Steph Curry et Jonathan Kuminga, Golden State Warriors

Générations croisées : les Warriors à l’épreuve du temps

Dans cette arène moderne qu’est la NBA, les Warriors incarnent la noblesse et la rage des anciens combattants avec un cinq majeur doté d’une moyenne d’âge de 36 ans. Cependant, il serait réducteur de résumer cette équipe à leurs stars et d’oublier leur profondeur de banc, avec un vivier de talents plus que prometteurs et de jeunes joueurs prêts à prouver qu’ils ont leur place dans l’effectif.

Ainsi, il est intéressant de se demander comment ces guerriers de la Baie vont parvenir à faire des liens entre les générations et à mettre leur différence d’âge de côté pour se concentrer sur leur seul objectif : tenter d’accrocher le top 4 d’une conférence ouest plus que relevée.

Cet article a été écrit par Lucas Olivier.

Les vétérans des Warriors

Cette équipe des Golden State Warriors, cette saison, semble à deux visages : deux têtes, deux approches différentes du jeu, presque deux identités qui cohabitent. D’un côté, les vétérans, garants de la culture de la victoire et du jeu collectif légué par la dynastie. De l’autre, les jeunes, portés par l’énergie, la vitesse et l’envie de prouver qu’ils peuvent écrire l’histoire à leur tour.

En effet, d’un côté, quand nous pensons aux Warriors, nous pensons tout de suite à la dynastie qui a fait trembler la ligue quelques années en arrière en gagnant près de quatre titres durant la dernière décennie.

Cette légion de gladiateurs s’apprête à livrer l’un de ses derniers combats, animée par la même flamme qui a bâti sa légende. Stephen Wardell Curry, le stratège du Chase Center, orchestre toujours la bataille à coups de flèches longues portées. Il a d’ailleurs commencé la saison en trombe en étant le premier joueur de toute la ligue à atteindre les 100 points en seulement trois matchs, confirmant qu’il reste l’un des tireurs les plus redoutables de l’histoire.

À 37 ans passés, le Chef est évidemment conscient qu’il n’aura plus beaucoup d’occasions d’ajouter un cinquième titre à son palmarès et il a tenu à prouver qu’il n’avait rien perdu de son éclat en signant une performance de haute volée face à Denver avec 42 points inscrits et une présence ultra clutch dans les prolongations, scellant ainsi la victoire des siens.

À ses côtés, Draymond Green, le bouclier de l’armée, finaliste du DPOY 2025, continue d’incarner l’âme défensive de la franchise. À 35 ans, il veut prouver qu’il n’a rien perdu de sa hargne, prêt à encaisser, protéger et galvaniser ses frères d’armes. Il s’est d’ailleurs illustré contre Nikola Jokic en se coordonnant avec Al Horford pour le limiter à 21 points et surtout le gêner au tir sur la possession de fin de match qui offrira les prolongations puis la victoire aux joueurs des Warriors.

Pour le soulager dans sa tâche, Al Horford, qui remplace Kevon Looney, du haut de ses 39 ans, apporte son adresse, sa défense et son expérience, et il est bien déterminé à prouver qu’il peut encore faire la différence dans sa nouvelle franchise.

Une nouvelle pièce s’est aussi ajoutée à la machine : Jimmy Butler. Longtemps perçu comme le guerrier solitaire de Miami, il pourrait bien être la pièce manquante des Warriors. Son jeu en pénétration apporte une agressivité nouvelle, capable de provoquer des fautes dans les moments sous haute tension, comme il nous l’a prouvé dans le premier match de la saison face aux Lakers en plantant 31 points.

Sa présence étire les défenses, libérant ainsi un peu plus Stephen Curry, qui n’est plus la seule option offensive. À ces principales options offensives vient s’ajouter Buddy Hield, capable, sur un match, de devenir le facteur X des Warriors en faisant pleuvoir les trois points, même si on attend encore un peu plus de régularité et de constance de sa part. Tous ces joueurs, aussi talentueux soient-ils, sont tout de même plus près de la fin de leur carrière que de leur début.

Les nouveaux visages de Golden State

Néanmoins, inutile de vous rappeler qu’une saison NBA compte 82 matchs, et il sera donc difficile pour nos vétérans de porter l’équipe à bout de bras tout au long de l’année et Steve Kerr en a pleinement conscience. En termes de profondeur de banc, les Warriors sont loin d’être démunis. Après un été de négociations haletantes, Jonathan Kuminga, loin d’être rancunier, répond présent dès le début en terminant notamment meilleur marqueur et rebondeur des Warriors avec 25 points et 10 rebonds dans la démonstration collective face à Memphis.

