Je pense qu’on peut dire que Paolo Banchero est un joueur clivant, qui suscite le débat dans la communauté basket. Ou alors, a minima, il ne laisse pas indifférent, le néophyte sera impressionné par son combo taille-poids-vitesse-puissance-fluidité, et osera même la comparaison avec LeBron James. Mais pourquoi Paolo Banchero attire-t-il des comparaisons aussi flatteuses, aussi rapidement dans sa carrière ?
Sûrement que cela vient de notre tendance à vouloir projeter des modèles sur les nouvelles choses que nous observons, pour mieux nous les expliquer (d’où l’outil de la comparaison, qui est souvent utilisé dans le scouting). Quelque chose qui nous pousse à caricaturer, pour simplifier le réel, et donc parfois brouille notre rapport à la réalité, en nous donnant des explications préconçues, souvent erronées.
Cet article a été écrit par Alexandre Robin.
Revenons à Paolo Banchero, cette tendance à la comparaison facile nous a forcé à lui coller des clichés que l’on retrouve chez les superstars NBA. On peut alors les lister : un scoreur efficace et dominant / un créateur offensif / un bon défenseur. Il faut aussi ajouter des éléments propres au contexte du joueur, comme le fait qu’il est souvent annoncé comme le franchise player du Magic, au détriment de Franz Wagner; Je propose ainsi d’essayer de démêler le vrai du faux à propos du natif de Seattle, pour comprendre quel joueur est vraiment Paolo Banchero.
Les clichés sur Paolo Banchero
Dans un premier temps, on va examiner ici le profil de jeu de Paolo Banchero, en essayant de démonter les idées reçues que l’on peut avoir sur ce joueur. On l’annonce alors comme un scoreur efficace et dominant en NBA, un créateur offensif que cela soit pour lui ou pour les autres, et enfin, comme un bon défenseur, solide, grand artisan de la défense d’élite du Orlando Magic (2e du defensive rating la saison dernière).
Un scoreur efficace et dominant ?
La première idée reçue que l’on accole à Paolo Banchero, est le fait qu’il soit un scoreur efficace et dominant en NBA. Si on devait définir ce qu’est un scoreur efficace et dominant, ce serait un joueur capable de rechercher la rentabilité de ses tirs, les choisissant qualitativement, et le faisant au-dessus de la concurrence, ce qui impliquerait de le comparer à l’élite de la finition en NBA. On va donc essayer d’analyser les composantes de sa finition, pour voir s’il est efficace et/ou dominant. De ce fait, on retrouve deux grosses composantes chez Paolo Banchero, le drive et le pull up, communes aux stars offensives, servant d’étalon de comparaison entre les meilleurs scoreurs de la ligue.
On peut commencer avec le drive, et sortir ses stats en carrière dans ce domaine (des stats qui sont prises sur les 50 driveurs les plus quantitatifs de la NBA par année, de plus, la productivité sur drive se fait selon le calcul : PTS/(FGA+0.44FTA) ) .
- 22/23 : 10 drives par match (46e sur 50) avec une productivité de 1.09 (39e) – 72 matchs
- 23/24 : 12.7 drives par match (25e) avec une productivité de 1.07 (39e) – 80 matchs
- 24/25 : 11.9 drives par match (25e) avec une productivité de 1.21 (16e) – 46 matchs
Paolo Banchero se trouve bien dans cette élite au niveau du volume de drives, et être dans les cinquante plus grands driveurs lors de sa saison rookie peut en être une preuve. Par contre, si on regarde la productivité sur drive qui n’englobe pas seulement l’efficacité pure, mais considère aussi la capacité à obtenir des lancers francs, on remarque qu’il se situe dans le bas du classement, sauf lors de la dernière saison. Peut-on y voir une progression ?
En fait, on ne peut pas y répondre tout de suite, mais on peut aussi prendre en compte que Paolo Banchero a été blessé sur la saison, et il faut donc admettre l’argument d’une variance plus forte sur un échantillon de 46 matchs, plutôt qu’un échantillon de 72 ou 80 matchs. Enfin, on peut ajouter une dernière donnée, le fait que Paolo Banchero soit très bon dans sa recherche de fautes (une de ses grandes qualités), mais cela booste sa productivité de son drive, et qui pose encore plus de questions sur son efficacité sur les tirs en fin de drives.
