La série Olympiakos-Real Madrid promet de gros matchs, entre deux géants du basket européen, des blessures, des retours de blessures, des arrivées de joueurs, des ambiances de folie et des supporters parmi les plus chauds d’Europe. Voilà une série qui promet d’être serrée. Si le Real s’est sorti du play in contre le Bayern sans certitudes, l’Olympiakos a quant à lui survolé la saison régulière.

Olympiakos – Saison régulière

 Classement final et qualification : Le club du Pirée a dominé la saison régulière 2024–2025, terminant premier du classement avec 24 victoires pour 10 défaites​ et s’adjugeant ainsi la tête de l’EuroLeague pour la deuxième fois en trois ans. Cette première place, âprement disputée dans une EuroLeague très compétitive, est le fruit d’une régularité impressionnante. Exemptés de play-in grâce à ce classement, les Rouge et Blanc se sont qualifiés directement pour les quarts de finale.

Joueurs clés : Malgré le départ de la star Sasha Vezenkov en NBA l’été précédent, Olympiakós a pu compter sur un collectif talentueux. Le pivot Nikola Milutinov, de retour au club après son passage au CSKA, a apporté sa puissance dans la raquette. Il a formé un duo intérieur redoutable avec Moustapha Fall (2,18 m)​. Le capitaine Kostas Papanikolaou incarne l’âme de l’équipe par sa défense et son expérience. À l’arrière, la paire Thomas Walkup – Nigel Williams-Goss a longtemps dirigé le jeu, même si Walkup a manqué la fin de saison sur blessure. Pour compenser les absences, le club a réalisé des renforts de choix en cours d’année : l’arrière Tyler Dorsey (ancien de la maison) et surtout Evan Fournier, arrivé de NBA durant l’été et qui a immédiatement brillé. On peut également citer l’explosif Shaquielle McKissic et le shooteur Giannoulis Larentzakis, précieux en sortie de banc, sans oublier l’émergence tardive de Moses Wright à l’intérieur, revenu à point nommé après des mois d’indisponibilité​.

Crédit : basketball.eurobasket.com

Points forts :

  • Défense de fer et une expérience collective forgée lors des dernières campagnes. L’équipe encaisse environ 81 points par match sur la saison​, figurant parmi les meilleures défenses du plateau. Le rebond est un secteur clé dominé par Milutinov et consorts, assurant souvent la maîtrise du tempo.
  • Offensivement, le jeu est bien équilibré – pas de « scoreur » unique mais plusieurs armes capables de prendre feu. Cette polyvalence a été le leitmotiv de la saison : même en perdant des joueurs majeurs, l’Olympiakos reste une équipe de caractère, et chacun sait élever son niveau lorsque nécessaire.
  • Olympiakos a également pu s’appuyer sur l’ambiance volcanique du Stade de la Paix et de l’Amitié, où il est toujours très difficile pour l’adversaire de s’imposer. Enfin, l’effectif a gagné en profondeur avec les recrues de mi-saison, ce qui offre à Bartzokas de nombreuses options tactiques.
Avec 13 victoires en 17 matchs, l’Olympiacos a le 2e meilleur bilan à domicile de la saison Crédit : lequipe.fr

Points faibles :

  • La pression psychologique pèsera sur les Érythrolévkoi (les Rouge et Blanc) : finir premier crée des attentes énormes, et tout autre résultat qu’une qualification au Final Four serait vécu comme un échec cuisant par les supporters.
  • Turbulences offensives : Après le départ de Vezenkov et de son meneur emblématique Kostas Sloukas (parti à Panathinaïkos). En début de saison, l’attaque manquait parfois de créativité dans les moments serrés. L’absence de vrai créateur clutch a pu se faire sentir dans certaines défaites à l’extérieur.
  • Cascade de blessures : La fin de saison a été éprouvante physiquement, avec pas moins de cinq joueurs importants sur le flanc lors du dernier match (Evans, Fall, Milutinov, Walkup et Vildoza indisponibles)​. Si Fournier a pris feu contre le Maccabi, on peut s’interroger sur la condition physique de l’équipe au moment d’aborder la série. L’intégration express des nouveaux (Fournier, Dorsey, etc.) est une force mais peut aussi être un défi : l’alchimie sera-t-elle au rendez-vous sous la pression des playoffs ?

 Real Madrid – Saison régulière

 Classement final et qualification : Le Real Madrid, champion d’Europe en titre en 2023 et finaliste en 2024, a vécu une saison régulière beaucoup plus chaotique. Les Madrilènes ont fini septièmes avec un bilan de 20 victoires pour 14 défaites, se retrouvant ainsi hors du top 6 qualificatif direct. Ils ont dû passer par le play-in où, battus d’entrée à domicile par le Paris Basketball (73-81) lors d’un match à quitte ou double, les Blancos se sont retrouvés au bord de l’élimination. Finalement, grâce à leur expérience, ils ont su saisir leur seconde chance en écrasant le Bayern Munich 93-71 lors du match décisif​. Cette victoire nette leur a offert le dernier ticket pour les quarts de finale, où ils héritent du grand Olympiakos.

