Quatorze jeunes talents français ont disputé la NBA Summer League 2025 qui s’est déroulée à Las Vegas. Les joueurs ont alterné des performances éclatantes et des passages plus discrets. Entre confirmations, promesses fragiles et déceptions, cette édition marque une étape cruciale pour l’avenir du basket tricolore.
Pendant dix jours, du 10 au 20 juillet, Las Vegas s’est transformée en lieu d’apprentissage pour les jeunes basketteurs. Chaque été, la Summer League devient le terrain de chaque franchise pour tester leurs rookies, relancer des joueurs et découvrir des profils atypiques. Cette année, la présence française s’est faite remarquer avec quatorze joueurs engagés.
Parmi eux, certains ont confirmé les espoirs placés en eux, d’autres ont montré quelques promesses, tandis que quelques-uns ont laissé une impression plus floue, voire inquiétante. La Summer League, plus exigeante qu’il n’y paraît, a permis de dresser un premier état des lieux très instructif avant le début de la saison régulière et la préparation de l’EuroBasket.
Ils ont répondu présent
Plusieurs Français ont brillé pendant la Summer League, confirmant leur potentiel et attirant l’attention de leurs staffs. Noa Essengue, Tidjane Salaün, Joan Beringer, Maxime Raynaud, Noah Penda, Alexandre Sarr et Rayan Rupert ont su imposer leur style avec efficacité.
Noa Essengue, 12ème choix de la Draft 2025 et premier français, s’est imposé comme un pilier défensif et un attaquant fiable. Le pivot des Chicago Bulls a tourné à 12,7 points et 5,3 rebonds en près de 25 minutes. Son match à 21 points contre les Pacers a marqué les esprits, bien qu’il ait aussi été spectaculairement postérisé par Johnny Furphy sur une action devenue virale sur les réseaux sociaux :
« Il n’y a pas de meilleur moment pour attaquer et créer des situations en un-contre-un qu’en transition. Ce qui est formidable avec ses qualités, c’est que dès qu’il prend le rebond, il peut pousser le ballon en contre-attaque, ce qui nous permet d’accélérer le jeu. » analyse Billy Donovan III, coach de l’équipe de Summer League des Bulls.
Tidjane Salaün, à cause d’une tendinite au tendon d’Achille, n’a joué que les trois premiers matchs avec les Hornets. Le 6ème choix de la Draft 2024 a affiché 14 points, 5,7 rebonds et 1,3 interception de moyenne, contribuant activement au bon départ de Charlotte, qui a ensuite remporté le titre (une première pour la franchise). Son explosivité, sa capacité à finir en transition et sa densité physique ont été particulièrement remarquées. Il a su s’imposer comme une vraie menace des deux côtés du terrain.
Joan Beringer de son côté a crevé l’écran avec un premier match à 6 contres, en plus d’un apport défensif constant. Même si la suite a été un peu plus compliquée, son envergure et sa verticalité ont posé de gros problèmes à ses adversaires. Le 17ème choix de la Draft 2025 a également montré de réelles intentions offensives, avec de bons choix près du cercle.
Maxime Raynaud, intérieur des Kings de Sacramento, a impressionné par sa constance avec 12,8 points, 6 rebonds en 24 minutes de moyenne, et une place en finale de la Summer League à la clé. Possiblement le meilleur Français de cette Summer League; avec sa science du placement, son tir fiable et sa mobilité sur pick-and-roll en font un joueur moderne, capable d’évoluer dans plusieurs registres.
« Je pense que je suis capable d’amener de la variété dans le jeu offensif. Après, je vais surtout devoir être capable de me montrer en défense : être présent en sortie d’écran, m’imposer physiquement et prendre des rebonds », explique-t-il dans les colonnes de l’Equipe.
Noah Penda, très en vue avec Orlando, a affiché 11,3 points, 7,7 rebonds et 3 passes par match. Son physique imposant, sa capacité à tirer à l’extérieur et sa capacité à attaquer le cercle ont apporté de la puissance au sein de l’effectif floridien. Sa régularité peut être une belle trouvaille pour le Magic en sortie de banc la saison prochaine.
Alexandre Sarr, lui, n’a disputé que deux rencontres avec les Wizards avant de rejoindre la préparation de l’équipe de France pour l’EuroBasket qui se déroulera du 27 août au 14 septembre 2025 , mais ses prestations ont suffi pour frapper un grand coup. Le 2ème choix de la Draft 2024 a compilé 15,5 points, 8 rebonds et surtout 5,5 contres en moyenne, dont un match à 8 contres, record de la Summer League.
Et enfin, Rayan Rupert a confirmé qu’il montait en puissance pour sa 3ème Summer League. Avec 16 points à 58 %, 5,8 rebonds et 3 passes, le joueur de Portland semblait à l’aise des deux côtés du terrain.
