

« Al Horford est le coéquipier le plus fiable que nous ayons vu et eu. C’est le leader ultime. Il permet à tout le monde de garder son calme… Il fait certaines des plus grandes actions… Nous sommes très, très chanceux de l’avoir avec nous. »

Parce que oui, cette équipe va directement très bien marcher et même rouler sur la saison régulière. Et quelques 64 victoires plus tard, les hommes de Joe Mazzula entament leur marche vers le titre. Dès la fin du premier tour, Porzingis se blesse, et laisse un poste de pivot titulaire vacant qu’Horford va alors occuper pour le reste du parcours des C’s.

À 37, puis 38 ans, il joue plus de trente minutes en moyenne par match, et est même un élément essentiel dans la réussite des siens. Par exemple, lors du cinquième match contre Cleveland, le Dominicain est le meilleur joueur de cette équipe de Boston remplie de stars. Avec 22 points, 15 rebonds, 5 passes et 3 contres, il reçoit une ovation du TD Garden à sa sortie et permet aux C’s d’aller affronter les Pacers, dont ils ne feront qu’une bouchée en finale de conférence.

Lors de ces Finales, le retour de Porzingis va faire baisser la production d’Al Horford sur certains matchs, mais son impact en défense, lui, reste inchangé. Ciblé par Kyrie Irving et Luka Doncic, il va faire passer un sale quart d’heure aux deux stars des Mavs. En effet, lorsque le vétéran a défendu sur eux pendant cette série, Luka et Kyrie ont été limités à 15/45 au tir. Pendant ce temps, Jaylen Brown et Jayson Tatum s’occupent de mener la barque en attaque.

La série est rapidement maîtrisée, et après cinq matchs, c’est la consécration, Al Horford est enfin champion NBA à l’occasion de son 186ème match de playoffs. Ce titre n’est que la juste récompense d’une carrière exemplaire, qui ne peut pas être mieux décrite que par la façon dont Tatum en parlait il y a 2 ans, en 2022 :

« Al Horford est certainement l’un des meilleurs coéquipiers que j’ai eus à tous les niveaux. […] C’est le professionnel ultime, le coéquipier ultime. Il est très altruiste, il veut toujours ce qu’il y a de mieux pour l’équipe. […] Même s’il n’est peut-être pas celui qui parle le plus, il est quelqu’un dont j’ai toujours cherché à apprendre. »

Symbole de mérite et d’abnégation, Al Horford n’a jamais arrêté de courir après son rêve de décrocher un titre. Et ce, malgré plus d’une quinzaine d’années d’échecs plus décourageants les uns que les autres. Le Dominicain s’est toujours mis au service du collectif, que ça soit en réinventant son propre jeu ou en effectuant les basses besognes pendant que ses coéquipiers prennent la lumière. À 38 ans, Horford a joué un rôle prépondérant au sein de cette magnifique équipe de Boston qui vient d’être titrée. Il a marqué à jamais les fans de Boston qui attendaient, comme lui, cette bague depuis plus de dix ans.

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Nicolas Bulach

19 ans - Celtics/Spurs (Wemby oblige) - rédac'
Grand fan de sport (foot et basket en particulier) et étudiant dans le management sportif. Je suis tombé dans le basket en regardant les vidéos de CodJordan23 sur 2K15 et de The Ball Never Lies. Admirateur des anciens comme Rodman, KG ou encore Gary Payton. Et amoureux de Tatum depuis son arrivée dans la ligue.
Parfois je dis et retweete des conneries sur Twitter aussi (@_n_bc__).

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