On peut ensuite traiter de l’autre principale composante d’attaque chez Paolo Banchero, le pull up, et aborder ses stats en carrière (des stats qui sont prises sur les 50 joueurs qui prennent le plus de pull ups par match en NBA par année, l’efficacité (points par tirs) est calculée par PTS/FGA, et %3P correspond à la fréquence de trois points pris sur des pull ups) :
- 22/23 : 5.6 pull ups par match (46e) avec une efficacité de 0.79 (50e) avec 26.2 3P% (48e) et une fréquence à trois points de 32.1 %3P
- 23/24 : 7.6 pull ups par match (26e) avec une efficacité de 0.87 (43e) avec 32.2 3P% (40e) et une fréquence à trois points de 34.2 %3P
- 24/25 : 9.4 pull ups par match (9e) avec une efficacité de 0,89 (41e) avec 30.7 3P% (40e) et une fréquence à trois points de 41.5 %3P
Son inefficacité est peut-être encore plus flagrante sur ce compartiment du jeu, contrastant avec une augmentation du volume d’année en année, sans une nette amélioration de l’efficacité. C’est, selon moi, son plus gros point faible en attaque, car c’est la chose qui tire vraiment son efficacité vers le bas. J’ai aussi ajouté l’aspect du trois points dans cette question du pull up, parce qu’on y voit une augmentation lors de la dernière saison.
On peut basiquement l’expliquer par une recherche de rentabilité, en fait, on a compris, il y a environ dix ans, la nécessité de reculer les tirs pris à mi-distance derrière la ligne à trois points. Il faut prendre la pondération du tir en compte, un trois points est plus rentable qu’un long deux points : 20.39 (la moyenne sur les longs tirs à mi-distance) = 0.78 points par tirs contre 3*0.36 (la moyenne sur les tirs à trois points) = 1.08 points par tirs.
On peut finir avec une statistique qui est le miroir de l’efficacité d’un joueur, le TS+, qui se base sur le True Shooting pourcentage (TS%). Elle permet d’évaluer la réelle efficacité d’un joueur, en prenant en compte la pondération de tous les tirs que l’on peut mettre au basket. Ainsi, le TS+ donne l’efficacité globale d’un joueur, ramené à la moyenne de la ligue qui se situe à 100, ainsi les stats de Paolo Banchero sont : 22/23 : 91 – 23/24 : 94 – 24/25 : 96.
Il faut lire que Paolo Banchero, lors de la saison 2022-2023, avait une efficacité de neuf points en dessous de la moyenne des autres joueurs en NBA. En somme, les joueurs qui sont considérés comme les scoreurs les plus efficaces sont obligatoirement au-dessus de la moyenne, et se trouvent souvent dans la zone de 105, jusqu’à environ 115 de TS+.
Le scoring de Paolo Banchero souffre ainsi d’une inefficacité chronique, le plaçant en dessous de l’élite des meilleurs finisseurs en NBA. Ce qui peut nous faire dire qu’il n’est donc ni un scoreur efficace, ni un scoreur dominant. De fait, pour revenir au terrain, on a pu constater, tout au long de sa carrière, que ces grosses explosions au scoring (cf le match contre les Pacers en début de saison 2024-2025) sont dûes à une méga-réussite de son shot-making, quelque chose dont on a prouvé l’irrégularité dans cette partie.
Un créateur offensif ?
Le second cliché qui est associé à Paolo Banchero est qu’il serait un créateur offensif. Mais qu’est-ce qu’un créateur offensif en NBA ? Il s’agit d’un joueur capable de produire de l’attaque, par sa création de décalage, c’est-à-dire de provoquer une erreur de la défense grâce à la gravité de ses compétences (shooting, driving,…). On peut y trouver un sens plus individuel, avec cette capacité à se créer de l’espace, à l’aide de son dribble ou de ses courses. Un créateur offensif peut alors s’auto-alimenter par sa propre création pour pouvoir marquer, mais aussi servir ses coéquipiers, les mettre dans les meilleures dispositions pour qu’ils puissent finir avec le maximum d’efficacité et de facilité.
