Que c’est dur d’être fan des Wizards depuis des années… Pas de Finales de Conférence depuis près de 50 ans, des équipes médiocres, et aucun plan de reconstruction viable. Il faut remonter à la saison 2017-18 pour voir Washington avec un bilan positif (43-39). Surnommés les Lashington Lizards tant les W’s se font rares, c’est dire combien la franchise et les fans vont mal.

Cette saison 2024-25 ne change pas la donne : seulement 18 victoires sur les 82 matchs de la saison. Pourtant, il y a de quoi être optimiste dans la capitale ! Les Sorciers ont enfin un young core intéressant, et il y a du positif à retenir de cette saison qui s’est conclue avec le deuxième pire bilan de la Ligue. Retour sur ce que l’on a aimé cette saison chez les Wizards.

La francophonie s’impose à Washington

Si celui qui habite la Maison Blanche à Washington n’est pas pour le multiculturalisme, les francophones de la capitale n’en ont que faire. Bilal Coulibaly, Alexandre Sarr et Kyshawn George ont crevé l’écran cette saison. Le premier a vu sa saison écourtée par une blessure aux ischio-jambiers, mais il était sur de très bonnes bases. Plus de 12 points de moyenne, avec 5 rebonds et 3,4 passes, il a prouvé qu’il n’était pas qu’un simple défenseur, et qu’il était capable d’être un scoreur, ou même un initiateur d’attaque. Nous en avons déjà parlé sur Le Roster.

Alexandre Sarr à la hauteur de son choix de draft. Crédit : G. Ellwood / NBAE / Getty Images via AFP
Alexandre Sarr à la hauteur de son choix de draft. Crédit : G. Ellwood / NBAE / Getty Images via AFP

Dès son arrivée en tant que 2e choix de la Draft 2024, Alexandre Sarr a été présenté comme la pierre angulaire de la reconstruction des Wizards. Avec son physique hors norme et une agilité rare pour un intérieur, le Français a rapidement justifié les attentes du côté défensif. À l’instar d’Evan Mobley, il est capable de switch sur des guards, comme de protéger le cercle. Ses 9 tirs contestés par match en sont la preuve, et aussi une des raisons de son « faible » nombre de rebonds (6,5 par match) malgré sa taille.

Bien qu’il affiche de très bons chiffres au contre (1,5 contre par match. 2,6% de Blk%), ses adversaires ne voient pas leur adresse dans la raquette s’effondrer. Face à Sarr, son vis-à-vis ne perd que 0,2 point de pourcentage d’adresse dans la peinture, contre environ 10 pour ses homologues Victor Wembanyama, Rudy Gobert, Walker Kessler, ou Jaren Jackson Jr. Sa défense n’est donc pas encore la plus impressionnante en NBA, mais il a montré de très bonnes choses, très prometteuses. D’autant plus qu’avec l’arrivée de Marcus Smart, il va pouvoir peaufiner cet aspect de son jeu.

Nous travaillons dessus…Il peut être un grand défenseur » Marcus Smart au sujet des conversations avec Alex Sarr pour l’aider à devenir un joueur plus physique.

Côté offensif, il a vécu une saison en dent de scie. En manque d’adresse de loin, il est loin d’être le plus efficace de son équipe. Mais il a montré un meilleur visage après le All-Star break, il provoquait plus de lancers francs, et commettait moins de fautes de débutant. Il termine sa saison rookie avec des moyennes de 13 points, 6,5 rebonds, 2,4 passes décisives et 1,5 contres. S’il ne sera sûrement pas Rookie de l’année, il a sa place dans la 1st All-Rookie Team, une belle récompense pour le pivot français, de quoi se réjouir à Washington.

Kyshawn George, l'espoir suisse. Crédit : Nell Redmond/KEYSTONE/AP
Kyshawn George, l’espoir suisse. Crédit : Nell Redmond/KEYSTONE/AP

Drafté en 24e position, Kyshawn George a montré qu’il avait tout du 3&D moderne. En défense déjà, sur l’homme ou pour couper les lignes de passes, il ne ressemble pas à un rookie de 21 ans, mais à un ailier aguerri en NBA. Les chiffres le démontrent, 1,7 stocks (addition des interceptions et des contres) par match, 1,6% de Stl% (64e centile chez les ailiers) et 1,4% de Blk% (92e centile). Des stats comparables à celles de Jaden McDaniels aux Wolves.

