Avec le besoin cruel de recruter un pivot de qualité, les Los Angeles Lakers ont jeté leur dévolu sur Deandre Ayton. Le premier choix de la draft 2018 arrive dans une équipe avec de fortes ambitions qui cherche à gagner dès maintenant. Mais une interrogation subsiste, aura-il les épaules nécessaires pour assumer un rôle de patron dans la raquette californienne et redresser le niveau de l’équipe ?
Deandre Ayton, un parcours déjà sous le feu des projecteurs
Arrivé en 2018 par la grande porte en tant que premier choix de draft, Deandre Ayton va désormais former un duo explosif avec Luka Dončić, son camarade de promotion, sous le maillot des Lakers. Le pivot a été jeté sous le feu des projecteurs dès son plus jeune âge mais il à su répondre présent.
Arrivé aux Suns dans une équipe menée par Devin Booker, le Bahaméen s’est vite adapté finissant troisième au vote du rookie de l’année avec une moyenne de 16.3 points et 10.3 rebonds de moyenne notamment. Le pivot s’est imposé comme une pièce maîtresse de son équipe jouant 30 minutes par match en général.
L’équipe s’est vite améliorée, renforcée par l’arrivée de vétérans comme Chris Paul ainsi que de prospects prometteurs comme Mikal Bridges ou Cam Johnson, jusqu’à arriver en finale NBA en 2021. Un accomplissement rare, après seulement trois saisons, Deandre Ayton a déjà connu ses premières finales, malheureusement pour lui, perdues.
L’année d’après l’équipe à confirmer son statut battant le record en saison régulière de la franchise pour un bilan de 64 victoires pour 18 défaites. L’arrivée de Kevin Durant lors de la trade deadline 2023 a renforcé l’environnement du pivot, bien que le bilan ait été moins flamboyant.
Deandre Ayton, en cinq saisons avec les Suns, a connu le bas comme le le plus haut de la conférence ouest ainsi que les finales NBA en seulement trois participations aux playoffs. On aurait pu avoir des doutes sur le choix de Phoenix de le prendre en numéro un surtout quand on voit ce que sont devenus les autres joueurs de cette draft.
Pourtant le pivot à souvent répondu présent affichant une moyenne de : 16.7 points, 10.4 rebonds et 1.6 passes décisives sur ces cinq ans en Arizona. Terminant avec le plus grand win share de son équipe lors de deux années ( 5.8 en 2018-2019, 6.2 en 2022-2023).
Lors de l’été 2023, Ayton se retrouve transféré à Portland après la pagaille causée par l’arrivée de Lillard aux Bucks. Un environnement qu’il va avoir du mal à accepter. L’équipe est en pleine reconstruction, en recherche d’identité, il est l’un des joueurs avec le plus d’expérience dans le roster bien qu’il n’entame que sa sixième saison pro.
Le nombre conséquent de postes 5 à Portland (Donovan Clingan, Robert Williams III, Duop Reath et le rookie Yang Hansen) a poussé l’équipe à se séparer de lui. Un choix idéal pour les deux parties malgré des stats correctes. Ayton a été freiné par des blessures : 95 matchs sur 164 seulement.
Bien que le corps n’ait pas suivi, la volonté n’étais pas là non plus et le joueur a souvent été repris pour son mauvais comportement : “Tu peux faire de mauvaises actions, mais pas avoir de mauvaises habitudes. ” lui a expliqué plusieurs fois son coach, Chauncey Billups selon The Athletic. Le joueurs arrivant en retard à l’entraînement ou avant les départs en road-trip.
L’aventure tourne court après deux saisons seulement. Il négocie un buy-out avec la franchise de l’Oregon afin de signer où il le souhaite en devenant agent libre. C’est alors que les Lakers, bouleversés par l’arrivée de Luka Dončić en février dernier, sautent sur l’opportunité.
Le contexte des Los Angeles Lakers
La free agency des Lakers est pour l’instant ratée mais les choses pourraient encore changer bien sûr. A la recherche de leur Big Men, les Angelinos ont vu Brook Lopez et Clint Capela leur filer sous le nez. Ayton, bien que dans leurs plans, c’est retrouvé malgré tout en choix par défaut.
En plus de cela Dorian Finney-Smith est parti du côté de Houston, laissant l’équipe sans 3&D, dégraissant un effectif déjà peu garnie. Quoi qu’il en soit, les choses devraient encore bouger. L’équipe a signé Jake LaRavia et des rumeurs tournent autour de Bradley Beal.
Mais, l’arrivée de Luka Dončić en février dernier, on ne le répètera jamais assez, a été une aubaine pour les Lakers leur offrant une base de reconstruction idéale pour les prochaines années lorsque LeBron James sera parti.
Pourtant cette arrivée ne s’est pas faite sans contrepartie, Anthony Davis notamment, a été forcé de quitter le navire laissant le poste 5 vacant. Ayton avec sa venue est bien entendu appelé à combler se manque.
