Bienvenue dans la série « une affaire de famille » qui a pour but d’explorer les grandes familles qui foulent ou qui ont foulé les parquets NBA. Dans ce premier épisode, on se concentrera sur les frères internationaux ayant marqué la NBA ces dernières années : des Wagner Bros, aux Antetokounmpo en passant par un célèbre duo de frères espagnol.
Les Wagner Bros du Orlando Magic
Moritz Wagner a commencé sa carrière timidement en sortie de banc dans des équipes moyennes de l’époque : Lakers et Wizards. A la trade deadline 2021, il est envoyé aux Celtics, mais est rapidement coupé trouvant alors un point de chute pour le dernier mois de compétition en Floride, à Orlando. Et durant la draft, un deuxième Wagner débarque en Floride.
En effet, son plus jeune frère Franz est un bon prospect, après deux ans à la fac de Michigan et est sélectionné en 8ème position à la draft 2021. Le Magic offre alors la possibilité aux deux frères de jouer en ensemble en proposant un contrat garanti à Moe. C’est le début des « Wagner Bros » à Orlando.
Franz est bien évidemment plus talentueux, étant un ailier capable de tout faire sur un terrain et en constante amélioration depuis ses débuts. Après ses trois premières saisons, le Magic lui a accordé sa confiance en lui proposant un contrat maximum, à 224 millions sur 5 ans. Bien que la hauteur de ce contrat a fait grincer certaines dents, c’est là le prix à payer pour une franchise de petit marché.
L’ailier l’a plutôt bien rendu sur cette saison en jouant à un niveau All-Star, prenant le relais en tête de l’équipe avec l’absence de Banchero, en alignant environ 24 points, 6 rebonds et 5 passes, dans une équipe minée par les blessures, dont son frère victime d’une rupture des ligaments croisés. Grâce à lui et Paolo Banchero, entre autres, le Magic a péniblement atteint les playoffs, la faute à une attaque encore remplie de défauts. Le principal atout de l’attaque d’Orlando est un manque clair d’adresse extérieure, l’ailier shootant à moins de 30% à 3 points cette saison.
Le grand frère, listé parmi les seven footer, est un joueur physique prêt à se sacrifier pour son équipe. Également capable de tirer de loin, il est typiquement le joueur que l’on aime avoir dans son équipe, mais que l’on déteste affronter. Il fait un boulot immense en sortie de banc avec un excellent rendement : 11 points et 4 rebonds en moins de 18 minutes sur la saison 2023-2024.
Le duo de frères allemands fait également les beaux jours de l’équipe nationale, symbole d’une excellente génération allemande. Troisième au championnat d’Europe en 2022 puis championne du monde en 2023, l’équipe a échoué au pied du podium lors des Jeux olympiques de Paris. La Mannschaft reste une jeune équipe, très talentueuse et complète, qui restera un des poils à gratter des équipes FIBA si les deux frangins continuent les campagnes internationales.
Les frères Gasol : les légendes des Grizzlies qui ont gagné ailleurs
Le grand frère, Pau Gasol, a d’abord débuté sa carrière professionnelle à Barcelone alors qu’il n’est encore qu’un adolescent. Si on a maintenant l’habitude de voir des joueurs européens débarquer en NBA, ce n’était pas aussi courant à l’époque. Drafté en 3ème position de la draft 2001, après 3 ans au Barca, Pau performe dès sa première année.
Il impose un rythme qu’il gardera globalement toute sa carrière : 18 points, 9 rebonds, 3 passes. Du jeu au poste se finissant par un petit mi-distance ou un dunk dans la raquette, du rebonds, une excellente vision de jeu, … les qualités de l’Espagnol sont nombreuses
Il est logiquement élu Rookie de l’année et continue à jouer ce niveau durant tout son temps à Memphis. Malheureusement, l’équipe de Memphis ne dépasse jamais le premier tour de playoffs à l’ouest, la faute à un effectif pas taillé pour aller loin. Concrètement, Pau est dans la discussion des meilleurs intérieurs de la ligue et se voit récompensé de sa première sélection au All-Star Game en 2006, mais on a du mal à le voir comme un vrai franchise player.