Joueurs clés : Le roster madrilène est un mélange d’anciennes gloires et de nouveaux visages. Le pivot Walter “Edy” Tavares reste le point d’ancrage de l’équipe – du haut de ses 2,21 m, le Cap-Verdien intimide toutes les raquettes d’Europe. Autour de lui, le Real a renouvelé son effectif. Le meneur argentin Facundo Campazzo a fait son retour au bercail et conduit désormais le jeu avec maestria (17 points et 5 passes lors de la défaite contre Paris, meilleur Madrilène du match​). L’ailier-fort croate Mario Hezonja, capable de coups d’éclat, monte en puissance : c’est lui qui a porté le Real lors du play-in décisif face au Bayern avec 19 points. Le Real possède également des vétérans légendaires comme Sergio Llull, toujours capable d’un coup de poignard dans le money-time. On notera aussi l’apport du jeune intérieur Usman Garuba, revenu de NBA, ainsi que du vétéran Serge Ibaka sous le cercle, venu renforcer l’équipe cette saison. Enfin, un atout inattendu a surgi en fin d’exercice : le combo-guard Xavier Rathan-Mayes, intégré à l’effectif, s’est montré précieux dans la rotation arrière. En somme, la force du Real réside dans la profondeur de son effectif et son expérience quasi-inégalée au plus haut niveau.

Crédit : basketball.eurobasket.com

Points forts :

  • Le Real Madrid reste le Real Madrid – un club mythique à l’ADN de gagnant. Son point fort principal est l’expérience et le sang-froid accumulés lors de multiples batailles. Cette équipe a soulevé 11 EuroLeagues (record absolu) et nombre de ses cadres étaient présents lors des titres récents. Dans les moments chauds, ce pedigree peut faire la différence.
  • Sur le plan du jeu, les Madrilènes excellent en transition offensive lorsque Campazzo peut imprimer son rythme, et ils possèdent plusieurs artilleurs capables de faire exploser le score (Musa, Hezonja, Llull…). D’ailleurs, le Real a signé le match le plus offensif de la saison en EuroLeague en janvier (victoire 116-113 face au Maccabi)​, preuve que son potentiel offensif est l’un des plus élevés d’Europe quand la machine se met en marche.
  • Défensivement, l’équipe peut s’appuyer sur Tavares, double meilleur défenseur de l’EuroLeague par le passé, pour protéger le cercle. Le retour de Garuba a renforcé l’intensité dans ce secteur.
  • La culture de la gagne madrilène est un intangible précieux : poussés dans leurs retranchements, ils trouvent souvent les ressources mentales pour renverser des situations compromises, comme on l’a vu lors du match retour de play-in où ils ont immédiatement rebondi après la déconvenue face à Paris​.
Edy Tavares Crédit : eurohoops.net

Points faibles :

  • Le handicap majeur sera l’avantage du terrain perdu : en terminant seulement 8e après le play-in, le Real devra disputer une éventuelle belle à l’extérieur, dans l’enfer du Pirée, ce qui ne lui était plus arrivé depuis des années en playoffs.
  • Le classement final du Real reflète bien ses difficultés cette saison. Les Madrilènes ont manqué de constance, alternant le bon et le très moyen. En effet, le Real a souffert de nombreux changements d’effectif et blessures : les départs de cadres (Causeur, Rodriguez, Yabusele​) et l’intégration de nouvelles pièces (Campazzo, Ibaka, etc.) ont pris du temps. La grave blessure de Gabriel Deck en début de saison a privé l’équipe de son meilleur ailier pendant de longs mois, et ce n’est qu’en cette fin d’exercice que le cinq majeur se retrouve au complet.
  • Par moment, l’attaque madrilène s’est grippée et l’équipe a manqué de liant, en témoignent des séries de défaites inhabituelles pour le club. Un autre point faible a été la discipline : le Real a concédé beaucoup de lancers francs et de fautes techniques dans certains matchs tendus (Tavares, par exemple, a écopé d’une technique dès le premier quart contre Paris, le sortant du match mentalement).

