Après une saison 2024 marquée par son absence en WNBA pour se concentrer sur les Jeux Olympiques avec l’équipe de France, Marine Johannès fait son retour au New York Liberty cette année, où elle évoluait déjà durant ses trois premières saisons. Pendant son absence, la franchise a remporté le premier titre WNBA de son histoire. Elle revient donc dans un effectif champion en titre, où elle doit désormais retrouver un rôle pour exprimer ses qualités.
Marine Johannès à passé une année 2024 loin des parquets américains. Pendant son absence du territoire américain elle évoluait du côté du club turc du CBK Mersin. L’objectif était de se préparer au mieux pour les Jeux Olympiques à la maison et d’aller chercher le meilleur résultat possible pour l’équipe de France. Une fois cet objectif rempli, avec une très belle médaille d’argent a la clé, il est donc aujourd’hui temps pour la native de Lisieux de faire son retour outre-Atlantique, en WNBA.

Elle y retrouvera un cadre qui lui est familier, car celle qui partage ses initiales et son numéro de maillot avec son idole Michael Jordan a signé un contrat d’un an au minimum salarial vétéran du côté de la franchise du New York Liberty.
Elle retrouve ainsi une formation qu’elle connaît déjà puisqu’elle y a évolué lors de ses trois premières saisons WNBA (2019, 2022, 2023). Un contrat minimum synonyme d’un rôle plus secondaire dans une équipe composée de grosses têtes d’affiches telles que la double MVP Breanna Stewart, Sabrina Ionescu, Jonquel Jones ou encore Natasha Cloud fraîchement débarquée à New York. Pour faciliter sa réintégration, elle a pu, pour la première fois de sa carrière, participer au camp d’entraînement de son équipe dans son intégralité. Un vrai avantage pour trouver des automatismes.
L’arrière française, qui doit trouver sa place dans un effectif de championnes, aura l’opportunité de clairement faire valoir ses qualités en sortie de banc notamment, elle qui aura la responsabilité de mener la “second unit” du Liberty.
Marine Johannès, une joueuse qui peut faire basculer un match
Marine Johannès est ce que les Américains appellent une « spark plug », c’est-à-dire une joueuse capable de faire basculer un match en quelques actions, malgré un temps de jeu réduit. En effet, c’est une très grande adepte du jeu créatif et imprévisible. Sa principale qualité, c’est qu’elle peut scorer de n’importe où, à n’importe quelle moment, notamment grâce à son tir à 3 points très fiable, que cela soit en pull-up ou en catch-and-shoot (40% en carrière).
Mais il est aussi très difficilement défendable en raison de la hauteur de la trajectoire de sa balle, mais aussi de sa capacité à shooter comme personne en déséquilibre, notamment avec son shoot à 3 points signature qui lui avait valu de se faire remarquer par LeBron James sur X lors des finales 2023.
De manière générale, c’est une scoreuse adroite et polyvalente (en carrière : 8 points de moyenne à 44% de réussite), et dispose d’une excellente qualité de création balle en main. Un jeu qui a pour principale qualité de casser le rythme défensif prédéfini par l’adversaire, en étant capable de tout faire balle en main. Elle dispose aussi d’une qualité primordiale lorsqu’on évolue dans une équipes composée de nombreuses joueuses dominantes : un très bon jeu sans ballon. Elle sait se démarquer, lire les écrans et attaquer les close-outs, afin de s’offrir des shoots ouverts, mais aussi d’offrir de l’espace à ses coéquipières.
Malgré tout, elle reste une spécialiste du tir extérieur. Depuis son arrivée en WNBA, 65% de ses points sont venus suite à un tir à point, elle qui tente plus de 4 shoots extérieurs par match en 25 min de moyenne. Johannès est une joueuse à gros volume offensif, avec plus de 12 tirs par match, ce qui fait d’elle une joueuse offensive importante.
Sa manière de jouer, bien que parfois déroutante pour les entraîneurs traditionnels, est un atout précieux dans le système offensif rapide et ouvert de la WNBA qu’elle apprécie tout particulièrement.
C’est un jeu que j’aime beaucoup. C’est ouvert, ça va très vite, […] tu peux te permettre de prendre des shoots en transition à 3 points… C’est un petit peu un show là-bas, et c’est sympa de vivre ça. – Marine Johannès sur le style de jeu en WNBA
Cependant, son style de “spark plug” la cantonne assez solidement dans ce rôle de supersub. C’est une joueuse qui, de par sa manière de jouer, est assez irrégulière. Son jeu fantasque s’appuie beaucoup sur sa réussite au tir, qui dans les bons soirs est un véritable atout pour son équipe, mais il arrive régulièrement d’avoir des matchs plus compliqués qui peuvent plomber le “momentum” de son équipe, si elle venait a perdre trop de ballons ou si la grande majorité de ses tirs ne font pas mouche.