« J’ai essayé de faire des choses simples, du catch-and-shoot et aussi d’être agressif », confie-t-il après le succès des Blazers face aux Pelicans (93-87).
Un potentiel à confirmer
Pacôme Dadiet, Sidy Cissoko et Mohammed Diawara ont laissé entrevoir de belles choses, mais leur irrégularité durant cette Summer League ou leur manque d’impact global appelle à la prudence.
Tout d’abord, Pacôme Dadiet a joué deux matchs avec les Knicks de New York. L’ailier a d’abord affronté les Pistons, avant de signer une prestation un peu moins bonne contre Boston Celtics. Il finit sa Summer League avec 46% au tir, mais malheureusement durant son 2ème match, le Français s’est blessé au doigt de pied mettant fin à sa compétition. Son profil athlétique reste prometteur, mais il n’a pas assez joué pour prétendre à un rôle plus conséquent.
Sidy Cissoko, lui, a livré une Summer League contrastée avec les Portland Trail Blazers. Malgré 8,8 points par match, il a manqué d’efficacité au tir (39 %, dont 26 % à trois points). Sa dureté défensive et sa lecture du jeu sur demi-terrain continuent d’intéresser les observateurs, mais il doit absolument progresser dans la finition et le tir extérieur pour peser davantage offensivement.

Et enfin Mohammed Diawara s’est montré actif et discipliné. Avec 7 points et 5,3 rebonds par rencontre, il a apporté de l’intensité dans la raquette et de l’envie en transition. L’ailier de New York a sans doute conservé sa place aux États-Unis la saison prochaine.
« Je dois juste montrer ce dont je suis capable sur le terrain. Je ne suis pas stressé, j’ai de l’expérience en Europe. Il faut juste persévérer. » dit-il pendant son match contre Boston.
Des débuts trop discrets en Summer League
Quatre joueurs n’ont pas réussi à trouver leur place ou à s’exprimer suffisamment. Leurs performances laissent des zones d’ombre que seule la suite pourra éclaircir.
Tout d’abord, Nolan Traoré, très attendu après sa Draft avec Brooklyn, n’a pas trouvé le bon tempo. Après un premier match solide contre Oklahoma City, l’ancien meneur de Saint-Quentin a connu une suite plus décevante. Avec 7,3 points, 3,3 rebonds et 2,7 passes de moyenne et une adresse très faible (30 % au tir, 14 % à trois points), il a traversé la compétition en manquant de tranchant.
« Je trouve qu’il y avait trop d’hésitation… Pour nous, l’important, ce n’est pas de mettre le tir ou de le rater, mais de créer de bonnes opportunités. Et nous avons beaucoup trop hésité. » estime Steve Hetzel, coach de l’équipe, dans le New York Post après les échecs au tir de ses jeunes rookies (N.Traoré, Ben Saraf, Egor Demin et Danny Wolf).
Daniel Batcho, lui, a été utilisé avec parcimonie. En 7 minutes de jeu sur un seul match contre Phoenix, il a inscrit 8 points mais n’a plus été vu sur les feuilles de match par la suite. Son manque de jeu ne nous permet pas de juger l’ailier Français.
De même pour Melvin Ajinca, l’ailier n’a même pas disputé la moindre minute avec Dallas, freiné par une rechute à l’aine. Le Français retournera en France l’année prochaine afin d’y jouer l’Euroligue avec l’ASVEL. Il est donc impossible de juger sa préparation américaine.
Enfin, Léopold Delaunay, lui, a vu sa Summer League brutalement interrompue par une grave blessure au genou, survenue lors du dernier match face aux Cavaliers, après une mauvaise réception sur un lay-up. Il devrait être éloigné des terrains pendant plusieurs mois. Avant cela, le joueur des Warriors avait montré une belle montée en puissance : discret contre les Spurs (1 rebond, 1 tir manqué en 3 minutes), puis solide contre le Heat (11 points, 4 rebonds, 2 interceptions), actif face au Jazz (6 points, 7 rebonds, 1 passe), et percutant contre les Grizzlies (8 points, 3 passes, 1 interception). Son retour dépendra de l’évolution de sa rééducation.
La Summer League 2025 a offert un bel échantillon de ce que la France produit actuellement de mieux en matière de jeunes talents. Les profils qui montent se dessinent clairement, de Sarr à Raynaud en passant par Essengue, Penda ou Salaün. Certains doivent encore convertir leurs qualités en impact durable, comme Cissoko ou Diawara. Et d’autres, plus en difficulté, devront rebondir pour ne pas se faire oublier trop tôt. Las Vegas n’est qu’une étape, mais cette édition confirme que les joueurs français ne viennent plus pour observer, ils viennent pour prendre leur place.