À l’occasion de la fenêtre internationale de novembre, l’équipe de France ouvre la porte à quatre nouveaux visages : Gérald Ayayi, Mathis Dossou-Yovo, Killian Tillie et Lionel Gaudoux. Dans un groupe remanié et privé de ses cadres de NBA et d’EuroLeague, leurs rôles pourraient peser lourd.
Réunis à Rouen pour préparer le premier match face à la Belgique, puis un déplacement à l’Espoo Metro Areena pour y affronter la Finlande, les Bleus entament un cycle de cinq fenêtres FIBA menant vers la Coupe du monde 2027. Seuls Andrew Albicy et Louis Labeyrie affichent des dizaines de sélections, laissant un large champ d’expression aux nouveaux entrants en équipe de France.
Dans un contexte de restructuration après le cycle olympique de Paris 2024 et le difficile Euro 2025, la fenêtre de novembre reste un test ponctuel, où le staff national veut identifier les joueurs capables de s’inscrire à long terme, et pourquoi pas titiller les habitués d’EuroLeague et de NBA. Dans cette optique, le sélectionneur de l’équipe de France Frédéric Fauthoux et son staff ont décidé de tester de nouvelles possibilités en appelant pour la première fois Gérald Ayayi, Mathis Dossou-Yovo, Killian Tillie et Lionel Gaudoux.
Gérald Ayayi, l’artisan de la défense
À Cholet, il s’est imposé comme un arrière polyvalent, agressif vers le cercle et reconnu d’abord pour sa défense. “J’ai gagné ma place d’abord défensivement dans toutes les équipes où j’ai évolué.” La défense est son moteur, son socle identitaire, ce qui lui donne le rythme et la confiance pour attaquer plus librement.
Son style offensif est celui d’un slasher opportuniste, capable de casser les lignes et de jouer à haute intensité, parfois à risque mais assumé. S’il n’a jamais cherché la lumière statistique, il revendique une priorité absolue : l’impact collectif. Préférer embêter le meilleur attaquant adverse plutôt que marquer 30 points.
Lui qui a découvert le monde pro à l’Élan Béarnais, formé par l’entraîneur Laurent Vila et l’ancien joueur, champion d’Europe, Jimmy Vérove, s’est bâti une éthique globale de performance : intensité, polyvalence, exigence et culture défensive. Un ciment indispensable à toute équipe nationale et qui aura son rôle à jouer en équipe de France.
Mathis Dossou-Yovo, la puissance en mission
À seulement 25 ans, Mathis Dossou-Yovo incarne un intérieur moderne, physique et travailleur, forgé par un parcours accidenté. Passé par l’INSEP, en difficulté à Chalon et relancé par Saint-Quentin jusqu’au titre de MVP de Pro B, il a appris à se reconstruire et à saisir son destin.
Après plusieurs années marquées par des hauts et des bas, il explose aujourd’hui à Nanterre 92 sur le devant de la scène en Betclic Élite, où il s’est rapidement imposé comme un leader offensif et physique.
Athlète puissant, agressif au rebond, capable de punir dos au panier comme face au jeu, il apporte une présence intérieure immédiate. Dossou-Yovo est un joueur à l’énergie et à l’intensité constantes, capable de transformer le rythme d’un match par son impact physico-athlétique.
Son objectif est clair : montrer qu’il peut devenir une option durable dans la raquette tricolore. Le travail défensif reste son principal axe de progression, tout comme la régularité aux lancers francs, mais son potentiel immédiat en fait un candidat sérieux pour s’ancrer dans les prochaines fenêtres FIBA, puis possiblement dans une grande compétition pour l’équipe de France.
Killian Tillie, le retour du talent silencieux
Une carrière marquée par les contrastes. Formé en NCAA à Gonzaga, salué pour son QI basket hors norme et son tir extérieur exceptionnel pour un intérieur, il a souvent vu ses envolées brisées par les blessures.
À Malaga, il renaît après un long tunnel physique. Mobile, propre techniquement, précieux des deux côtés du terrain, Tillie retrouve du rythme et de la constance, deux ressources indispensables pour revenir au plus haut niveau international. Profil hybride de poste 4/5 moderne, capable d’étirer les défenses loin derrière la ligne à trois points, de punir en pick-and-pop, mais aussi de défendre plusieurs positions grâce à sa lecture du jeu.
Son apport aux Bleus pourrait être immédiatement stratégique : espacer le jeu, fluidifier les relations intérieur/extérieur, apporter de la sérénité dans les possessions serrées. Si son corps tient, il a tout pour devenir une pièce importante dans la rotation intérieure française, capable de transformer le style de jeu et d’offrir une vraie alternative tactique à l’équipe de France.
Lionel Gaudoux, la force tranquille venue de loin
À l’opposé de nombreuses trajectoires dorées, Lionel Gaudoux, 29 ans, incarne le parcours du combattant. Formé tardivement, passé par les divisions inférieures, longtemps ignoré des radars du haut niveau, il n’a jamais cessé d’avancer, poussé par une foi inébranlable dans le travail et la patience. Sa sélection en équipe de France est d’abord l’histoire d’une récompense humaine.
À l’Élan Chalon, où il s’est imposé comme un intérieur fiable et constant, il a construit son identité sur la dureté, la discipline et l’impact invisible. Pas de fioritures : un joueur de collectif, solide sur les fondamentaux, prêt à faire le sale boulot pour l’efficacité de l’équipe. Défense, verticalité, écrans puissants et présence au rebond. Il est de ces profils qui font gagner des matchs sans apparaître en haut des statistiques. Un joueur avec un engagement qui fera du bien en équipe de France.
Utilisé en poste 4 ou 5 selon les besoins, il apporte une densité physique et une énergie susceptible de changer le ton d’une rencontre. S’il doit encore gagner en finesse technique et en expérience internationale, son engagement total en fait un soldat précieux.
Sa découverte de l’Europe se prolongera donc en Bleu, dans une équipe remaniée, avec une hiérarchie ouverte et des rôles à saisir. Aujourd’hui, l’équipe de France accueille un homme qui ne lâche rien et qui a faim.
Ces quatre joueurs ont l’opportunité de prouver qu’ils méritent leurs places en équipe de France au-delà de cette fenêtre internationale. A eux désormais de montrer de quoi ils sont capables contre la Belgique le 28 novembre et contre la Finlande le 1er décembre.






