On y est ! Après une longue saison régulière, place aux playoffs. Et quoi de mieux qu’une affiche entre les deux équipes qui ont remporté trois des quatre dernières compétitions. D’un côté, le Panathinaïkos vise le doublé, tandis que de l’autre, l’Anadolu Efes souhaite retourner sur le toit de l’Europe. Une série qui sera forcément particulière pour Ergin Ataman, opposé à son ancien club avec lequel il avait réalisé le doublé en 2021 et 2022.

Résumé de la saison

Les deux équipes arrivent en playoffs sur de très bonnes dynamiques.

D’un côté, le Panathinaïkos est parvenu à plutôt bien s’ajuster suite à la blessure de Mathias Lessort. En l’absence du pivot tricolore, c’est Kendrick Nunn qui a pris les rênes de l’équipe, s’affirmant comme l’un des meilleurs joueurs du Vieux Continent. Avec ses 21,1 points de moyenne (à 50% au tir dont 43% à trois points), il est tout simplement le meilleur scoreur de la saison d’Euroleague, une première pour un joueur du Pana ! L’arrière américain a également pas mal progressé au playmaking (4,3 assists pour 2,8 turnovers), faisant de lui l’un des joueurs les plus complets. Sa magnifique fin de saison (29 points et 8 assists de moyenne sur les quatre derniers matchs) montre qu’il arrive en forme au meilleur moment.

Pourtant collectivement, le club grec a connu quelques complications. Malgré un roster XXL, jamais l’équipe d’Ergin Ataman n’est parvenue à avoir la mainmise sur la saison. La faute à une défense parfois trop laxiste (10e defensive rating), alors même que c’était une de leurs forces principales l’année dernière. D’ailleurs, le coach turc ne s’y trompe pas puisqu’il déclarait en conférence de presse que « Avec cette mentalité, nous perdrons en playoffs et n’irons pas au Final Four » suite au dernier match de la régulière.

De l’autre côté, l’Anadolu Efes est l’équipe en forme de cette fin de saison. Sur une magnifique série de 8 victoires consécutives (dont 6 contre des équipes hors du top 10), l’équipe basée à Istanbul a acquis une grande confiance avant ces playoffs. Pourtant la saison avait mal démarré, la faute à une régularité dans l’irrégularité. Cela a même coûté la place de Tomislav Mijatovic, qui a été rétrogradé au poste d’assistant.

L’Anadolu a nommé à sa place Luca Bianchi, qui avait connu un début de saison compliqué du côté de la Virtus Bologne. Le sélectionneur de la Lettonie, qu’il avait mené à une 5e place lors de la Coupe du monde 2023, a trouvé la formule gagnante sur cette fin de saison en trouvant un équilibre dans ses rotations. L’équipe affiche d’ailleurs le meilleur net rating de la saison, devant l’Olympiacos !

Les joueurs du Panathinaïkos célébrant leur victoire contre l’Anadolu Efes en février. Crédit : Panagiotis Moschandreou via Getty Images

Les affrontements en régulière

Une victoire à domicile de chaque côté lors de leurs duels cette saison, et pourtant la physionomie des rencontres a été bien différente.

Lors du premier match à Istanbul en décembre, l’Efes s’est imposé très largement en faisant la différence par ses drives. Jamais la défense extérieure du Pana n’a été en mesure d’empêcher ses opposants d’obtenir des paint touches faciles, débouchant sur des tirs au cercle ou à trois points après drive-&-kick. Darius Thompson (7 points, 9 assists) et Dan Oturu (15 points) ont été les artisans majeurs de ce succès, bien aidés par l’adresse de Rodrigue Beaubois et Jordan Nwora (31 points à 13/21 en cumulé). En face, le Pana n’a jamais existé dans la rencontre. En l’absence de Kendrick Nunn (suspendu), les hommes d’Ataman n’ont jamais réussi à trouver leur rythme dans ce match.

Pourtant lors de la seconde rencontre entre les deux équipes, cette fois-ci à Athènes, ce sont les hommes en verts qui ont largement dominé la rencontre. Avec la présence d’un Nunn de gala (36 points à 12/21) et de l’agression vers le cercle de Osman (20 points), le Panathinaïkos a largement dominé l’Efes. Vincent Poirier a été particulièrement en difficulté pour défendre le PnR lors de cette rencontre, chose très inhabituelle pour lui.

Vincent Poirier en défense face à Kendrick Nunn. Crédit : Panagiotis Moschandreou via Getty Images

Les clefs de la série

La défense du Pick-and-roll

On a l’habitude de voir le Pana avoir une défense très agressive sur PnR, que ce soit via des hedge ou des blitz sur les porteurs de balles. L’objectif est clair : ralentir les ball-handlers adverses en les obligeant à faire face à des prises à deux ou à lâcher le ballon.

Or avec l’absence de Mathias Lessort, l’équipe d’Ataman est bien moins bonne sur ces schémas. Si Wenyen Gabriel est un intérieur mobile, il a trop tendance à être indiscipliné et à faire trop de fautes. Les autres intérieurs du Panathinaïkos sont quant à eux beaucoup moins mobiles, et donc moins efficaces.

Or à l’inverse, l’Efes est une très bonne équipe sur PnR grâce à ses nombreux ball-handlers (Elijah Bryant, Darius Thompson) et à ses connecteurs (PJ Dozier). Le duo Vincent Poirier – Dan Oturu au poste 5 pourrait également poser des problèmes de par leur capacité à être de très bons finisseurs sur ces actions, et de plutôt bien gérer les actions sur short-roll.

