Dans cette série d’articles intitulés “Les soldats de l’ombre de Golden State”, nous nous pencherons sur des joueurs au rôle essentiel mais parfois méconnus ou mésestimé. Aujourd’hui : Kevon Looney.
Kevon Looney n’est ni le joueur le plus connu des Warriors, ni le plus populaire. Ce n’est pas non plus le premier joueur qui nous vient à l’esprit lorsqu’on évoque la franchise californienne. Il est pourtant une pièce maîtresse du système de Golden State. Revenons sur l’histoire de ce natif du Wisconsin, dont la carrière a été rapidement compromise par une très grave blessure.
Un exemple de résilience et de professionalisme
Alors qu’il débarque dans l’équipe championne en titre, Kevon va passer la majorité de sa saison rookie loin des parquets en raison de deux opérations à la hanche. Ces deux interventions vont profondément affecter sa mobilité et son athlétisme. Ce n’est pas tout : Kevon Looney est atteint d’une maladie appelée “Neuropathie”. En conséquence de celle-cin certains de ses nerfs sont endomagés, ce qui lui provoque d’importants problème de motricité et altère ses capacités de respiration et de digestion.
Ses problèmes de santé auraient pu lui coûter sa carrière de joueur professionnel. Kevon est un exemple de résilience et de professionnalisme, deux qualités reconnues et soulignées par Steve Kerr et ses coéquipiers :
"The best compliment I can give him, he is the most professional person, player, you name it that I have ever worked with. There are not many guys in this league that I would pick over Kevon Looney." – Draymond
"Kevon has been an anchor for us. He is a true definition of a… pic.twitter.com/NOeuR938fP
— Golden State Warriors (@warriors) July 31, 2023
Un Warriors au sens premier du terme
Il s’est progressivement imposé dans la rotation de Golden State. Véritable éponge, son QI basket a su profiter de la présence de Hall of famers comme Stephen Curry, Draymond Green, Kevin Durant, Klay Thompson ou encore André Iguodala. Finaliste en 2016, champion en 2017 et 2018, c’est véritablement durant la saison 2018-2019 qu’il gagne ses galons. On aurait pu penser que l’arrivée de DeMarcus Cousins et la présence de Damian Jones dans la rotation ne lui laisserait pas beaucoup d’espace pour se montrer. Que Neni. Au second tour des playoffs, face à une équipe des Rockets plus revancharde que jamais en raison des multiples éliminations de 2015, de 2016 et de 2018, Kevon s’illustre avec 14 points et 5 rebonds, et contribue activement à la victoire de sa franchise.
En outre, s’il est victime d’une fracture à la cage thoracique au game 2 des finales NBA 2019, il revient aider son équipe aux game 4 et 5 mais aggrave à nouveau sa blessure. C’est André Iguodala qui le force à quitter le terrain. Pourtant, pas de quoi décourager Looney, qui sera présent au game 6.
“Je ne pouvais pas rater un match des Finales. […] Tout le monde n’a pas la chance de participer aux Finales. Je ne voulais pas qu’une blessure m’empêche de jouer. Je ne voulais pas avoir de regrets, du genre, ‘Mince, si j’avais joué ces deux derniers matchs, j’aurais fait ça’. Je voulais y aller et tout laisser sur le terrain, et c’est ce que j’ai fait.” Kevon Looney, dans l’émission de radio 95.7 The Game.
Le couteau suisse de Golden State
En playoffs, Kevon Looney s’illustre par son activité au rebond mais aussi…par sa défense. Quelle n’est pas la surprise pour les joueurs adverses qui le ciblent en défense, pensant profiter d’un mismatch facile, et qui se heurtent à l’intelligence du Loon :
Why do people not talk about how Kevon Looney locked up prime James Harden, CP3, Luka & Jalen Brunson 😭😭 pic.twitter.com/0nCWz9Kuew
— Curry History (@CurryHistory30) July 25, 2023
Durant les playoffs 2022, l’activité de Kevon au rebond est récompensée par les chiffres : dans le game 6 face aux Grizzlies, il capte 22 rebonds et permet aux Warriors de se qualifier pour les finales de la Conférence Ouest. Deux matchs plus tard, au Game 2 face aux Mavs de Luka Doncic, il est incontestablement le meilleur joueur de la rencontre avec 21 points et 12 rebonds.
“Looney a compris le jeu de jambes qu’il faut pour contourner un défenseur, pour utiliser son corps devant un défenseur, donc ses statistiques sont meilleures. Mais ce n’est pas une coïncidence, avec le travail qu’il fournit. C’est la progression de toutes ces années de travail et la continuité qui vient avec une équipe et un groupe de coéquipiers “ Steve Kerr, après le Game 6 remporté face à Memphis.
Le premier tour Warriors-Kings en 2023 représente probablement la meilleure série de playoffs de sa carrière. Impérial face au pivot All Star Domantas Sabonis, ChamberLoon accumule les performances de haut niveau : 20 rebonds et 9 passes au game 3 en l’absence de Draymond Green alors que les Warriors sont menés 2-0, 14 rebonds et 6 passes au game 4, 22 rebonds et 7 passes au game 5 et surtout une performance XXL au game 7 dans l’enceinte bruyante du Golden 1 Center : 11 points, 21 rebonds et 4 passes décisives. Le deuxième meilleur joueur de Golden State sur cette série, c’est lui et Andrew Wiggins.
Un joueur pivot pour les Warriors
Lors de son arrivée en 2015, Kevon était l’un des plus jeunes joueurs de l’effectif dans une franchise tout juste titrée championne et remplie de vétérans expérimentés (Iguodala, Barbosa, Bogut, Mo Speights…). Aujourd’hui, il représente un intermédiaire de choix pour les plus jeunes de l’équipe. C’est ainsi qu’il a joué un rôle déterminant dans la résolution du conflit entre Draymond Green et Jordan Poole en septembre 2022.
Mais Kevon n’est pas seulement réputé pour son activisme au sein du vestiaire, sa défense et ses rebonds. En effet, il est, après Steph, Klay et Draymond, le joueur qui connaît le mieux les systèmes de Golden State, un jeu où la circulation de la balle et la pose d’écrans est essentiel. Il cite Draymond Green, Zaza Pachulia et surtout Andrew Bogut comme inspirations :
“C’est juste que tu gagnes en expérience, tu répètes les mêmes choses, comme apprendre où les joueurs aiment se placer sur le terrain, apprendre leurs spots préférentiels, savoir comment récupérer les tirs de certains gars, savoir où ils vont aller se placer. Ce sont des choses que j’ai apprises d’eux, qui font également partie des meilleurs poseurs d’écrans que j’ai pu connaître. Donc apprendre d’eux m’a permis d’arriver à ce niveau “
Malgré des problèmes de santé et une palette offensive relativement limitée, Kevon Looney s’est imposé comme l’un des meilleurs pivots de la ligue. Sept ans après sa Draft, il n’est pas seulement le chouchou de la fanbase des Warriors. Il est aussi et surtout triple champion NBA (2017-2018-2022) et quintuple finaliste (2016 et 2019).
Le rookie qui squattait l’infirmerie lors de sa première saison à laissé la place à un des joueurs les plus intelligents de la ligue. Donnons lui la reconnaissance qu’il mérite.
