À peine sacré champion de France, le Paris Basketball entame déjà une période de reconstruction. Désormais orphelin de cadres tels que TJ Shorts, ou Tyson Ward, le club de la capitale a aussi dû essuyer le départ de son entraîneur, Tiago Splitter. Pour lui suppléer, les Franciliens se sont tournés vers Francesco Tabellini, coach en République Tchèque cette saison. Le Roster était présent à la conférence de présentation du stratège italien.

« Je voudrais d’abord remercier Tiago Splitter qui a effectué un travail absolument incroyable. […] Et bien sûr, je me dois de dire au revoir aux joueurs, TJ shorts, Tyson Ward, Mikael Jantunen, Kevarrius Hayes et Mathis Dossou-Yovo. » C’est en en tournant la page de cette saison magnifique que David Kahn, président du Paris Basketball a souhaité démarrer la conférence de présentation dédiée au nouvel entraîneur du club, l’Italien Francesco Tabellini.

Un choix évident pour les dirigeants parisiens

Si pour l’instant, ce nom ne vous dit rien, pas d’inquiétude, le tacticien transalpin n’a pas le pédigrée ou la popularité de son prédécesseur, mais dispose de la pleine confiance de son nouveau président. Il était d’ailleurs dans les petits papiers de ce dernier depuis déjà quelques mois. « James Newman, notre GM, a identifié Francesco [Tabellini] comme quelqu’un que nous devions surveiller en cas de départ de Tiago [Splitter].« 

En même temps, il est clair qu’en y regardant de plus près, le profil du natif de Modène colle parfaitement avec l’identité bâtie à Paris ces dernières années. En effet, ce qui a fait le succès de la formation parisienne, c’est son jeu moderne, rapide et efficace. Cinquième meilleure pace (nombre de possessions/match) d’EuroLeague cette saison, Paris va dorénavant être dirigé par l’homme à la tête de Nymburk, qui avait la meilleure pace de la BCL cette saison.

Il croit en ce que nous croyons a expliqué David Kahn. Ses équipes jouent vite, dur, elles ne lâchent rien, mettent une pression défensive que peu d’équipes peuvent imposer et jouent de manière moderne. C’est la manière dont nous voulons que notre équipe joue aussi, dont elle a joué, et dont, j’espère, elle jouera toujours.

Un sentiment et une vision évidemment partagés par Francesco Tabellini, fan depuis plusieurs années… du Paris Basketball et de Tuomas Iisalo. « Ces deux dernières saisons, Paris était mon équipe préférée en EuroCup puis en EuroLeague. Grâce à son style de jeu, la beauté du basket pratiqué. C’est une fierté d’être ici en tant qu’entraîneur. […] Pendant la pandémie, je regardais les matchs de Crailsheim, dirigé à l’époque par Tuomas Iisalo. C’est une équipe qui m’a beaucoup influencé.« 

Tuomas Iisalo en poste en Allemagne, avant de venir à Paris.
Tuomas Iisalo encore à la houlette de Crailsheim. Crédits : Roland Krivec – DeFodi Images.

Alors oui, un jeu rapide et flashy, c’est joli, ça crée des highlights, mais maintenant que Paris est sur le toit de l’hexagone, les Franciliens veulent y rester. Ça tombe bien, car les victoires, c’est aussi au rayon du nouveau maître à jouer de l’équipe, comme le résume bien son président. « Il gagne. En trois ans en tant que coach, il a gagné à un niveau exceptionnellement élevé. L’année dernière, en République Tchèque comme en BCL, il a remporté 57 matchs pour 8 défaites. Le tout en remportant les deux derniers championnats. C’est proche d’être le choix parfait, parce que la perfection n’existe pas. »

Des résultats qui permettent d’outrepasser le potentiel manque d’expérience de Francesco Tabellini. En effet, l’Italien n’a encore jamais dirigé d’équipe en EuroLeague, et va devoir vite se mettre au diapason. Une situation bien loin d’inquiéter le président du club de la capitale, on ne peut plus confiant quant aux aptitudes de son tacticien flambant neuf.

Son absence d’expérience en EuroLeague n’est pas un problème. Je n’ai aucun doute sur le fait qu’il travaillera plus dur que tous les autres coachs de la compétition. J’ai une grande confiance en lui, on est très sûrs de notre choix. Il a déjà fait avec Nymburk ce que l’on attend de lui ici.