 Faits marquants de la saison

Olympiakos :

  • La régularité impressionnante de l’équipe : Olympiakos n’a jamais connu de série de défaites prolongée et a su enchaîner les victoires pour rester en haut du classement. Une victoire retentissante à domicile fin octobre contre le Real Madrid (79-69) a marqué les esprits, montrant d’entrée que malgré les départs, le champion de la saison régulière 2023 restait l’équipe à battre. Plus tard, le club a dû faire face à un coup dur avec la blessure au dos de Thomas Walkup, son maître à jouer défensif​.
  • La montée en puissance d’Evan Fournier, dont l’adaptation express a été spectaculaire : l’arrière tricolore a réalisé des performances sensationnelles, que ce soit contre le Panathinaïkos (22 points et 4 assists) ou contre Barcelone (18 points et le buzzer-beater sur drive). Enfin, Olympiakos a su arracher la première place lors de l’ultime journée, dans un contexte difficile (effectif décimé). Cette victoire 99-93 arrachée avec le cœur a galvanisé l’équipe et les supporters, donnant un élan supplémentaire avant d’aborder les playoffs​.
Crédit : Stoiximan Basket League

Real Madrid :

  • La qualification arrachée lors du match de la dernière chance contre le Bayern : sous pression, les hommes de Chus Mateo ont sorti leur meilleur basket au bon moment, avec un Hezonja déchaîné et un Campazzo enfin maître du tempo​. Ce succès convaincant 93-71 a permis au Real de sauver sa saison in extremis et d’entrevoir les playoffs avec un nouveau souffle. 
  • La saison madrilène a été faite de hauts et de bas. Parmi les moments positifs, on note une belle série de victoires à l’automne qui a laissé un temps envisager une place dans le top 4. Le Real a notamment remporté un thriller offensif historique en janvier face au Maccabi Tel-Aviv, 116-113 après prolongation, un match référence où l’attaque merengue a montré tout son potentiel. Mais les faits marquants sont aussi les péripéties : en février, l’arrivée surprise du meneur NBA Dennis Smith Jr a créé le buzz, avant que celui-ci ne quitte subitement l’équipe quelques semaines plus tard, perturbant la rotation arrière​.
  • Un printemps compliqué : plusieurs défaites inattendues l’ont fait chuter au classement, dont une claque à Barcelone et un revers contre le rival Panathinaïkos. Le point culminant de ce chahut fut la défaite contre le modeste Paris Basketball en play-in, sur le parquet de Madrid​. Une vraie alerte rouge pour l’orgueil madrilène.
Facundo Campazzo Crédit : madridistanews.com

Confrontations directes Olympiakos – Real Madrid

L’affiche Olympiakos – Real Madrid est un classique européen qui a déjà offert de nombreuses batailles mémorables. Cette saison, chaque équipe a gagné son duel à domicile en saison régulière. Olympiakos a remporté le match aller fin octobre au Pirée (79-69) grâce à un dernier quart-temps tonitruant​, tandis que le Real a pris sa revanche à Madrid en janvier. Lors de ce second affrontement, les Espagnols ont dominé les débats et l’ont emporté 87-76, établissant même des records offensifs en Final Four (56 points marqués en première mi-temps) dans ce qui ressemblait à une démonstration de force. Ces résultats récents montrent une certaine parité : chacun a tenu son rang chez lui, sans que l’un ne surclasse nettement l’autre.

Mais pour pimenter encore la série, il y a l’historique des confrontations. Impossible, en effet, pour les supporters de ne pas repenser à la finale de 2023 entre ces deux géants. À Kaunas, Olympiakos avait cru tenir sa quatrième EuroLeague, avant que le légendaire Sergio Llull ne vienne briser les rêves grecs d’un tir primé à 3 secondes du terme, offrant le sacre au Real Madrid 79-78​. Ce panier assassin – les seuls points du match de Llull – hante encore les esprits du Pirée​. L’année suivante, en demi-finale du Final Four 2024 à Berlin, le destin a de nouveau souri aux Madrilènes : le Real a éliminé Olympiakos 87-76, au terme d’un match où les « Reds » ont couru après le score du début à la fin​.

Deux désillusions consécutives face à la Maison Blanche, qui confèrent à cette série 2025 un parfum de revanche pour Olympiakos. Les duels entre ces deux clubs ont marqué l’histoire moderne de l’EuroLeague, avec par exemple la finale 2013 remportée par le club du Pirée (100-88 à Londres après une incroyable « remontada » de 17 points menée par Spanólis​) ou la finale 2015 gagnée par le Real à Madrid (78-59, titre acquis sur le sol espagnol)​.

Au total, Real Madrid et Olympiakos se sont affrontés à plusieurs reprises dans des matchs à élimination directe, le plus souvent lors de Final Four. Cette série de playoffs en cinq manches sera toutefois une première depuis longtemps car il faut remonter à 2014 pour trouver trace d’une série de quart entre eux, où le Real (qui était tête de série) avait sèchement éliminé Olympiakos 3-0. Cette fois, le contexte est bien différent : c’est Olympiakos qui part favori avec l’avantage du terrain, et Madrid arrive en outsider expérimenté.