« Il y a des soirs où je peux faire des passes venues de nulle part, et d’autres où je perds trois ballons d’affilée. C’est mon style. » expliquait-elle en 2023.
Assez limitée sur le plan défensif, elle est très régulièrement ciblée par les attaques adverses, ce qui ne lui permet pas de pouvoir s’installer dans un rôle de titulaire avec de longues minutes sur le parquet dans les moments les plus chauds.
Quel rôle dans le système de jeu de Sandy Brondello ?
Toutes ces qualités, Marine Johannès doit essayer de les montrer dans l’effectif très compétitif du New York Liberty, où elle doit retrouver des repères après sa saison d’absence. C’est l’objectif de sa coach, Sandy Brondello, qui doit permettre à sa joueuse d’évoluer dans un rôle dans lequel elle pourra exprimer pleinement son talent offensif au milieu de toutes ces stars. L’entraîneuse australienne, ancienne internationale, est bien déterminée à ce que le retour de son arrière se fasse de la meilleure des manières, en la positionnant dans un rôle confortable.
Je veux que Marine revienne dans l’équipe et qu’elle soit Marine. Quand une joueuse joue de manière aussi instinctive qu’elle, il faut simplement lui donner une plateforme et apprendre ce qui fonctionne ou non. Elle ne doit pas s’inquiéter des tirs marqués et ratés. Défensivement, elle va devoir s’habituer à un nouveau schéma. – Sandy Brondello sur le retour de Marine Johannès

Sa coach devrait l’utiliser en sortie de banc, sur des séquences de 5 à 8 minutes, pour redynamiser son équipe en profitant de l’explosivité de Johannès. Ainsi, le Liberty tirerait partie de son playmaking ainsi que de ses qualités offensives pour faire souffler Sabrina Ionescu ou Natasha Cloud dans le backcourt, et former une traction à trois qui serait continuellement dynamique.
Une rotation qui serait propice à la nouvelle philosophie offensive de l’équipe de New York déployée lors du premier match de la saison face aux Aces de Las Vegas. Cette philosophie s’axe sur une utilisation de Breanna Stewart davantage off-ball que les années précédentes, afin de lui offrir des bonnes passes à l’intérieur délivrées par les porteuses de balle de cette fameuse traction à trois.
“MJ” aurait donc un rôle qui ressemblerait à celui qu’elle avait eu lors de ses précédents passages au Liberty, c’est-à-dire un rôle de déclencheuse de runs. Son objectif serait donc d’étirer les défenses grâce à son shoot longue distance, afin d’ouvrir les espaces pour ses intérieures dominantes que sont Stewart et Jonquel Jones. Son rôle de “sixth-woman” sera primordial pour essayer de prendre de vitesse des bancs moins organisés que celui de New York, tout en apportant du liant à toute l’équipe qu’elle est sur le parquet, comme l’explique sa coach.
On veut toujours prendre les meilleurs tirs, on veut du volume à 3 points et c’est une fille capable de faire les bonnes passes. Elle facilite le jeu pour les autres. Elle peut jouer avec le ballon dans les mains ou alors en mouvement. Marine est une vraie menace à 3 points, mais aussi une passeuse sous-estimée. Elle ouvre le jeu, elle fluidifie. — Sandy Brondelo sur les qualités de Marine Johannès avant le début de saison
Mais l’arrière française pourra aussi profiter du talent autour d’elle pour briller. En effet, la qualité de passe de ses intérieurs, notamment Jonquel Jones, pourront lui offrir des opportunités de shoots ouverts sur des pick-and-pop. Brondello est également une grande adepte des horns sets, c’est-à-dire les doubles écrans en tête de raquette, qui permettent de libérer les shooteuses comme Ionescu et donc Johannès.
Défensivement, Johannès devra premièrement s’habituer et se fondre dans le schéma du Liberty, basé sur les switch quasi systématiques. Pour cela, elle aura comme but d’être plus constante, notamment sur la défense en un contre un contre n’importe quel type de joueuse pour pouvoir changer sur n’importe qui, comme le veut le système défensif, sans être une matchup trop facilement attaquable malgré sa taille (1m78).
Bien que sa compréhension du jeu soit suffisamment élevée pour bien anticiper, elle n’a pas toujours la dureté physique ou la régularité pour tenir ses adversaires. Si elle veut dépasser les 15 minutes de moyenne par match, son objectif sera d’a minima de tenir la baraque le plus possible en défense, tout en étant capable de trouver de la régularité offensivement.
Marine Johannès n’est pas là pour être une star. Mais dans un effectif de stars, elle est cette pièce imprévisible, capable de débloquer des matchs fermés. Si elle accepte ce rôle spécifique, elle pourrait être un atout majeur dans la quête du doublé. Reste à voir si elle arrive a trouver sa place dans cet effectif très compétitif.