« JK a été fantastique », a affirmé Steve Kerr en conférence de presse. « On dirait qu’il a trouvé sa place dans ce groupe, à jouer avec Jimmy (Butler) et Draymond (Green). La manière avec laquelle il va au rebond, avec laquelle il attaque le cercle, c’est ce qui le rend spécial. Ses qualités athlétiques, sa force… Quand il joue avec ce talent, ces capacités, cela change notre équipe. Et cela change son jeu. Il a été excellent. »

Dans un tout autre registre, Brandin Podziemski assume avec joie son rôle de meneur remplaçant lorsque Curry est sur le banc et a pu montrer de belles choses sur ses deux premières années, mais il doit encore élever son niveau de jeu, car il reste une 4e option offensive, derrière Jonathan Kuminga et les deux leaders Stephen Curry et Jimmy Butler, voire 5e option lorsque Buddy Hield est dans un bon soir. L’arrière originaire du Wisconsin ne cache pas ses ambitions de devenir la relève du Chef aux Warriors lorsqu’il prendra sa retraite.

L’organisation des Warriors commence déjà à entrevoir l’après-dynastie, préparant avec soin la relève qui prendra le flambeau lorsque ces légendes tireront leur révérence. « On adore avoir BP avec nous. Il a été une pièce essentielle de notre équipe ces deux dernières années, tout comme certains jeunes qu’on a sélectionnés au premier tour, au deuxième, ou récupérés, non-draftés, peu importe. On se sent bien avec notre jeune groupe. Mais qui sait à quoi tout cela ressemblera dans cinq ans ?

Pour l’instant, on veut juste se concentrer sur cette saison, construire la meilleure équipe possible, et on franchira les étapes suivantes en temps voulu », affirme le GM Mike Dunleavy. En effet, ces deux dernières années, la franchise de San Francisco a fait preuve d’un véritable flair à la draft. L’an passé, les Warriors ont sélectionné Quinten Post en 52ᵉ position, un pari payant puisqu’il a réalisé une première saison prometteuse, tournant à près de 40 % de réussite à trois points, de bon augure pour la suite. Il s’est récemment illustré face aux Clippers en apportant du rythme pour finir à 12 points et 8 rebonds.

Cette année, ils ont récidivé en choisissant Will Richard à la 56ᵉ place. Et le jeune arrière de 1m91, qui a aidé la Floride à remporter le championnat national NCAA avant d’être invité au camp élite de la G League, s’est déjà fait une place dans la rotation. Avec 18 minutes de jeu en moyenne, il affiche 6 points par match, 54 % de réussite au tir, 2,7 rebonds, 2 passes décisives et 1,3 interception par rencontre en moyenne. Autant dire que Will Richard ressemble déjà à un très bon coup pour les Warriors.

À première vue, l’entrelacement et la cohabitation entre ces deux générations peuvent sembler impossibles. Et pourtant, ils arrivent à fusionner leurs forces et leurs styles pour redonner aux Warriors le visage d’une équipe capable de rivaliser avec les meilleurs.

Non seulement nous avons affaire à un groupe animé par une grande complicité, mais ces légendes jouent aussi un rôle clé d’inspiration pour les rookies. Par exemple, Chaunce McMillian, coupé en début de saison pour aller jouer avec les Santa Cruz Warriors, qui était ravi de prendre sa photo avec son idole de toujours portant le numéro 30 lors du Media Day, a avoué comment son travail acharné l’a poussé à devenir meilleur.

Mais je vais surtout m’en servir comme motivation constante, parce que c’est le meilleur shooteur de tous les temps. Et ça va me pousser à travailler dur pour arriver à son niveau. Tout le monde n’a pas la chance d’avoir un vétéran comme Steph Curry, – Chance McMillian.

La manière dont ces jeunes montent en puissance au fur et à mesure des matchs réside donc majoritairement dans le fait que Steph Curry, qui s’est vu offrir le titre de Twyman-Stokes Teammate of the Year Award en 2025, incarne un modèle et un exemple en termes d’éthique de travail et de discipline. Ces talents s’entourent de l’un des meilleurs shooters de l’histoire, et celui qu’on appelait Baby-faced assassin semble prendre son nouveau rôle très à cœur.

Il faut également louer le staff de Steve Kerr, qui s’efforce de faire les liens entre les générations en distribuant ses minutes de façon bien répartie et transforme cette différence d’âge apparente en leur principal atout, en alliant la fougue de la jeunesse, capable de marquer rapidement en transition quand le rythme du match s’emballe, et l’expérience des vétérans, en capacité d’organiser de façon réfléchie le jeu quand chaque panier compte en fin de match.

La confiance que Steve Kerr donne à ses joueurs est la principale raison de cette alchimie aux Warriors : tout le monde a le droit de prendre des shoots et chacun est capable de se montrer quand l’occasion se présente. Leurs opposants auront donc du pain sur la planche pour se défaire de ce serpent à deux têtes qui sait se diversifier pour pouvoir surprendre la défense adverse.

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