Le passé récent donne un ascendant psychologique aux Espagnols (ils restent sur trois victoires consécutives face aux Grecs en phase finale, finale 2015, finale 2023, demi 2024), mais l’envie de revanche du côté du Pirée est immense. Chaque match entre ces deux équipes est un choc de styles et une affaire de détails, et cette série ne devrait pas déroger à la règle, tant la rivalité est devenue intense et équilibrée. 

Le facteur X

Dans ce duel de titans, un certain nombre de facteurs X pourraient faire basculer la série. Le premier d’entre eux sera sans doute la bataille intérieure entre Nikola Milutinov et Walter Tavares. Le pivot d’Olympiakós, s’il est remis de son pépin physique de fin de saison, aura la lourde tâche de tenir tête au géant madrilène. Tavares est capable de changer un match par sa seule présence défensive ; la capacité de Milutinov (et du collectif grec) à le faire sortir de sa zone de confort sera cruciale. Si Tavares domine la raquette, le Real prendra un ascendant psychologique important. À l’inverse, si le « mur rouge » parvient à le contenir, l’attaque madrilène pourrait s’en trouver grandement limitée.

Crédit : lequipe.fr

On surveillera également le duel des lignes extérieures. Le rendement d’Evan Fournier côté Olympiakos est un véritable facteur X : si le Français continue sur sa lancée et apporte son adresse de loin et son expérience, il peut donner à Olympiakos cette étincelle offensive supplémentaire qui faisait parfois défaut. Du côté madrilène, l’énigme sera Gabriel Deck – de retour après de longs mois d’absence. S’il retrouve son meilleur niveau, il apportera au Real des points près du cercle et une défense précieuse sur les ailiers adverses (il pourrait notamment être l’homme chargé de freiner Fournier).

Enfin, impossible de ne pas évoquer le facteur mental et émotionnel. Olympiakos aura l’avantage du terrain et une soif de revanche incommensurable. Le soutien du public du Pirée peut transcender les joueurs, mais la pression d’être favori devant son public peut aussi les tétaniser. Le Real, lui, évoluera sans complexe, fort de son expérience : il a l’habitude des matchs à enjeu et a prouvé maintes fois qu’il savait gagner sur la scène la plus élevée. La série pourrait bien se jouer sur la capacité d’Olympiakos à surmonter ses démons récents face au Real – effacer de sa mémoire les fantômes de 2023 et 2024 – pour jouer libéré son meilleur basket. Si les Grecs parviennent à imposer leur volonté d’entrée, ils pourraient faire douter des Madrilènes qui ont montré des signes de fébrilité cette année. En revanche, s’ils laissent le Real installer le doute dans leurs têtes (en chipant par exemple l’un des deux premiers matchs à Athènes), le scénario cauchemar pourrait recommencer.

En résumé, le facteur X de cette série pourrait bien être la combativité et la discipline dont fera preuve Olympiakos sur chaque possession, face à un Real opportuniste qui n’en demandera pas tant pour s’engouffrer dans la moindre brèche. L’équipe qui parviendra à jouer son style de basket et à dicter le rythme aura un avantage décisif. 

Le prono

 En tant que supporter de l’Olympiakos, difficile de ne pas aborder cette série avec le cœur battant et l’optimisme chevillé au corps. Oui, le Real Madrid est un monstre sacré, oui il nous a fait mal par le passé – mais cette fois, c’est notre tour. Les Rouge et Blanc ont gagné le droit d’avoir la belle à domicile et je crois fermement que ce détail changera tout. Le scénario ne sera sans doute pas facile, et il serait présomptueux de penser balayer une équipe aussi expérimentée. Mais sur cinq matchs, notre Olympiakos a les armes pour l’emporter.

Mon pronostic raisonnable et optimiste à la fois : Olympiakos l’emporte 3-1 dans la série. Je vois bien les hommes de Bartzokas défendre chèrement l’avantage du terrain en remportant les deux premiers duels dans une ambiance de folie, transcendés par le public. Le Real, piqué dans son orgueil, pourrait réagir au troisième match à Madrid – un sursaut d’orgueil de champions pour éviter le sweep. Mais sur un éventuel match 4, je parie que l’Olympiakos ira chercher la qualification sur le parquet madrilène, comme pour exorciser les fantômes de Kaunas. L’équipe a montré toute l’année qu’elle savait rebondir et relever les défis, et cette fois la détermination des joueurs du Pirée fera la différence. Bartzokas saura trouver les mots pour canaliser l’énergie de la revanche sans tomber dans la précipitation.

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