Portland Trail Blazers, une révolution dans l’Oregon

Jetés au cœur d’une Conférence Ouest âpre pour être gentil, abominable pour être juste, on ne donnait pas cher de la peau des Portland Trail Blazers. Une prédiction d’autant plus crédible lorsque Chauncey Billups, entraîneur depuis 2021, est arrêté par le FBI pour des affaires de paris illégaux. Pourtant, après 11 matchs, ils affichent un bilan positif (6 victoires pour 5 défaites) et un jeu qui redonne le sourire à tous les fans de Rip City, même face aux plus gros adversaires.

Du côté des Portland Trail Blazers, l’été fut… mouvementé ? Damian Lillard est revenu à la maison en boitant. Jrue Holiday est arrivé en échange d’Anfernee Simmons, DeAndre Ayton a quitté la mauvaise connexion Internet de Portland pour de l’ultra haut débit à Los Angeles, et Blake Wesley est venu garnir les lignes arrières de l’Oregon. Pour la draft, c’est Yang Hansen, un projet venu de Chine, qui a été choisi en 16ème position.

Mouvementé certes, mais l’ossature reste la même. Une ossature qui a fini l’exercice précédent sur une bonne dynamique et apporte un brin d’optimisme dans cette reconstruction pour les Portland Trail Blazers. 

L’agressivité défensive en ligne de mire

Les Blazers ont abordé cette saison avec un mot clé en tête, l’agressivité. Sous Tiago Splitter, fraîchement nommé en urgence pour son premier poste d’entraîneur principal, Rip City n’a jamais aussi bien porté son nom. Ils font vivre en enfer aux attaques sur un point commun à toutes les attaques de NBA : la remontée de balle. C’est une pratique qui fait son chemin en NBA et les Portland Trail Blazers en sont les pionniers. 

Interception de Blake Wesley contre James Harden. Crédit : NBA

Sur la première mi-temps du match contre les Clippers, ils ont inscrit 19 points sur perte de balle ! La saison dernière, le Thunder, qui excellait dans ce domaine, en marquait 21,8 points sur l’entièreté du match. Les interceptions sur pression tout terrain ont été légion depuis le début de saison. Pour donner un repère, un peu moins d’un quart des possessions défensives des Portland Trail Blazers ont commencé par une pression tout-terrain, soit le double de la deuxième équipe dans ce classement. 

Au-delà de l’aspect tactique, les Portland Trail Blazers ont le personnel défensif parfait pour adopter ce style. Toumani Camara, Blake Wesley (blessé pour 2 mois), Matisse Thybulle (également blessé), Shaedon Sharpe et Jrue Holiday représentent une escouade d’élite pour terroriser les attaquants. Des arrières et des ailiers avec de très longs bras, très mobiles et parfaitement organisés dans ce schéma. Un chaos organisé qui porte ses fruits dans une équipe qui peut avoir des difficultés à créer des différences en attaque. Pour reprendre le match contre les Clippers, ils ont été catastrophiques sur « attaque placée » mais magistraux en transition. 25% de leur possession offensive ont été des transitions et 90% de leurs interceptions ont mené à une contre-attaque. 

Nouvel exemple de pression tout-terrain par Matisse Thybulle. Crédit : NBA

Ils ont ainsi pu tenir le rythme des Clippers avant de lâcher, rattrapés par leurs lacunes en attaque et une adresse en vacances à Los Angeles.

Cette agressivité des Portland Trail Blazers se retrouve également en attaque. L’objectif est simple, attaquer le panier, agresser le panier, même. Deni Avdija est le représentant de cette philosophie. Il est le 4è joueur de toute la ligue avec le plus de drives par match (17,8). Au global, la franchise de l’Oregon est l’équipe qui attaque le plus le cercle. Des consignes très claires, appliquées à la lettre. 

Jrue Holiday, arrivé de Boston, apporte sa puissance et son… agressivité au sein d’une équipe totalement différente des champions NBA 2024. Bien heureusement, ces drives ne sont pas isolés. Toumani Camara permet à la fois d’écarter le terrain par son tir à longue distance, mais aussi par ses timings de « cut » qui sont souvent une solution supplémentaire pour le porteur de balle. 

Toumani Camara prolongé par les Portland Trail Blazers cet été. Crédit : DHNet

Toujours plus vite, toujours plus fort

Les équipes sont de plus en plus nombreuses à accélérer le tempo. Crédit : L’Equipe – Azad Rosay

Pour accompagner cette tendance, les Portland Trail Blazers jouent vite. Très vite. Tiago Splitter a expliqué les grandes lignes de son plan de jeu par rapport à son effectif. 

On s’est assis durant l’été avant que la saison ne commence et on a discuté de la façon de jouer collectivement. C’était un effort de tout le coaching staff de faire bien jouer cette équipe parce que l’on n’a pas de joueur dominant sur pick-and-roll. […] On va driver, on va faire des cuts, on va shooter. On doit jouer vite. » – Tiago Splitter.

Ainsi, ces Portland Trail Blazers sont la deuxième équipe qui joue le plus vite en NBA – derrière le Miami Heat. Deni Avdija profite pleinement de cette accélération du rythme pour provoquer le plus souvent possible. Comme on l’a dit, ils ne sont pas bons sur demi-terrain (22ème de la ligue en points par possession). Ils compensent donc par de la transition et une volonté accrue de jouer en première intention. Le résultat ? Les Blazers ont progressé en attaque en ne shootant qu’à 33% à 3-points depuis le début de la saison. 

L’ancien coach du Paris Basketball n’hésite pas à aligner des cinq très polyvalents, à la limite du Death Lineup – dans l’idée tout du moins. Des quintettes composés de Jrue Holiday – Toumani  Camara – Matisse Thybulle – Deni Avdija et Jerami Grant exploitent pleinement une idée de jeu centrée autour du drive, des coupes et du rythme. 

Cette vitesse leur permet de scorer, même en l’absence d’un joueur dominant. Le duo d’intérieur Zubac – Lopez des Clippers a bien mis en évidence cette faiblesse. Deni Avdija a été en grande difficulté face à ce duo qui a souvent empêché les drives d’aboutir à un panier, grâce à leur dissuasion.

La solution est donc toute trouvée. 

Deni Avdija part tout de suite en contre-attaque pour marquer au panier et éviter Hartenstein. Crédit : NBA

L’analyste des Portland Trail Blazers Tom Haberstroh a justement expliqué dans le match contre les Warriors qu’ils jouaient « plus vite que la plus rapide des équipes de l’année dernière ». 

Cette philosophie de jeu leur a permis – malgré les blessures de Lillard, Scoot Henderson, Blake Wesley et Matisse Thybulle – d’afficher un bilan positif. Le tout en ayant déjà affronté le Thunder, les Nuggets, le Heat, les Wolves et les Warriors. Ils ont même été la première équipe à faire tomber un champion en titre qui paraît indétrônable, cette année. 

Alors simple surprise de début de saison ou équipe vraiment compétitive ? Les Portland Trail Blazers pourraient être la belle histoire de cet exercice 2025-26. Si ce départ se confirme, ils seront de vrais concurrents au Play-In Tournament dans une conférence Ouest qui, on le rappelle, est abominable. En attendant de se projeter plus loin, les jeunes gars de l’Oregon apportent un vent de fraîcheur sur la NBA. 

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