Au-delà de sa défense, il s’est fait remarquer de l’autre côté du terrain. Cette fois les chiffres sont moins tape-à-l’œil, 8,7 points à 37,2% au tir, et 32,2% de loin. S’il n’a pas été un monstre d’adresse, il a exposé son culot à la planète basket. D’autant plus que son adresse de 41% à trois points en NCAA et les 44,4% de réussite qu’il a affichés en février prouve qu’il est largement capable de devenir un sniper dans la Grande Ligue.

Du haut de ses 21 printemps, il est aussi très mature. Conscient que les Wizards n’ont pas la meilleure équipe, il se contente d’apprendre et de s’améliorer dans tous les aspects du jeu. Il sait et comprend que le projet de Washington s’inscrit sur la durée, et il en fera partie.

C’est jamais fun de perdre. Mais je pense que nous avons tous en tête une vision plus large, et je pense que le fait d’avoir un si bon groupe aide beaucoup dans le sens où nous restons unis. »

Kyshawn George

Justin Champagnie a trouvé sa place

Justin Champagnie, shooteur en sortie de banc. Crédit : Daniel Kucin Jr.-Imagn Images
Justin Champagnie, shooteur en sortie de banc. Crédit : Daniel Kucin Jr.-Imagn Images

1,26 point par tir, 38,3% à trois points : ce sont les chiffres qu’affiche Justin Champagnie aux Wizards cette saison. Lui qui a déjà connu trois équipes en quatre ans, le natif de New York a voyagé dans la Ligue. Mais dans la capitale, il semble être dans son élément, avec l’émergence des jeunes, il a une place toute trouvée dans la rotation jusqu’en 2027 au moins, à très bon prix pour Washington. Outre les tirs qui rentrent, Champagnie n’est pas un poids pour la défense des Wizards. Très actif sur les lignes de passes, il intercepte un ballon par match alors qu’il n’est sur le parquet que 21 minutes en moyenne.

Très bon rebondeur également malgré sa taille (1m98), il a fini la saison en grandes pompes avec 4 double-doubles sur les cinq derniers matchs. Sur cette période il tourne à 19,8 points (15/31 à trois points), 11,2 rebonds et 1,6 interception, de quoi partir en vacances avec le sourire. À seulement 23 ans, il embrasse un rôle de vétéran, tant l’équipe est inexpérimentée.

Même s’il a des problèmes personnels, il est toujours là pour l’équipe, il s’assure que tout le monde ait le sourire. Il est très mature pour son âge, il a un futur très très très étincelant devant lui. »

Justin Champagnie à propos de Bub Carrington

L’endurance de Bub Carrington et le trade de Kuzma

C’est une image qui restera dans les mémoires : à Miami, buzzer de l’ultime rencontre sonné, Carlton « Bub » Carrington s’effondre sous ses coéquipiers après avoir offert aux Wizards une victoire de prestige d’un floater acrobatique. « Je ne suis plus un rookie. J’ai joué 82 matchs. J’ai un game winner », lâche-t-il, sobre et fier, résumant une saison où le natif de Baltimore a transcendé les attentes.

Drafté en 14ᵉ position, Carrington a disputé chaque match de la saison, devenant le premier rookie des Wizards depuis Jeff Ruland en 1981-82 à réaliser cette prouesse, malgré une blessure au poignet persistante et le décès de son père en mars. « Je déteste manquer des matchs. Si je le fais, je me traite de faible », confie-t-il, révélant une mentalité de guerrier. Leader malgré ses 19 ans, il a marqué la saison par son audace et sa maturité tactique. 

Il n’a pas froid aux yeux. Qu’il marque ou rate, il assume. »

Brian Keefe, coach des Wizards

10 points, 4 rebonds, et 4 passes, 34% de loin, ce sont les statistiques de la saison rookie de Carrington. Mais quand on cherche plus loin que les chiffres bruts, il affiche un Ast:Usg de 1,20. Parmi les joueurs ayant joué plus de 1700 minutes cette saison, il ne sont que 18 à avoir un tel ratio passes décisives/usage.

« Offensive overview » triée par Ast:Usg. Source : cleaningtheglass.com

En l’espace d’une saison, Bub a répondu aux attentes, il a prouvé qu’il faudra compter sur lui dans le futur de la franchise, et qu’il sera le maître à jouer des Coulibaly, Sarr et consort.

En expédiant Kyle Kuzma aux Bucks contre Khris Middleton et AJ Johnson, les Wizards ont accompli l’impossible : transformer un gouffre à ballons (15,2 points à 42% aux tirs) en un coup stratégique. Indésirable à DC, Kuzma a libéré l’espace offensif pour les jeunes pousses (Sarr, Coulibaly, Carrington), permettant un jeu plus fluide et collectif. Résultat ? Une dynamique post-trade deadline revitalisante, avec des victoires symboliques et une énergie retrouvée. Avant la deadline, c’était à se demander si lorsqu’il était absent, les Wizards ne proposaient pas un basket plus intéressant.

