Après une première saison encourageante et un EuroBasket frustrant, Alexandre Sarr semble avoir trouvé ses repères dans la franchise du District of Columbia.
Dans une équipe qui ne parvient toujours pas à gagner des matchs, le français surnage et enchaîne des performances de haut standing. Sous les ordres de Brian Keefe, Alexandre Sarr joue comme l’un des meilleurs à son poste. Mais si le natif de bordeaux brille autant, c’est aussi parce que le système mis en place à Washington lui convient parfaitement. Décryptons ensemble la place d’Alexandre Sarr dans ce dispositif ainsi que les choix tactiques de Brian Keefe.
Métamorphose complète : efficacité, rebonds et intimidation
Les doutes évoqués autour d’Alex l’année dernière concernaient régulièrement ses choix de tirs. Lors de la saison 2024-2025, il tentait en moyenne 5 tirs à trois points par match pour 12 dans la raquette. Sur ces 5 tirs à trois points, il en réussissait en moyenne 1,6 par match, soit une efficacité d’environ 30 %. Cette crainte d’aller au contact dans la raquette est fréquente chez les jeunes joueurs NBA, souvent peu habitués à la dureté des frontcourt.
En revanche, tenter 5 tirs à trois points par match pour un pivot dès sa saison rookie est beaucoup moins courant. Pour se donner une idée, c’est autant que Victor Wembanyama dans sa première saison, lui aussi critiqué pour son volume de tirs derrière l’arc.
Mais cette saison, tout change : seulement 2,9 tirs à trois points par match pour une meilleure réussite, autour de 40 %, soit 1 tir réussi par match. Cette meilleure sélection de tirs lui permet de plus s’imposer dans la peinture et d’incarner le pivot dominant qu’il est destiné à devenir : 14,6 tentatives à deux points par match pour plus de 52 % de réussite.
En 11 matchs, Alex a inscrit 204 points, ce qui fait de lui le huitième pivot le plus prolifique de la ligue, devant des intérieurs comme Karl-Anthony Towns, Jaren Jackson Jr. ou encore Ivica Zubac. Sarr devient une véritable arme offensive, avec 18,5 points de moyenne par match.
Mais la métamorphose du numéro 20 de Washington ne se résume pas à sa meilleure sélection de tirs. Sa domination dans la raquette se matérialise aussi par une plus grande activité au rebond. Ses qualités athlétiques lui permettent de tourner à 8,4 rebonds par match, soit deux de plus que l’année dernière. Dans un match face aux Pistons, troisième équipe qui prend le plus de rebonds cette saison en NBA, le pivot français s’est illustré avec 15 prises. Ses statistiques au rebond, bien que impressionnantes, ne sont pourtant pas celles qu’on retient le plus chez Alex.
S’il est qualifié de dominant dans la raquette, c’est surtout pour son nombre ahurissant de contres par match. Loin derrière l’extraterrestre qu’est Victor Wembanyama, il est le deuxième meilleur contreur de la NBA, avec 2,5 contres de moyenne, faisant de lui une véritable force de dissuasion pour les attaques adverses.
Un pivot moderne au service de son équipe
Son utilisation tactique a également évolué cette saison. Le pivot dispose désormais de plus de responsabilités dans le jeu : il lui arrive de remonter la balle ou de créer pour ses coéquipiers. Il incarne parfaitement le pivot moderne, capable d’appliquer des systèmes où il devient la pièce maîtresse du jeu des Wizards. Depuis le début de saison, il a délivré 42 passes décisives, ce qui fait de lui le troisième pivot le plus passeur de la ligue. Cependant, ses responsabilités accrues de créateur ont aussi fait grimper ses pertes de balle, passant de 1,5 l’an dernier à 3 par match cette saison.
Il ne faut pas oublier qu’Alexandre Sarr possède bien d’autres qualités. Dans le podcast The Deep 3, De’Aaron Fox, considéré comme l’un des joueurs les plus rapides de la ligue, a d’ailleurs désigné le Français lorsqu’on lui a demandé quel était le pivot le plus rapide de la NBA.
Entouré de talents offensifs comme CJ McCollum, Kyshawn George ou encore le jeune Tre Johnson, Alex est décisif en pick & roll : il permet à ses coéquipiers de trouver des espaces dans des défenses bien organisées, comme face aux Pistons où McCollum a inscrit 42 points. Le retour de son compatriote Bilal Coulibaly, autre arme aussi bien défensive qu’offensive des Wizards, avec lequel Alexandre Sarr partage une grande complicité sur le terrain, devrait nous permettre de voir ces schémas de jeu encore plus fréquemment.
Au-delà des résultats décevants de son équipe, la progression individuelle d’Alexandre Sarr mérite qu’on s’y attarde. Où se situe aujourd’hui le jeune Français parmi les intérieurs de l’Est ? Dans une conférence où la hiérarchie reste ouverte, on peut légitimement se demander si Alexandre Sarr ne figure pas déjà parmi les six ou sept meilleurs pivots de la conférence.
Une franchise en reconstruction, tournée vers l’avenir
Toutefois, ne nous méprenons pas : malgré la belle forme d’Alexandre Sarr et sa montée en puissance dans le collectif, les Washington Wizards, avec un bilan de 1 victoire et 11 défaites au 15 novembre 2025, apparaissent comme l’une des équipes les plus faibles de la ligue. Certes, l’effectif est jeune, mais ce sont surtout le manque de profondeur et l’absence d’un projet clair qui se font cruellement sentir. Leur attaque affiche l’un des pires rendements de la NBA (Off. Rtg : 106,8, 28e sur 30) et leur défense est tout aussi en difficulté (Def. Rtg : 121,8, 29e sur 30). Le différentiel global les place au tout dernier rang.
Depuis trois ans, Washington a pourtant misé sur l’avenir : trois choix dans le top 10 de la draft : en 2023 avec Bilal Coulibaly (via échange), en 2024 avec Alexandre Sarr, et en 2025 avec Tre Johnson. Mais pour l’heure, les résultats collectifs ne suivent pas. Espérons que cette nouvelle saison de tanking leur permettra d’obtenir un bon choix à la loterie et de poursuivre la construction de leur projet.





