EuroBasket 1993 : l’Allemagne choque l’Europe

2 ans après l’EuroBasket 1991, le monde a grandement changé. Sans surprise, la balle orange est également affectée. Alors qu’on arrive à l’édition de 1993, qui va pouvoir profiter de ce vide laissé par le départ des anciens pouvoirs pour triompher?

EuroBasket 1993, deux fois plus grand

L’Olympiahalle, arène de la phase finale de l’EuroBasket 1993. Crédit : www.olympiapark.de

Pour la première fois, une Allemagne unifiée organise l’EuroBasket. 16 équipes se sont affrontées entre le 22 et 4 juin 1993 dans 3 villes allemandes : à Berlin dans la Salle de l’Allemagne, avec une capacité de 8 500 places, à Karlsruhe dans la Salle de l’Europe, avec 5 000 places et à Munich dans la Salle Olympique, pouvant accueillir 10 800 spectateurs.

L’EuroBasket 1993 était initialement prévu pour 12 équipes. Cependant, après la fin des qualifications, la FIBA Europe a décidé de l’élargir à 16 équipes. La principale raison de cette décision était les changements politiques en Europe de l’Est : l’Union soviétique et la Yougoslavie s’étaient désintégrées. Les équipes de ces deux pays avaient jusqu’alors complètement dominé les compétitions européennes de basketball.

La Yougoslavie était tenante du titre, mais elle a été exclue de toutes les compétitions sportives internationales à la suite des sanctions prises à l’encontre de la République fédérale de Yougoslavie. La Russie a été désignée comme successeur de l’équipe soviétique et a participé pour la première fois à un tournoi majeur en tant que pays indépendant.

Comme les équipes des nouvelles nations souveraines, notamment la Croatie, médaillée d’argent aux Jeux olympiques de 1992, et la Lituanie, médaillée de bronze, n’avaient pas eu l’occasion de participer aux qualifications, la FIBA Europe a organisé un tournoi de qualification supplémentaire afin de donner à certaines de ces équipes une chance de participer au championnat. Ce tournoi supplémentaire s’est déroulé à Wrocław, en Pologne, un mois avant l’EuroBasket. Les équipes se sont affrontées par groupes de quatre. Les groupes A et C à Karlsruhe, les groupes B et D à Berlin. Les trois meilleures équipes de chaque groupe se sont qualifiées pour le deuxième tour de l’EuroBasket 1993.

Les 12 équipes qualifiées pour le deuxième tour ont été réparties en deux groupes de six équipes chacun, l’un comprenant les trois meilleures équipes des groupes A et B, l’autre les trois meilleures équipes des groupes C et D. Groupe E à Karlsruhe, groupe F à Berlin. Les résultats du tour précédent ont été reportés, mais uniquement ceux contre les équipes qui s’étaient qualifiées pour le deuxième tour de l’EuroBasket 1993.

Après le deuxième tour, les quatre meilleures équipes de chaque groupe se sont qualifiées pour la phase à élimination directe de l’EuroBasket 1993, avec les matchs se déroulant à Munich. Les équipes éliminées en quarts de finale ont disputé un tournoi de consolation pour les places 5 à 8 du classement final.

Les joueurs bosniens qui ont défié la mort

La guerre en ex-Yougoslavie faisait encore rage en 1993, et une démonstration de cette réalité se trouve en l’histoire de l’équipe de Bosnie-Herzégovine. À la mi-février 1993, sept joueurs étaient prêts à recevoir une invitation pour quitter Sarajevo assiégée et se rendre en Croatie afin de se préparer pour le tournoi de qualification en Pologne.

Cependant, il n’y avait qu’un seul moyen de sortir de la ville, et celui-ci consistait à traverser l’aéroport, qui était contrôlé par les forces serbes. Ils devaient également éviter les véhicules de la FORPRONU qui les renverraient s’ils étaient pris. Le risque était énorme, et la date de la fuite fut donc gardée dans le plus grand secret jusqu’au dernier jour.

Le directeur technique, Jovica Rokvić, gardait secrète la date de l’opération, même face au président bosnien Alija Izetbegović. Le 31 mars 1993, les joueurs ont été appelés à faire leurs bagages et à n’emporter que le strict nécessaire. Mirza Delibašić et les joueurs ont reçu l’autorisation du gouvernement bosnien de quitter la ville, mais à quoi cela leur servait-il alors qu’il y avait un risque sérieux que certains d’entre eux ne survivent pas à la course de 500 mètres à travers la piste d’atterrissage ?