Feb 7, 2025; Atlanta, Georgia, USA; Milwaukee Bucks forward Kyle Kuzma (18) reacts after a basket against the Atlanta Hawks in the second quarter at State Farm Arena. Mandatory Credit: Brett Davis-Imagn Images
Kyle Kuzma n’entrait pas dans la timeline des Wizards. Crédit: Brett Davis – Imagn Images

À 33 ans, Khris Middleton n’est pas venu à Washington pour jouer les figurants. « Ces gars [Smart et Middleton ndlr] sont là pour jouer… Ils enseignent naturellement par ce qu’ils sont », insiste Brian Keefe. Le triple All-Star, bien que diminué par les blessures, incarne un leadership précieux. En troquant un ball dominant inefficace contre un vétéran respecté et un projet prometteur, les Wizards ont non seulement accéléré leur reconstruction, mais aussi redonné un sens à chaque possession.

L’après deadline : AJ Johnson et Tristan Vukčević

Arrivé à Washington via l’échange de Kyle Kuzma avec Milwaukee, AJ Johnson incarne le pari audacieux de la franchise : transformer un talent brut en joyau NBA. À 20 ans, le guard de 1m93, choisi en 23ᵉ position de la Draft 2024 après une saison mitigée en Australie (NBL), affiche des statistiques modestes dans la capitale (9 points à 38,6% aux tirs, et 3 passes en 22 matchs), mais électrise les parquets avec ses dunks spectaculaires. « Plus je joue, plus je sens que je m’améliore », confie-t-il, conscient de son statut de projet à long terme.

AJ Johnson, le diamant brut de Washington. Crédit : Daniel Kucin Jr./Imagn Images
AJ Johnson, le diamant brut de Washington. Crédit : Daniel Kucin Jr.-Imagn Images

Repéré au collège par Mike Hill, qui l’a entraîné gratuitement en voyant en lui « un potentiel immense », Johnson a surmonté les doutes sur son physique chétif. Son rival et mentor Jalen Green résume son état d’esprit : « Il essaie de me prouver qu’il peut rivaliser… Mais il sait que je suis meilleur ». Malgré des débuts en dents de scie, son agilité et sa détermination en font un pari des Wizards : risqué, mais rempli d’une promesse qui, un jour, pourrait étinceler.

À 21 ans, Tristan Vukčević, pivot serbe drafté en 42ᵉ position en 2023, espère transformer son contrat two-way en un plaidoyer pour l’obtention d’un rôle permanent. En 35 matchs avec Washington, le géant de 2m13 a dévoilé un jeu moderne : 9,4 points, 3,7 rebonds et surtout 37,3% à trois points en seulement 15 minutes. Il culmine à 28 points contre Miami lors du dernier match de la saison.

Sur ses six dernières sorties, le Serbe a accentué la pression : 17,8 points, 5,5 rebonds et 2,1 trois points marqués de moyenne. Un profil de stretch-five moderne, doté d’un QI offensif et d’un touché aux lancers francs prometteur (77,6%), qui rappelle le parcours de Justin Champagnie, promu d’un contrat two-way à un accord durable.

Tristan Vukčević, bientôt un contrat long terme en NBA ? Crédit : Daniel Kucin Jr.-Imagn Images
Tristan Vukčević, bientôt un contrat à long terme en NBA ? Crédit : Daniel Kucin Jr.-Imagn Images

Avec les Wizards en pleine reconstruction, Vukčević incarne un pari audacieux : un diamant brut à sculpter (oui, encore un), capable de redéfinir le rôle d’un intérieur dans une NBA assoiffée d’espace. Reste à consolider son impact sous le cercle… et à signer un contrat qui lui semble promis.

Malgré une saison 2024-25 difficile, les Washington Wizards semblent enfin poser les bases d’un avenir radieux. La franchise mise sur la patience et la croissance organique. Certes, les défauts persistent : défense perfectible, adresse irrégulière, et un effectif encore trop vert pour rivaliser avec l’élite. Mais avec l’arrivée de vétérans et une direction claire, Washington renaît. Les fans devront garder foi en un processus long, mais les premiers signaux, aussi ténus soient-ils, laissent entrevoir une lueur au bout du tunnel. La magie des Wizards, si longtemps éteinte, pourrait bien se réveiller… à condition de ne pas brûler les étapes.

Ne manque pas un article !

Rejoins la communauté Le Roster en t'abonnant à notre newsletter !

Damian Lillard indique l'heure