Même si les Lakers se sont bien débrouillés pour le reste de la saison post All-Star game avec un bilan de 18 victoires pour 12 défaites notamment grâce à un Lebron James surboosté et un attaque bien renforcée par la venue de l’un des meilleurs scoreur de la ligue.
Pourtant défensivement cette configuration après l’arrivé du Slovène a montré ses limites : un net rating de 2.1 seulement (15ème de la ligue), un pourcentage au rebond de 50.2% (17ème de la ligue) et un ratio de turnovers de 14.8 (25ème de la ligue).
Pour faire plus simple, l’équipe perd beaucoup de ballons et n’a personne pour protéger le cercle. En playoffs, le manque de poste 5 a été flagrant, Jaxson Hayes, le pivot titulaire, s’est retrouvé au second plan à cause de son manque d’efficacité, JJ Redick préférant composer avec des ailiers et ailiers forts.
Avec seulement 7.6 minutes par match pour 1.8 misérables petits points de moyenne lors de la série contre les Timberwolves, Hayes n’a pas su répondre présent.
Luka Dončić, va centraliser la création offensive, tandis qu’Ayton devra s’adapter à un rôle de finisseur, protecteur de cercle et partenaire privilégié sur pick-and-roll. Cela permettra de faire souffler un peu un LeBron James au four et au moulin ces derniers mois de compétitions.
Deandre Ayton s’est imposé comme l’un des pivots les plus efficaces de la ligue sur pick-and-roll, avec un jeu davantage basé sur la puissance et la verticalité que sur l’aérien pur.
“Ayton est fantastique. Dans le pick-and-roll à deux avec lui et CP, ils sont le duo offensif numéro 1.” a déclaré JJ Redick, l’actuel coach des Lakers en 2022 pour ESPN. Nulle doute qu’avec un joueur du calibre de Chris Paul en termes de passes comme Luka Dončić, le pivot aura de quoi être dans les meilleures conditions de finition, un de ses points forts avec 59% de eFG en carrière.
Ayton de retour au sommet ?
En signant aux Lakers, Deandre Ayton s’offre le cadre qu’il n’avait plus à Portland. Une équipe avec de fortes ambitions, entourée de stars auxquelles il devra s’allier pour viser les sommets. Fort à parier qu’avec cela il devrait retrouver sa motivation.
« Acquérir un pivot capable d’être titulaire était notre priorité absolue durant cette intersaison, et nous pensons que Deandre est une solution exceptionnelle pour cet objectif et un joueur idéal à ajouter à notre noyau actuel » a expliqué Rob Pelinka dans un communiqué.
Mais ce nouveau contexte ne signifie pas pour autant que tout sera acquis d’avance. Ayton devra prouver qu’il peut s’adapter à un collectif, des fans et une direction exigeante. Il devra répondre présent dans les moments clés et s’imposer comme une option viable défensivement et offensivement dans la raquette.
Au niveau de la défense il y a des choses à revoir, surtout dans cette équipe ou le meilleur défenseur titulaire à 40 ans, le Bahaméen devra se montrer à la hauteur. Son Block Percentage de 2.9% montre qu’il est un contreur correct mais loin des élites à son poste. Pour comparer, Anthony Davis tournait à 6% cette saison.
Son Steal Percentage de 1,2 % n’est pas le mieux mais cela reste dans la moyenne. Cependant il a une excellente capacité à récupérer des rebonds, il tourne à 10 prises par match de moyenne depuis le début de sa carrière.
En terme d’attaque son Offensive Rebound Percentage 10.9% montre qu’il est l’un des meilleurs dans ce domaine. Pour comparer, Jarrett Allen et Isaiah Hartenstein avaient les mêmes stats cette saison.
Son Player Efficiency Rating de 20 montre qu’il fait partie des trente joueurs les efficaces de la ligue, à titre de comparaison les meilleurs : Jokić et SGA tournent aux alentours de 30. Cela démontre que Ayton est globalement un joueur qui fait les bons choix durant les matchs sans forcer les tirs ou les passes.
Deandre Ayton, fort de ses sept ans en NBA, s’impose maintenant comme un intérieur fiable et efficace près du cercle, capable d’apporter une vraie valeur ajoutée à l’attaque par sa finition et sa présence au rebond même s’il est loin de faire partie des meilleurs à ce poste. Défensivement, sa capacité à dissuader les attaquants adverses restent inférieurs à ces compères ce qui l’empêche d’être reconnu comme une vraie arme de dissuasion.
Pour Ayton, cette étape représente bien plus qu’un simple transfert : c’est l’opportunité de franchir un cap, de s’imposer dans une franchise mythique et de montrer qu’il peut être l’un des pivots dominants de sa génération et non pas le bust qu’on veut nous faire croire.
S’il parvient à exploiter pleinement le potentiel de ce nouvel environnement, notamment avec un Dončić qui a tendance à sublimer ses pivots, il pourrait non seulement retrouver le sommet, mais aussi devenir à terme le poste 5 idéal que les Lakers recherche depuis un long moment maintenant.