Les joueurs et le staff technique sont indiqués en bleu, les positions des forces serbes d’où ils ont été pris pour cible sont indiquées en rouge, et la flèche indique le chemin que Mirza et les joueurs ont dû emprunter pour sortir de la ville. Crédit : bhlopta.com

Le problème est survenu lorsque le guide a vu plusieurs cadavres à l’aéroport. Les corps gisaient là depuis des jours et personne ne les avait ramassés pour leur donner une sépulture digne. Le guide a pris peur et s’est enfui. Mirza et les joueurs ont dû se débrouiller seuls.

Lorsque nous sommes tombés sur les cadavres, le guide a laissé Mirza et moi au milieu de la piste, et nous deux, si vous me permettez l’expression, nous ne savions plus si nous partions ou si nous arrivions.” a déclaré Rokvić.

À mi-chemin de la piste, Mirza me dit qu’il n’en peut plus et qu’il doit allumer un feu. Je lui réponds : “C’est douloureux, Mirza, comment allons-nous allumer un feu ici, ils vont nous voir, ils vont nous tuer.” Mirza me répond : “Eh bien, je dois allumer un feu.” Mirza était déjà gravement malade, ses jambes lui faisaient mal, et le terrain était humide et couvert de neige. Il avait beaucoup de mal à marcher.”

Heureusement, toute la délégation a quitté la ville et s’est dirigée vers Hrasnica, à Ilidža, dans le territoire libre où vivait Sabit Hadžić, ancien joueur de Bosnie et ancien joueur de l’équipe nationale yougoslave.

Quand je les ai vus, je n’ai même pas reconnu certains des joueurs tant ils avaient maigri. J’étais très heureux de les voir, d’autant plus que je ne savais même pas qu’ils venaient. Ce n’est que lorsqu’ils ont quitté la ville que j’ai appris que Mirza et les joueurs venaient et qu’ils attendaient de l’aide”, a déclaré Hadžić.

Le HVO (Conseil de défense croate) de Sarajevo a autorisé les joueurs à entrer librement en Croatie en passant par les positions contrôlées par l’armée croate en Bosnie, mais qui sait ce qui se serait passé si cet intéressant groupe de basketteurs de Sarajevo avait décidé de voyager quelques jours plus tard. En effet, au moment même où ils entraient en Croatie, la guerre entre les Musulmans bosniaques et les Croates s’intensifiait.

Il n’y a pas eu de problèmes. À Čapljina, la police militaire nous a arrêtés parce qu’il y avait un couvre-feu. Quand nous leur avons expliqué qui nous étions et ce que nous faisions, ils ont été très surpris. “Quelle équipe nationale? Quel championnat d’Europe? Il y a une guerre ici, et vous parlez d’un match de basket.” Nous sommes entrés en Croatie à Metković et nous nous sommes dirigés vers Split. » a raconté Rokvić

Nous nous sommes arrêtés à Grip et avons dormi dans le bus. Le matin, la police nous a réveillés et lorsque nous leur avons expliqué qui nous étions, ils nous ont laissés partir. Nous sommes ensuite allés à la gare routière et avons pris le bus pour Zagreb.”

Les sept joueurs de Sarajevo ont été rejoints en Croatie par un trio qui jouait à l’étranger : Sabahudin Bilalović, Emir Mutapčić et Mario Primorac. Fin mai, l’équipe nationale s’est rendue à Wroclaw, en Pologne, pour les éliminatoires de l’EuroBasket en Allemagne.

Les favoris de l’EuroBasket 1993

Sans le vainqueur de la précédente édition, l’Italie fait partie des équipes favorites en 1993 sur le papier. Avec Nando Gentile, nommé dans le 5 majeur de l’EuroBasket 1991, l’équipe est à surveiller dans ce tournoi. Cependant, l’équipe italienne est sans Antonello Riva et Walter Magnifico, deux joueurs très importants lors du tournoi précédent. Attention donc au faux pas.

L’Espagne, médaillée de bronze au Championnat d’Europe 1991, veut se rattraper après des Jeux Olympiques décevant à domicile. Pour cela, Antonio Martín Espina va devoir encore une fois jouer un rôle important. En 1992, la Croatie a participé à son premier tournoi international et a fini à la 2e place, vaincue en finale par la Dream Team. Sans surprise donc, elle fait partie des équipes favorites pour l’EuroBasket 1993. Hélas, le pays est privé de son fils le plus prodigieux.

Dražen Petrović est décédé dans un accident de la route vers 17 h 20 le 7 juin 1993, un jour après que la Croatie ait terminé son tournoi de qualification en Pologne. Sur l’autoroute 9 détrempée par la pluie, il était passager d’une voiture qui a été percutée par un semi-remorque à Denkendorf, près d’Ingolstadt en Bavière.