Dans un premier temps, on peut analyser la propension de Paolo Banchero à passer par rapport à son usage, en utilisant l’AST:Usg (assist par usage ratio), qui exprime donc la capacité à distribuer d’un joueur par rapport à son usage du ballon (des stats prises sur un groupe de joueurs à minimum 28 USG% et 800 minutes, groupe différent chaque année) :
- 22/23 : 0.61 AST:Usg (36e sur 39) pour 2430 minutes
- 23/24 : 0.82 AST:Usg (24e sur 38) pour 2799 minutes
- 24/25 : 0.77 AST:Usg (28e sur 35) pour 1582 minutes
Cette statistique nous apprend que Paolo Banchero n’a pas une grande tendance à distribuer malgré une grande utilisation du ballon (22/23 : 28.1% – 23/24 : 30.9% – 24/25 : 34.3%), notamment en comparant à un panel de joueurs avec un grand taux d’usage. La lecture que l’on peut en faire suppose que Paolo Banchero pourrait être bien plus à l’aise dans un exercice de création individuelle, plus que dans la création collective.
Quelque chose que l’on peut appuyer avec son pourcentage de tirs assistés : 22/23 : 46% (28e sur 39) – 23/24 : 42% (17e sur 38) – 24/25 : 40% (13e sur 35). Ce qui nous apprend que Paolo Banchero, sur la saison 2024-2025, s’est auto-généré 60% de ses tirs, le 13e joueur sur le panel (le premier intérieur de la liste, derrière une foule d’extérieurs ou certains ailiers).
Dans la suite de l’AST:Usg, qui nous donnait la propension à passer, on aborde alors l’AST ratio (assist ratio), qui, cette fois-ci, présente la réalisation du passing d’un joueur. Cela se calcule avec le nombre de passes décisives sur 100 possessions où le joueur porte le ballon, le tient dans ses mains (sur les joueurs à minimum 28 USG et 800 minutes) :
- 22/23 : 14.7 AST ratio (34e sur 39)
- 23/24 : 18.5 AST ratio (24e sur 38)
- 24/25 : 15.3 AST ratio (31e sur 35)
Ce qui confirme la tendance que l’on a observé avec l’AST:Usg, le fait que, sur un échantillon de joueurs qui s’accaparent le ballon, Paolo Banchero soit un joueur qui se trouve à la fin du classement dans la réalisation de son passing. Il joue un registre de jeu qui l’oblige à garder le ballon entre ses mains, avec beaucoup de paniers en auto-création. Pour caricaturer, on peut penser qu’il fait son passing seulement quand son option de scoring se retrouve boucher par la défense. On pourrait alors croire qu’il est bien plus un monopolisateur de ballon, qu’un distributeur qui fait profiter son équipe de ses lectures.
Une hypothèse à laquelle je n’adhère pas, car je ne veux pas nier les capacités de lecture de Paolo Banchero, il est véritablement capable de trouver des passes pour offrir des tirs efficaces à ses coéquipiers. Mais je ne peux pas le considérer comme un créateur offensif, encore moins de premier plan, il ne pratique pas la manipulation de défense ou ne jouit pas d’une énorme gravité de ses compétences offensives, ce qui limite réellement son passing. On pourrait peut-être plus l’apparenter à un connecteur, capable de faire vivre le décalage, plutôt que de le créer lui-même systématiquement.
Un bon défenseur ?
La dernière affirmation qui entoure Paolo Banchero sur ses qualités supposées de superstar NBA, est le fait qu’il soit considéré comme un bon défenseur, contributeur de la défense d’élite à Orlando depuis deux ans (23/24 : 2e – 24-25 : 2e). Il est difficile de mesurer l’impact défensif d’un joueur, individuellement, puisque c’est un exercice qui dépend peut-être un plus du collectif que l’attaque.
Cependant, on peut aussi affirmer que Paolo Banchero n’est pas une cible pour les attaques adverses, car sa présence sur le terrain n’empêche pas une très bonne défense. Paolo Banchero est donc a minima un joueur neutre pour cette défense du Magic, mais la question porte plus sur son inclinaison à présenter un impact positif dans cet aspect du terrain. Ce qu’on va essayer de mesurer avec certaines statistiques, nous permettant de comprendre la qualité de sa défense.
