La série entre Houston et Golden State n’a pas offert de miracle. Malgré une saison régulière enthousiasmante et un collectif en pleine ascension, les jeunes Rockets se sont heurtés à l’expérience. Houston a révélé ses limites et peut-être trouvé ses futurs leviers de progression.
Les Houston Rockets retrouvaient les playoffs pour la première fois depuis 2020, avec l’espoir de franchir un cap symbolique : passer un tour dans une conférence Ouest toujours aussi dense. Opposés aux Golden State Warriors, les jeunes Rockets se savaient attendus au tournant. L’affrontement avait tout d’un duel de générations, d’un côté l’expérience et le savoir-faire d’une dynastie encore vivace, de l’autre, l’énergie, le talent brut et l’ambition d’un collectif en pleine ascension. Portés par le duo explosif Jalen Green – Alperen Şengün, les Texans espéraient renverser la hiérarchie.
Malgré des séquences brillantes et une intensité défensive impressionnante, Houston a peiné à faire face aux Warriors accompagné d’un Draymond Green en pleine forme défensive. Les Rockets, pourtant séduisants en saison régulière, ont montré leurs limites que tout le monde craignait. Malgré un comeback pour arracher un match 7, cette élimination, bien que frustrante, sonne comme une étape nécessaire dans l’apprentissage d’un groupe encore jeune, mais très prometteur.
Un manque de spacing trop important
L’un des plus gros défauts de ces Rockets est bien évidemment le spacing. Très peu de shooters fiables et peu d’espaces créés. Houston est tout simplement l’équipe qui joue le moins sur son tir extérieur. Seulement 29.9% (via cleaning the glass) des tirs pris sont à 3 points, le plus faible pourcentage parmi toutes les équipes en playoffs. Lors du fameux Game 7 en 2018 où les Rockets ont loupé 27 tirs à 3 points d’affilée, cette année seulement 18 tirs à longue distance ont été pris dans le Game 7.
Ce manque de spacing leur a été fatal. Lors de ce fameux match décisif, les 2 équipes n’ont pas hésité à dégainer des défenses de zone. Or, du côté des Warriors, l’attaque a tout de même bien marché avec les cuts de Jimmy Butler, la gravité de Stephen Curry ou encore le facteur X, Buddy Hield, d’une précision isolante (9/11 à 3 points). Du côté des Rockets, l’attaque s’est effondrée avec ce manque de shooter. Même les cuts ont été compliqués car depuis des années, les Warriors sont la meilleure équipe en protection de cercle. Ce manque d’espace a permis à Golden State de créer très vite un écart.
Seulement 2 joueurs tirent à plus de 37% de loin avec plus de 2 tentatives par match. Un déficit qui s’explique aussi par les choix d’Ime Udoka. Le staff des Rockets a préféré miser à 100% sur l’impact physique. Les minutes de Steven Adams ont augmenté au fur et à mesure plutôt que d’améliorer le spacing de l’équipe avec un Jabari Smith Jr. Un pari cependant gagnant car Houston a remporté la bataille des rebonds à 6 reprises en 7 matchs ! Ils sont également la meilleure équipe de playoffs au nombre de rebonds par match (46.9).
Jabari Smith sous utilisé
Toujours en lien avec le spacing, l’utilisation de Jabari Smith a été trop faible. Avec 45.5% de précision à longue distance, Jabari Smith est le meilleur sniper des Rockets en playoffs. Surtout que son usage n’a jamais été aussi petit de toute sa carrière, seulement 12.9% (via cleaning the glass).
Le play call d’Ime Udoka a été un peu problématique. Les Warriors ont décidé de mettre Stephen Curry en défense sur Jabari Smith Jr. Une offre de potentiel mismatch peut être exploitée via le différentiel de taille. Des possibilités de drive ou de pull up sur un joueur plus petit n’ont quasiment jamais existé. Des situations qui auraient pu donner beaucoup d’air à l’attaque des Rockets.
Jabari Smith Jr. a réussi de très bonnes entrées la plupart du temps. Que ce soit pour apporter du shoot ou pour la protection de cercle, il n’a pas du tout été un point faible de l’équipe malgré ses statistiques. Mais le staff, trop orienté sur le combat physique, a préféré le mettre de côté.
Jalen Seen, mais où est passé Jalen Green ?
Comme on pouvait s’en douter au début de la série, avec 2 défenses élites, l’équipe qui arriverait le mieux à s’exprimer en attaque, l’emporterait. Si on avait peu de doute pour les Warriors avec l’impact du Chef Curry, la vision de jeu de Draymond Green ou l’isolation de Jimmy Butler, pour les Rockets se fut une autre histoire. Le manque de création a été crucial notamment avec Jalen Green qui a été inexistant.
Encore une fois, Jalen Green n’a pas réalisé une très belle saison, toujours inefficace comparée à la moyenne (94 TS+). Comme on le sait, son impact repose surtout sur sa capacité à entrer ses jump shots souvent compliqués et trop irréguliers. Sur les 7 matchs, seulement 1 a dépassé les 15 points. Avec 13.3 points de moyenne en playoffs, le tir n’est pas rentré, le drive inefficace, aucune solution n’a été trouvée pour le sauver.
Il a totalement détruit le rythme de l’attaque. Pour y remédier, il aura fallu un Fred VanVleet XXL dans les derniers matchs et Amen Thompson utilisé en tant que porteur de balle pour attaquer via des drives avec une forte efficacité mais peu utilisé également.

Une série qui doit servir de tremplin, pas d’échec
Malgré l’élimination, il serait réducteur de conclure à un échec. Cette série aura mis en lumière les vrais motifs d’espoir côté Rockets. La défense a répondu présente, la domination physique également et Amen Thompson, par séquences, a rappelé pourquoi il est vu comme un futur cadre. Surtout, la structure collective semble solide. Ime Udoka, dans la lignée de son passage à Boston, a insufflé une mentalité de dureté, de cohérence tactique et d’exigence.
Mais pour franchir un palier, des ajustements seront nécessaires. Le futur de Jalen Green dans cette équipe semble incertain si les Rockets souhaitent performer. Face à des défenseurs comme Draymond Green ou Jimmy Butler, Alperen Şengün a eu du mal à dominer en attaque comme en saison régulière. Son manque de tir l’a énormément restreint et la présence d’un petit floater régulier n’aurait pas fait de mal.
L’équipe manque surtout d’un créateur offensif de chapo 1 pour qu’elle soit réellement compétitive et pourquoi pas prétendante au titre. Cependant, trouver un tel joueur est probablement la chose la plus dure et surtout à un certain prix.
La série face à Golden State n’a pas révélé un échec, mais un état des lieux. Les Rockets ont perdu face à plus expérimentés qu’eux. Rien de plus logique, mais aussi rien de dramatique. Ils sont encore au début de leur trajectoire. Ce printemps 2025 aura sans doute été douloureux, mais il pourrait bien marquer le point de départ d’une véritable montée en puissance. À Houston de ne pas s’égarer en route.