Le 20 novembre 2022, une nouvelle tête peu connue du grand public faisait son apparition dans le 5 majeur des Knicks, celle de Quentin Grimes. Une place qu’il ne lâchera plus ensuite. Et si cette date représente un vrai turning point positif dans sa jeune carrière, elle l’est presque tout autant pour cette équipe des Knicks 2023.
Dans une NBA en perpétuel mouvement, il est le profil de role player moderne idéal pour n’importe quelle équipe compétitive. Je vous invite à découvrir en profondeur le #6 des Knicks, et laissez-vous tenter, montez dans le train ! Vous verrez, on y est plus que bien.
Le protégé des décideurs
C’est donc cette année que le train a officiellement quitté le quai. Pourtant, certains érudits en manque de sommeil avaient déjà pris place. Parmi ces gens, vous pouviez retrouver l’auteur de cet article mais aussi quelques membres du management des Knicks. Ces derniers étaient tellement bien installés, tellement amoureux de Quentin que certains bruits de couloir affirmaient que la franchise New-Yorkaise aurait été plus enclin à lâcher RJ Barrett que QG dans un potentiel trade de Donovan Mitchell à l’été 2022 !
Nous ne sommes pas là pour juger ce non-trade mais toujours est-il que Quentin Grimes est bien plus sur la pente ascendante que Barrett. Et l’arrivée de Di Vincenzo va dans ce sens. Mais que fait-il sur un parquet pour transformer une équipe moyenne en 8-8 en une équipe compétitive en 47-35, et qui passe un tour de Playoffs ?
Un défenseur stabilisateur
La réponse principale se trouve dans le profil théorique du joueur. En effet, avec le backcourt Brunson-Fournier limité défensivement, Thibodeau se retrouvait obligé de faire jouer RJ Barrett en tant que défenseur du Point Of Attack (POA) adverse. Le Canadien avait beaucoup de mal dans ce rôle et ainsi, le défense extérieure des Knicks était très poreuse, concédait énormément de décalages, et reposait presque exclusivement sur les exploits de Mitchell Robinson au cercle.
Avec Quentin Grimes, le 5 récupère avant tout un excellent défenseur extérieur. Quentin dispose de belles mensurations mais n’est pas un athlète générationnel, que ce soit en puissance comme un Marcus Smart ou en longueur comme un Mikal Bridges. Mais le joueur possède un cocktail de qualités très intéressant.
Déjà il y a un physique plutôt complet. 1m96, annoncé à 2m04 d’envergure, le tout avec un coffre suffisant pour switcher sur des joueurs plus “gros”, mais aussi une mobilité de pieds qui lui permet de se pencher sur des joueurs plus “vifs”. Ces outils sont mis à disposition d’un cerveau plus que fonctionnel et d’une résilience sans limite.
C’est simple, il a été envoyé tous les soirs, et presque toutes les minutes qu’il a passé sur un parquet, sur le meilleur ball handler adverse. D’après le modèle de Basketball Index, il était dans le 99e centile en termes de difficulté de match-up. Regardez sa série sur une jambe contre Jimmy Butler, et vous comprendrez vite l’état d’esprit.
Forcément, le joueur n’a pas l’opportunité d’être un gros playmaker défensif (blocks ou steals) mais il va systématiquement rendre le tir adverse le plus compliqué possible. Ultra mobile, il a une capacité à toujours gêner son adversaire assez bluffante. Il ne prend que très peu de fautes (2.5/matchs c’est très bon au vu de son rôle), et conteste très bien les tirs adverses, tout en ne sautant que très peu dans les feintes.
Si l’apport statistique et chiffré est moindre, il ne faut pas sous-estimer également le fait que sa simple présence replace Barrett dans un rôle qui lui convient encore mieux et soulage le travail défensif d’un peu tous ses copains.
Le connecteur au plus que parfait
Mais l’apport de Quentin Grimes ne s’arrête pas là, loin de là puisque offensivement aussi, Quentin Grimes est un super basketteur. Son arme principale est son tir en catch & shoot : 40% de loin en C&S (38.6% au global) et toujours cette disponibilité, cette recherche de se trouver toujours dans un angle de passe possible pour le porteur de balle.
Une menace de loin qui force les défenseurs adverses à monter sur les renversements, et c’est là une de ses autres qualités : son attaque de close-out. Très vif et réactif, il peut driver efficacement avec du toucher puisqu’il tourne à 55% sur les lay-ups en fin de drive : c’est très bon. En termes d’efficacité, QG c’est 38.6% de loin dont 40% en C&S et 45% dans le corner (!), 71% sur tous les tirs au panier et pas que les drives (= 83e centile chez les Wings). Que des chiffres excellents qui font que Quentin Grimes score 1.24 Points/tir, c’est le 83e centile là-encore et cela équivaut à 107 de TS+ (7% de mieux que la moyenne). Monsieur propre.
Je vous ai parlé de sa capacité à attaquer un close-out trop franc, mais là où le joueur excelle, c’est également dans le passing game dans cette situation. Quentin Grimes est très dans l’exploitation du décalage une fois qu’il est lancé. “Seulement” 2.1 AST/match, mais au vu de ses responsabilités, c’est très bien : 0.71 AST:USG (la tendance d’un joueur à faire du playmaking quand il a la gonfle), c’est mieux que 63% des joueurs à son poste. Un vrai connecteur qui t’apporte de la polyvalence, tant il peut jouer à côté de n’importe qui.
Et s’il y avait plus qu’un role player ?
On ne va pas se mentir, le Shooting Guard semble avoir le profil de quelqu’un qui ne deviendra sans doute jamais un All-Star, mais va à coup sûr faire une très longue carrière en NBA dans toujours des bonnes équipes. Mais on peut cependant se poser la question de son plafond.
Au vu des chiffres d’efficacité, ne devrait-on pas être tenté de lui donner plus de responsabilités ? D’autant plus que si le shooteur est très bon, je me demande s’il n’y a pas à creuser de ce côté. En effet, ce n’est que sa 2e saison en NBA et si on remonte un peu dans le temps, Quentin Grimes était une vraie gâchette en NCAA avec 40.5% à 3 points sur près de 8 tentatives. Et c’est peut-être dans le jeu sans ballon et dans l’importance qu’il pourrait avoir qu’il y a une vraie marge. S’inspirer d’un Desmond Bane dans l’utilisation peut être intéressant.
Deuxième point à creuser, le joueur affiche de vrais instincts à la passe, avec parfois des lectures sur renversements de haute volée. Maintenant, les limites sont aussi, pour l’instant, évidentes et viennent expliquer le faible usage. Son handle est pour l’instant trop faible pour en faire ne serait-ce qu’un ball handler secondaire. Ça le gène dans sa création pour lui-même, il a réellement besoin de quelqu’un pour lui créer ce premier décalage. C’est aussi pour ça que presque toutes ses passes décisives sont sur de l’attaque de close-out, ou du moins dans l’exploitation d’un espace déjà créé.
Il ne sera sans doute jamais un tough shot maker, un ball handler principal. Mais quelque part, le handle n’est pas la chose la plus difficile à travailler, et le QI est déjà là. Le jeu en vaut peut-être la chandelle, et du moins le voir avec plus de tickets shoots pourrait être un pari à tenter. Mais sinon, le plancher est déjà très haut…
Alors, vous montez dans le train Quentin Grimes ?