Selon le rapport de la police, cet après-midi-là, un camion a franchi le terre-plein central de l’autoroute ; le conducteur tentait d’éviter une collision avec un véhicule particulier circulant sur sa voie et a perdu le contrôle de son camion, qui a percuté la barrière centrale avant de s’immobiliser et de bloquer les trois voies de circulation en sens inverse.

Le 7 juin 1993, la superstar croate est décédée dans un accident de la route entre Denkendorf et Ingolstadt. Il dormait et ne portait pas sa ceinture de sécurité. Photo : Kastl
La Golf après l’accident. Crédit : Kastl

Quelques secondes plus tard, la Volkswagen Golf dans laquelle Petrović dormait sur le siège passager a percuté le camion, et Dražen a été éjecté du véhicule. Petrović est inhumé le 12 juin 1993. Sa mort a été un drame national, impactant non seulement le basket croate, mais le pays nouvellement indépendant dans son intégralité.

C’est difficile à imaginer ici, aux États-Unis, car vous avez tellement de grands joueurs”, a déclaré son frère Aleksandar “Aco” Petrović au New York Daily News. “Mais nous sommes un pays de quatre millions d’habitants. Sans lui, le basketball fait trois pas en arrière.”

Sans Petro, la pression est sur Dino Rađa, qui va devoir guider une équipe encore en deuil après cette tragédie. La Croatie va également devoir se passer de Toni Kukoč, le jeune prodige MVP du précédent EuroBasket, parti aux États-Unis pour rejoindre les Chicago Bulls.

Un absent notable est la Lituanie. En effet l’équipe qui a fini 3e lors des JO de 1992 a complètement raté son tournoi de qualification en Pologne, ne passant même pas la première phase à Wrocław. Dans ce contexte, les nations qui ont formé l’équipe unifiée à Barcelone, la Russie et la Lettonie, sont considérées comme les outsiders avant le début de l’EuroBasket 1993.

L’Allemagne triomphe à domicile

Ce fut pour le moins une énorme surprise, voire une sensation. L’équipe allemande a remporté la médaille d’or de l’EuroBasket devant son public en 1993. Pour une nation qui n’avait jamais terminé dans les quatre premières places d’une compétition majeure auparavant, ce fut un exploit incroyable, qui reste l’un des plus grands bouleversements de l’histoire du basket-ball européen.

Malgré le streetball, la Dream Team américaine, Michael Jordan et Detlef Schrempf, le basketball restait un sport marginal en Allemagne au début des années 1990. L’équipe nationale, en particulier, manquait de prestige et ne s’était même pas qualifiée pour les deux derniers EuroBaskets.

Košarka, Srbija i Evrobasket: Svetislav Pešić, košarkaški stvaralac i  autoritet koji osvaja trofeje - BBC News na srpskom
Svetislav Pešić, sélectionneur de l’Allemagne. Crédit : Getty Images

À l’approche des Championnats d’Europe, la situation autour de l’équipe allemande était loin d’être rose. Des querelles entre l’entraîneur Svetislav Pešić et Christian Welp, qui allait devenir le héros et le MVP de l’EuroBasket, avaient provoqué une agitation considérable, et donc également des problèmes avec le comité exécutif de la DBB.

Welp devait être absent à la demande de Pešić. Le pivot avait manqué le début de la préparation d’avant-tournoi.Comme le centre, qui travaillait alors aux États-Unis, ne souhaitait participer qu’à une partie des préparatifs du Championnat d’Europe avec l’équipe, Pešić avait décidé de renoncer à Welp. Ce n’est que sous la pression de la direction de la fédération et à la demande expresse de l’équipe que Welp a finalement intégré l’équipe. Il a immédiatement envisagé de démissionner de son poste d’entraîneur national, mais a finalement décidé de rester jusqu’à la fin du tournoi.

En tout cas, rien ne laissait présager un grand succès à l’approche des Championnats d’Europe. Comme Detlef Schrempf était également absent de l’équipe, officiellement en raison d’une blessure au genou, les attentes n’étaient pas particulièrement élevées.

Et les sceptiques semblaient avoir raison. Lors du premier match du groupe D à Berlin contre l’Estonie, les hôtes ont littéralement été surclassés. Outre les 16 tirs à trois points de l’Estonie lors de la défaite 103-113 et les 30 points d’Aivar Kuusmaa, il y avait aussi la déception d’une salle à moitié vide avec seulement 3 800 spectateurs. L’entraîneur national Pešić était hors de lui.