On peut alors aborder le BLK% (block pourcentage) et le STL% (steal pourcentage), qui constituent le playmaking défensif que peut exercer un joueur sur le terrain :
- 22/23 : 0.8 BLK% (59e centile pour les forwards) + 1.1 STL% (40e)
- 23/24 : 0.9 BLK% (17e centile pour les intérieurs) + 1.1 STL% (48e)
- 24/25 : 0.9 BLK% (19e) + 1 STL% (31e)
Il est facile de remarquer que Paolo Banchero n’est pas un grand playmaker défensif, notamment vis-à-vis de la concurrence à son poste. Il n’est alors ni un grand contreur, ni un grand intercepteur pour son équipe. Mais à quoi ça sert donc un playmaker défensif ? Son intérêt prend racine dans la nécessité en NBA, de gagner la bataille des possessions. En gros, il faut prendre plus de tirs que l’adversaire, pour se donner plus de “cartouches” que celui-ci, faisant moins reposé la victoire sur l’adresse pure.
Ainsi, on a essayé de jouer sur des curseurs comme le rebond offensif, mais aussi le fait de pousser l’équipe adverse à perdre le ballon lors d’une possession, en interceptant ou en contrant. D’où l’utilité du playmaker défensif, qui trouve un raisonnement quantitatif pour les équipes, le but étant de créer le plus de possessions possibles au détriment des autres équipes.
Banchero étant un mauvais playmaker défensif, on peut aller voir du côté de la protection de cercle du joueur, ayant pour but de faire baisser l’efficacité au panier de l’équipe adverse :
- 22/23 : -2.9% par rapport à la moyenne de la ligue
- 23/24 : -3.4% par rapport à la moyenne de la ligue
- 24/25 : -4.2% par rapport à la moyenne de la ligue
On peut mieux comprendre la statistique en donnant l’échelle de compétence dans la protection de cercle. Entre -5% et 10%, on a affaire à un bon protecteur de panier, mais si on dépasse les -10%, on retrouve le gratin de cette discipline. De ce fait, on se rend compte que, dans ce domaine aussi, Paolo Banchero ne ressort pas beaucoup, il n’a pas l’impact d’une star défensive, ni même d’un protecteur de cercle.
Pour conclure, sur le volet défensif, Paolo Banchero apparaît comme un défenseur neutre, qui n’a pas de réel impact sur le bataille des possessions ou sur la protection de panier. Pourtant, on ne peut pas dire qu’il est un mauvais défenseur, ne servant pas de cible dont la défense adverse pourrait profiter pour déséquilibrer la défense du Magic. Ainsi, ces affirmations, que l’on pouvait coller à Paolo Banchero, infirme ce statut de superstar qu’on a pu lui attribuer. Sans dire qu’il est un joueur avec une influence négative pour son équipe, Paolo Banchero n’est pas non plus cette star qui ouvre toutes les perspectives d’avenir en Floride.
Paolo > Franz ?
Dans cette deuxième partie, on va essayer de démonter cet a priori sur le fait que Paolo Banchero soit systématiquement considéré comme un meilleur joueur que Franz Wagner. Une idée qui dit qu’il est la pièce centrale du projet à Orlando, leur franchise player, sans de réels débats. Je caricature sûrement un peu l’avis des suiveurs de la NBA, mais j’ai la conviction personnelle qu’ils sont d’un niveau équivalent, avec chacun ses forces et ses faiblesses. Grâce à une analyse comparative, on va voir comment ils se distinguent l’un de l’autre sur un terrain (avec des statistiques prises sur la saison 2024-2025).
Le scoring ?
Si on regarde les pourcentages aux tirs basiques des deux joueurs, on voit bien les forces et faiblesses différentes entre les deux joueurs du Magic :
- Banchero : 45.2 FG% – 32 3P% – 72.7 FT%
- Wagner : 46.3 FG% – 29.5 3P% – 87.1 FT%
Pourtant, si on regarde les statistiques d’efficacité globale, on se rend compte qu’ils ont la même efficacité, sur les PSA (points on shot attempts) avec 1.113 pour Paolo Banchero et 1.117 pour Franz Wagner, même chose du côté du TS+ avec 96 pour Banchero et 97 pour Wagner.