Les choix défensifs sur Kendrick Nunn

Comme on l’a évoqué précédemment, Kendrick Nunn est devenu cette saison l’un des meilleurs joueurs de l’Euroleague. S’il paraît difficilement stoppable, on a pourtant vu l’Olympiacos réussir à le ralentir lors de la 29e journée en le forçant à jouer davantage sur sa main droite et en multipliant les stunts sur ses drives. L’Américain a d’ailleurs réalisé sa moins bonne prestation de la saison lors de ce match en finissant avec (7 points, 3 assists et 5 turnovers).

On pourrait imaginer l’Efes proposer des schémas défensifs très agressifs sur l’ancien joueur des Lakers, or le Pana est une équipe qui excelle particulièrement sur les situations de 4vs4 et 4vs3 grâce à la profondeur de leur effectif, à commencer par Kostas Sloukas.

L’importance de la 2nd unit et des rotations

On a ici affaire à deux équipes qui excellent offensivement (les deux meilleures offensive ratings) grâce aux talents de leurs superstars et à la profondeur de leur effectif. Et c’est bien ce deuxième aspect qui sera à surveiller de très près.

En effet, le Pana (sur)vit un peu trop sur les exploits individuels de Kendrick Nunn. Si Juancho Hernangómez réalise une très bonne saison et que Sloukas montre des flashs très intéressants, difficile d’en dire autant du reste de l’effectif. Cedi Osman est une belle surprise, mais peut-il vraiment être un facteur X sur cette série ? Quid de Lorenzo Brown ? De l’autre côté, l’Efes affiche une très grosse profondeur au niveau des guards et des intérieurs, mais affiche quelques soucis sur les ailes.

La bataille du coaching sera bien évidemment à suivre de très près, notamment concernant les rotations. Est-ce qu’Ataman s’appuiera beaucoup sur des lineups à trois (voire quatre) guards pour répondre à celles de Bianchi ? Ce dernier a réussi à redresser la saison de l’Efes malgré des débuts irréguliers, mais Ataman a prouvé en carrière qu’il était le maître pour gérer un effectif de main de maître.

Les conférences de presse d’après-match seront d’ailleurs immanquables !

À travers des philosophies tactiques différentes, le face-à-face entre les deux techniciens promet un affrontement de haut niveau

Le facteur X de la série : Shane Larkin

Double vainqueur de la compétition en 2021 et 2022 (avec Ataman au coaching), Shane Larkin s’est affirmé comme l’un des meilleurs joueurs de la compétition, lui permettant de faire partie du top 25 historique de l’Euroleague grâce à sa capacité à scorer d’un peu partout sur le terrain.

Pourtant l’Américano-Turque a connu une saison tronquée par les blessures, l’empêchant de trouver son rythme. Que ce soit durant la pré-saison ou même durant la première partie de la saison, Larkin a été gêné par des soucis à la cheville et une blessure au doigt. Il a pourtant réussi à monter en puissance sur la fin de saison, tournant par exemple à 13,6 points et 3,6 assists (à 44% de loin) sur ses 7 derniers matchs. Il nous a d’ailleurs gratifiés de quelques performances très intéressantes, notamment contre le Bayern (25 points, 4 rebonds, 4 assists).

Ce qui fait sa force, c’est bien évidemment sa capacité à punir par son shoot, et notamment son pull-up à trois points qu’il affectionne particulièrement. Grâce à son excellent handle et sa capacité à dégainer très rapidement, il arrive à se créer les espaces pour prendre ses tirs compliqués, qu’il convertit avec brio (38% à trois points cette saison, et 41% en carrière). Il pourrait notamment exceller de par sa capacité à contourner les hedges adverses, ce qui serait dévastateur face au Pana.

Mais dans le cas où les shoots ne rentrent pas, Larkin devra montrer qu’il est plus qu’un shooteur. Il est cette saison beaucoup moins efficace dans la raquette, tant en terme de fréquence (24% de ses tirs contre 32% l’année dernière) qu’en réussite (48% cette saison, soit le 12e centile de toute l’EL). Il est également moins responsabilisé au playmaking, même s’il pourrait faire la différence sur cet aspect, notamment en profitant du spacing apporté par ses coéquipiers.

Il faudra en tout cas qu’il soit bien meilleur en défense, surtout avec Ataman qui adore cibler les liability adverses. Un duel dans le duel entre les deux anciens hommes qui se sont bien connus à l’Efes, mais dont les relations n’ont jamais été très bonnes. Larkin expliquait d’ailleurs en 2023 que « Ataman et moi n’avons jamais eu une relation parfaite. […] en dehors du terrain, il n’a pas tendance à nouer des relations avec les joueurs », même s’il a précisé en début de saison que « nous avons de bonnes relations ».

Deux fois champions de l’Euroleague ensemble, les retrouvailles entre ces deux fortes personnalités risquent d’être captivantes à suivre. Crédit : Sergio Perez via Reuters

Le pronostic du rédacteur

Aussi étonnant que cela puisse paraître, j’imagine l’Anadolu Efes sortir gagnante de la série 3-1. Je sais que cet avis n’est pas partagé par beaucoup de personnes, mais la fin de saison en boulet de canon du club turc couplée à certaines interrogations concernant le fond de jeu du Pana me font pencher du côté d’Istanbul.

La domination dans la raquette ainsi que la qualité du playmaking pourraient poser des problèmes à une équipe du Panathinaïkos qui, en l’absence de Mathias Lessort, a perdu son encre dans la raquette. Je ne doute pas du fait que Kendrick Nunn fasse une grande série individuelle, mais je ne sais s’il arrivera à porter sur ses épaules cette équipe face à une équipe mieux organisée tactiquement et disposant d’une bonne profondeur d’effectif.

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