Les joueurs au centre des interrogations

Aussi claire et efficace la vision du nouvel entraîneur soit-elle, ce sont les joueurs qui vont devoir l’appliquer pour que le collectif triomphe. Un élément que le transalpin a très bien assimilé. « Je suis responsable de mettre les joueurs à l’aise et de les faire respecter notre identité. Au bout du compte, c’est l’engagement des joueurs qui fait le succès d’une équipe. L’altruisme est un élément clé, et ne peut pas voir le jour si tout le monde n’est pas prêt à mettre son égo de côté.« 

Le souci ? Les joueurs représentent actuellement un gros point d’interrogation en vue de la saison prochaine à Paris. En effet, comme évoqué plus tôt, l’intégralité du cinq majeur parisien (TJ Shorts, Collin Malcolm, Tyson Ward, Mikael Jantunen, Kevarrius Hayes) a quitté le navire. Une situation aussi inédite que cocasse, qui n’alarme pas forcément Tabellini.

On va traverser un processus de reconstruction. La plupart des joueurs qui ont réussi ici jouaient déjà ensemble avant [d’arriver à Paris]. Ils ont continué de grandir, de progresser, et de montrer de quoi le club était capable. Mais nous ne perdrons pas notre identité, nous aurons de la continuité. Petit à petit, on va réussir à reconstruire un environnement propice au succès.

L’occasion pour David Kahn d’apporter son point de vue de président, sans annoncer de choses encore non-officielles. En effet, l’ancien dirigeant des Wolves n’a par exemple pas donné de nouvelles au sujet de Nadir Hifi, mais a donné neuf noms qui évolueront à Paris l’année prochaine : Yakuba Ouattara, Léopold Cavalière, Enzo Sharhvin, Sebastian Herrera, Joël Ayayi, Allan Dokossi, Amath M’Baye, Derek Willis et Jeremy Morgan. « Pour le moment, c’est tout » a-t-il ajouté.

Quelles attentes pour l’année à venir ?

Forcément, un tel remaniement soulève de nombreuses questions, surtout sur la tournure que vont prendre les évènements pour Paris en EuroLeague. Une fois la conférence de presse terminée, nous avons pu interroger le président du club David Kahn sur les objectifs que va avoir le PB sur la scène européenne, après une première année plus qu’exceptionnelle.

L’année dernière, nous ne nous attendions à rien, parce que tout était nouveau pour nous. Maintenant, y avoir participé une fois ne fait pas de nous des experts, mais nous y sommes plus familiers et je pense que notre équipe sera compétitive. J’espère que nous serons dans la course pour une place en play-offs, ça reste l’objectif.

Une ambition difficile à satisfaire, puisque la compétition va encore plus se densifier, passant de 18 à 20 équipes. Échéance à laquelle le dirigeant parisien s’est préparé. « Ça rajoute quatre matchs de plus, ça va être brutal pour les joueurs. Il y aura sûrement plus de blessures. Il sera important d’avoir un effectif profond, et c’est ce que nous nous efforcerons de faire dans notre recrutement.« 

D’autant plus qu’une vraie séparation est en train de se dessiner. Alors que Paris se fait piller ses joueurs aux quatre coins de l’Europe par les géants du Panathinaïkos, de l’Olympiakos ou encore de Fenerbahçe, ce sont également ces derniers qui ont les faveurs des joueurs NBA très prisés sur le vieux continent. Le dernier exemple en date étant Jonas Valanciunas, qui serait tout proche de s’engager avec le Pana justement. Une situation qui pousse David Kahn à militer pour l’instauration d’un salary cap.

Tant qu’aucun salary cap n’est instauré, ils ont le droit de faire ça. Ça serait plus pratique si la ligue avait un salary cap ou une luxury tax à la manière de la NBA. Il y a de la parité là-bas. Deux équipes de petits marchés, Indiana et Oklahoma, ont atteint les finales cette année, les sept derniers champions sont différents. Il serait important que l’EuroLeague, un jour, développe un système plus paritaire, où les clubs pourraient compter sur les mêmes ressources financières les uns que les autres.

C’est encore une année marquée par le thème du changement qui s’annonce à Paris. Sur le banc, avec l’arrivée d’un tacticien peu connu mais qui semble être le candidat modèle, et sur le parquet, où de nombreux départs ont déjà été annoncés. Le PB est certes champion, mais va entamer une grosse reconstruction…

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