On va donc rentrer dans le détail de la façon de mettre leurs paniers : premièrement, Paolo Banchero apparaît comme un meilleur scoreur individuel. Il est plus capable d’auto-créer ses tirs, notamment au panier, en drive, et à trois points, en pull up, l’écart reste moins flagrant sur les mi-distances, car c’est un tir qui n’est plus assisté en NBA. Paolo Banchero brille donc davantage dans les tirs en isolation, confirmant sa belle production sur ses drives.
C’est aussi un meilleur jump-shooter, notamment à trois points : pour les tirs en tête de raquette (34% contre 27% pour Wagner), mais aussi pour les tirs au global (33% contre 29% pour Wagner). Enfin, on peut aborder la recherche de lancers francs, que peut faire peser Paolo Banchero sur une défense, un domaine où il domine vraiment Wagner.
Le SFLD% (shooting fouled pourcentage) donne le taux de fautes qui sont sifflées sur une tentative de tir, Banchero y excelle avec 18.6% contre 10.8% pour Wagner. Il y a aussi le FTr+ (qui marche de la même manière que le TS+), qui nous donne la même information que le SFLD%, et qui confirme la tendance avec Banchero à 174 et 110 pour Franz Wagner.
Mais alors comment expliquer que les deux joueurs soient à la même efficacité ? La première nuance, que l’on peut apporter, est l’adresse aux lancers francs de Banchero, avec 72.7% contre 87.1%. Quelque chose qui joue vraiment, sachant que Banchero a beaucoup plus de volume avec 8.4 FTA par match (contre 5.2 pour Wagner). La deuxième nuance se trouve dans la répartition des tirs, car elle comble les lacunes de Franz par rapport au jump-shot de Banchero.
En fait, Wagner a plus tendance à prendre des tirs à mi-distance, plus près du panier (comme des floaters), alors que Banchero affectionne plutôt les longs tirs à mi-distance, juste après la ligne à trois points. Ceci dit, il faut savoir que ces short mids sont plus rémunérateurs que les long mids, quelque chose que l’on peut vérifier avec les pourcentages des deux joueurs : 43-45% pour les short mids et 40% pour les long mids.
Wagner apparaît alors comme un profil d’attaquant plus créateur, et trouvant sa productivité dans des actions impliquant ses coéquipiers, comme du pick and roll porteur de balle, du post up ou sur des coupes. En conséquence, on comprend que leur scoring s’exprime de deux manières différentes. Ils trouvent la même efficacité, mais en pratiquant un jeu offensif différent, qui ne repose pas sur les mêmes qualités.
La création ?
Dans un premier temps, ils apparaissent comme globalement égaux sur le plan de la création (4.8 AST pour Banchero contre 4.7 AST pour Wagner).
Mais si, cette fois-ci encore, si on rentre plus dans le détail, Franz Wagner se distingue de Paolo Banchero dans les statistiques de propreté comme le TOV% (turnovers pourcentage). Il correspond aux pertes de balles commises sur l’usage d’un joueur, Wagner est à 9.6% (Banchero à 10.9%). Il y a aussi le TOV ratio qui marche comme l’AST ratio mais avec les pertes de balles, où Franz est à 8 (Banchero à 9.5).
L’allemand a aussi l’avantage sur la propreté mise en perspective à la création avec l’AST/TOV ratio (assist per turnovers ratio), qui met en relation la capacité de création et les déchets que peuvent produire les joueurs dans leur jeu, Franz est à 2.06 (contre 1.61 pour Banchero).
L’écart semble, par contre, se réduire pour les statistiques qui prennent en compte la création en fonction l’usage, des chiffres que j’ai utilisé pour la première partie, avec l’AST:Usg (0.77 pour Banchero et 0.79 pour Wagner) et l’AST ratio (15.3 pour Banchero et 16.5 pour Wagner). Ce qui nous indique que ce sont des joueurs qui portent énormément le ballon, mais qu’ils ne sont pas de grands distributeurs pour leur équipe. Quand on revient au terrain, Franz Wagner apparaît comme un passeur plus à l’aise sur pick and roll, alors que Paolo Banchero, lui, est un passeur situationnel, un connecteur.