Tout volait, il donnait des coups de pied dans les poubelles et jurait en serbe”, se souvient Hansi Gnad, le capitaine de l’équipe.

La victoire 93-64 contre la Belgique avec une excellente première mi-temps et où 5 joueurs ont marqué plus de 10 points a été rassurante, mais elle a été suivie de la première performance convaincante de l’équipe de l’Allemagne : une victoire 79-57 contre la Slovénie avec 38 points cumulés d’Henning Harnisch et Mike Jackel face à l’équipe qui avait vaincu la Croatie en Pologne quelques semaines plus tôt. C’est bon, l’équipe est lancée.

Mais les problèmes ont continué. Défaite contre la France 56-64 pour commencer le groupe F à cause du duo Frédéric ForteJim Bilba. Après cela, une autre défaite, cette fois-ci contre la Croatie, 63-70. L’équipe ne pouvait rien faire contre Rađa et ses 22 points.

Désormais, plus le droit à l’erreur. L’Allemagne doit battre la Turquie pour atteindre les quarts de finale. Après avoir été menée 38-39 à la mi-temps, et avoir été dos au mur, l’Allemagne fait une deuxième période exemplaire. Victoire 77-64 contre les Turcs, avec Harnisch et Welp ont combiné pour 29 points ensemble, et ont envoyé la Mannschaft à Munich. Sous la houlette de Kai Nürnberger, les Allemands ont livré leur meilleur match jusqu’à présent, même si les supporters turcs avaient pris le contrôle du stade.

Nous nous sommes dit : “Nous devons montrer aux supporters adverses que nous sommes capables de faire quelque chose” ”, explique Gnad. “Même si nos propres supporters ne nous soutiennent pas, nous devons le faire.”

Ses adversaires en quarts de finale étaient les Espagnols, favoris, qui abordaient le match en tant que meilleure équipe du groupe E, avec un bilan de 4-1. Personne ne donnait aux Allemands une chance, et pourtant, ils ont poussé le match jusqu’en prolongation. C’est Welp qui a non seulement marqué le panier de la victoire pour le score de 79-77, mais qui s’est également illustré pendant tout le match, avec 23 points, 16 rebonds.

Nous n’aurions jamais imaginé pouvoir prétendre à une médaille”, se souvient Hansi Gnad. “Notre objectif était d’atteindre les quarts de finale à Munich, nous pensions que ce serait une bonne publicité pour ce sport en Allemagne.”

Pour sa première demi-finale, l’Allemagne affronte une Grèce revitalisée après un EuroBasket 1991 décevant. Les Grecs n’ont pris l’avantage qu’une seule fois, immédiatement après la mi-temps, mais avec une avance de 74-65 à deux minutes de la fin, l’Allemagne semblait avoir assurée une place en finale avec encore une fois Welp en héros… mais la Grèce pousse, et pousse, et est proche d’une remontée spectaculaire. Hélas, elle s’incline 76-73, et l’Allemagne va en finale pour la première fois de son histoire.

L’Olympiahalle était comble pour la finale contre la Russie. Nürnberger a connu une journée brillante. Le meneur de jeu a marqué neuf des 15 points de l’Allemagne au cours des cinq premières minutes, et a été décisif de bout en bout. Sergei Babkov, avec ses 22 points, a permis aux Russes de rester coller aux hôtes et de maintenir le suspense jusqu’au bout.

Les dernières secondes du match sont particulièrement mémorables. Alors que le score était de 68-70 en faveur des Russes, le meneur Nürnberger a foncé vers le panier adverse à dix secondes de la fin, a passé le ballon à Welp, qui a dunké à 3,9 secondes de la fin, a été victime d’une faute et a obtenu un lancer franc supplémentaire. Le pivot l’a converti sans encombre, et le dernier tir à trois points désespéré des Russes a touché le cercle du panier allemand. L’Allemagne remporte l’EuroBasket 1993. Pešić a décrit le triomphe allemand de 1993 comme suit :

Il s’agit de continuité, car sans continuité, il n’y a pas de succès. L’année précédant le Championnat d’Europe, nous avons battu de nombreuses grandes équipes lors des qualifications pour les Jeux Olympiques de 1992 à Barcelone.”

Parmi elles figuraient les équipes croate et grecque. Et lors des Jeux Olympiques eux-mêmes, nous avons battu l’Espagne. Cela nous a donné une grande confiance en nous. Pour beaucoup, cela a pu sembler être un miracle, mais pas pour nous. Nous avions une très bonne équipe et nous n’avions rien à envier à personne.”