En fin de drives, Banchero fait 27.1% de passes pour 5.9% d’assists, et Wagner fait 26.6% de passes pour 7.7 d’assists. On pourrait interpréter cela comme le fait que Banchero se débarrasse du ballon à la fin de son drive quand son option de scoring est bouché, à la différence de Wagner, qui recherche son partenaire de pick and roll, en plus, lui aussi, de pratiquer le kick out. Il faut relativiser ce constat, car si on compare leurs chiffres au reste de la NBA, les deux joueurs se trouvent dans les mêmes zones que des joueurs comme Durant, Maxey ou Powell, pas du tout considérés comme des créateurs altruistes ou des distributeurs de jeu.
Cependant, Wagner fait augmenter la fréquence au cercle du Magic : +2.3% (80e centile). On peut alors penser que c’est sa propre fréquence qui fait autant augmenter le pourcentage collectif, mais il n’est qu’à 32% (soit dans le 55e centile pour son poste). Il faut peut-être en déduire que Wagner est un créateur de tirs au cercle, à l’image de Nikola Jokic, qui est l’exemple de référence dans ce domaine, faisant augmenter la fréquence de son équipe au panier : +5.8 (96e centile).
On peut aussi retrouver un autre type de créateurs de tirs, ceux qui influent sur la fréquence des tirs à trois points, comme Luka Doncic ou Tyrese Haliburton. De son côté, Banchero n’a pas d’influence sur ces deux zones du terrain, son impact se retrouve sur la fréquence de long mi-distance : +4 (98e centile), une fréquence qui augmente à cause de son propre nombre de tirs, avec 17% (96e centile pour son poste).
Quelque chose qu’on retrouve aussi pour la réussite au tir, Wagner amplifie cette réussite au cercle pour son équipe : +3.5% (85e centile), avec Jokic qui est à +5.8% (96e centile) et enfin, Paolo Banchero à -3% (23e centile). Cela peut alors rendre compte de cette tendance où Wagner apparaît comme un passeur plus qualitatif et collectif, recherchant les tirs les plus rentables, contrairement à la création de Banchero, qui s’exprime de manière individuelle.
La défense ?
Pour finir, on peut traiter de la défense, et on peut dire que les deux joueurs se distinguent dans des exercices différents. Banchero semble plus à l’aise dans l’exercice intérieur de la défense, performant plus dans le BLK% et la protection de panier, par rapport à Wagner, qui lui se montre dans la défense extérieur, avec le STL% et les déflections (qui correspond au nombre de fois, par match, où un joueur dévie le ballon sur une passe). Cette différence s’explique surtout par les différents rôles auxquels on les a assigné.
Néanmoins, les chiffres défensifs intérieurs de Paolo Banchero sont peut-être à relativiser, car ils sont peut-être supérieurs à ceux de Wagner, mais à l’échelle de la NBA, ils ne sont pas très impressionnants. Comme on l’a traité précédemment, il atteint 0.9 BLK%, 19e centile pour les intérieurs en NBA, et sa protection de panier est finalement relativement basse (-4.2%), en comparaison des pointures de la ligue, qui culminent entre -8 et -15%. De son côté, Wagner s’en sort mieux, il est à 1.6 STL%, 68e centile pour les ailiers, et au niveau des déflections, se trouvant dans la même catégorie qu’Anthony Edwards ou Jrue Holiday.
De plus, Wagner fait même baisser la fréquence de tirs au panier pour le Magic lorsqu’il est sur le terrain : -2.3% (82e centile) contre -0.6% (60e centile pour Banchero). Une proximité des résultats qui doit aussi nous contraindre à nuancer le propos de cette faculté de Wagner à réduire les tirs au cercle, puisque cela vient aussi du contexte collectif à Orlando.
En définitive, on a essayé de comparer, sur le plan statistique, Paolo Banchero et Franz Wagner, pour démonter les affirmations qui disent que Paolo Banchero serait un meilleur joueur que Wagner, et qu’il est, par conséquent, le franchise player du Magic. Que cela soit sur le plan de la finition, de la création ou de la défense, nous avons remarqué que ce n’était quelque chose qui se vérifie, et que ces deux joueurs sont plutôt d’un niveau équivalent.