Once Upon a Time: 1993 - DBB
Christian Welp, le héros de l’Allemagne. Crédit : DBB

Après son excellent tournoi et son triomphe avec l’Allemagne, le pivot Christian Welp est nommé MVP de l’EuroBasket 1993. Il est rejoint dans l’équipe type de la compétition par Sergei Bazarevich, Jordi Villacampa, Fanis Christodoulou et enfin Dino Rađa.

Le retour des Russes

Certes, une défaite en finale de cette manière fait toujours très mal. Mais la médaille d’argent signifiait une chose : la Russie n’a pas dit son dernier mot. Si pendant ses dernières années, l’URSS a pu compter sur beaucoup de talent des pays baltes, la Russie a démontré en 1993 que son vivier national restait d’une bonne qualité.

Dans le match d’ouverture de l’EuroBasket 1993, la Russie a dominé la Bosnie-Herzégovine en première mi-temps, menant 49-27 à la pause. Grâce à une belle performance collective où 6 joueurs ont marqué plus de 10 points, les Russes l’ont emporté 99-77, résistant ainsi aux 24 points de Mario Primorac.

Le reste du groupe A ne s’est pas très bien passé cependant. Le lendemain, ils se font surprendre en première période, et sont menés 51-43 à la mi-temps. Torbjörn Gehrke a été très difficile à contenir pour la Russie, lui qui finira le match avec 24 points. Un valeureux retour sera fait en deuxième période pour arracher des prolongations, mais les Russes n’avaient plus rien à offrir. Ils s’inclinent alors 100-92.

Lors du dernier match de groupe, la Russie affronte l’un des favoris du tournoi : l’Espagne. Les joueurs de Yuri Selikhov tiennent bon, retournant au vestiaire avec un score de 38-38. Sergei Babkov a réalisé un excellent match avec 24 points, mais en deuxième période, le duo Villacampa-Martín Espina qui a combiné pour 42 points ensemble, a pris le contrôle de la rencontre. Défaite 86-75.

Heureusement pour les Russes, la Bosnie-Herzégovine a battu la Suède 89-69 plus tôt dans la journée. Ainsi, à la différence de points dans les rencontres directes, la Russie termine deuxième derrière les Espagnols invaincus, et devant les Bosniens qui éliminent les Suédois.

Placée dans le groupe E, la Russie enchaîne alors les victoires. 72-91 contre la Lettonie avec 41 points combinés de Sergei Bazarevich et Andrei Fetisov où les Russes ont réalisé une très belle deuxième période (32-44). 67-84 contre la Grèce avec 36 points d’un immense Bazarevich et encore une fois une deuxième période qui a fait la différence (29-42). Et enfin, la victoire qui a bel et bien signé le statut de prétendant de la Russie : 95-69 face à l’Italie.

Pourtant menés 44-48 à la pause, les Russes ont dominé les finalistes du précédent EuroBasket : 51-21 en deuxième période. Le duo Bazarevich-Fetisov a encore frappé, terminant avec 47 points cumulés, et ils ont éliminé l’Italie de l’EuroBasket 1993.

Avec un bilan de 4-1, la Russie se place derrière l’Espagne et devant la Grèce dans le groupe E à cause de la différence de points dans les rencontres directes. 2e, ils vont affronter la 3e équipe du Groupe F, les voisins estoniens. Après une victoire 82-61 tranquille grâce aux 18 points de Dmitri Sukharev et Andrei Fetisov, la Russie s’est qualifiée pour les demi-finales où leur plus grand test se tenait face à eux : la Croatie.

Dans ce qui était la meilleure performance russe de la compétition, l’équipe a contrôlé la demi-finale du début à la fin, s’imposant 84-76 contre les Croates, avec 45 points cumulés des deux Sergei, Bazarevich et Babkov. Pour son premier tournoi international, la Russie atteint la finale de l’EuroBasket 1993.

EuroBasket Final 1993: Germany seizes chance to win Gold
La Russie était si proche de son premier titre pour son premier tournoi international. Crédit : photographe inconnu

Les Russes peuvent encore se demander ce qu’il se serait passé si Mikhail Mikhailov n’avait pas fait faute sur Christian Welp. Mais malgré la défaite, la Russie pouvait être fière de son parcours, et a démontré que le basket russe était bel et bien en vie.

Alors que la situation géopolitique en Europe continue à évoluer, et que les anciennes puissances du basket se désintègrent, il paraît difficile de visualiser qui pourrait prendre la place sur le trône continental. Mais les EuroBaskets suivants verront une “nouvelle” force émerger.