Après sept années passées dans le Tennessee, et alors que le projet prend une nouvelle direction avec des nouveaux jeunes, ça sent la fin entre les deux camps. Et dans l’un des transferts les moins équilibrés de l’Histoire de la NBA, il rejoint en février 2008 les Los Angeles Lakers de Kobe Bryant.
Atteignant les finales quelques mois plus tard, lui et les Lakers sont battus par l’excellente raquette des Celtics. Motivé par les critiques qu’il reçoit après l’échec de 2008, notamment celle visant son côté « soft player » incapable de défendre ou d’aller faire la guerre aux intérieurs de Boston.
Bien revanchards et avec de nouveaux automatismes mis en place, Pau et les Lakers remportent le back-to-back en 2009 et 2010, en battant le Magic puis en prenant leur revanche sur les Celtics. Héroïque lors du match 7 des finales de 2010, certains suggèrent que Pau aurait dû être MVP de ces finales. Au Roster, on a même consacré une vidéo sur comment Pau Gasol a sauvé la legacy de Kobe Bryant.
Pilier de la raquette de cette équipe californienne, Pau a l’honneur de voir son maillot retiré au plafond de l’antre des Lakers et de rentrer au Hall of Fame. Il reste finalement 7 saisons aux Lakers et fait légitimement parti des meilleurs joueurs ayant joué dans cette franchise mythique.
En 2014, il part aux Bulls de Jimmy Butler, où il a encore de beaux restes puisqu’il est nommé deux fois All-Star. Puis, il réalise des passages plus anecdotiques aux Spurs et aux Bucks. Victime d’une fracture de fatigue au pied, il quitte définitivement la NBA en 2019. Mais Pau veut boucler la boucle, et joue la saison 2020-2021 à Barcelone, où il remporte le championnat d’Espagne, à 40 ans.
Lorsque Pau est échangé aux Lakers, Memphis récupère les droits de draft d’un certain Marc Gasol … qui débarque alors dans la grande ligue en 2008, à l’âge de 24 ans. Marc est un des symboles de l’équipe du Grit and Grind des Grizzlies des années 2010 avec Zach Randolph ou encore Mike Conley.
Il est très certainement le meilleur joueur de l’histoire des Grizzlies étant premier ou deuxième des catégories statistiques de matchs joués, points, rebonds, passes et contres. D’un point de vue récompense avec les Grizzlies, il est défenseur de l’année 2013 et 3 fois All-Star (2012, 2015, 2017). Ancre défensive, il est aussi le moteur de l’attaque en étant un véritable point center aux alentours des 4 passes décisives et capable de réaliser des triples doubles, 5 en tout.
Mais malheureusement, cette équipe de Memphis des années 2010, n’atteindra les finales de conférence qu’une seule fois, en 2013. La faute à un manque d’un véritable franchise player ce que n’est pas Marc Gasol, comme son frère. Après des sorties au premier tour à répétition, et une saison à 22-60, la franchise prend une nouvelle direction, alors que Marc se fait de plus en plus vieux.
Transféré en cours de saison 2018-2019 pour être envoyé au Raptors, il devient champion NBA trois mois plus tard en ayant un rôle majeur durant le run de playoffs. L’histoire d’une équipe « one shot » monté par Masai Ujiri, faite pour gagner instantanément, avant le départ inéluctable de Kawhi Leonard.
Comme son frère, il a lui aussi porté la tunique des Lakers en 2020-2021, avec moins de succès malheureusement. A l’instar de Pau, il retourne en Espagne dans le club de Girone qu’il a lui même créé en 2014. Et alors que l’équipe évolue en deuxième division quand il arrive, il aide l’équipe à monter en Liga ACB.
Pour résumer leurs immenses carrières aux États-Unis : les deux Espagnols sont les premiers frères à jouer dans le même All-Star Game en 2015, à remporter un titre NBA et à avoir leurs maillots retirés par une franchise NBA.
Pour finir, ils ont eux aussi bien aidé leur sélection nationale, c’est le moins que l’on puisse dire. Individuellement, le palmarès des deux frères seraient trop long pour être décrit ici. Cependant, ils décrochent, ensemble, deux médailles d’argent aux JO 2012 et 2016, sont champions du monde en 2006 et champions d’Europe en 2009 et 2011.
Les frères Antetokounmpo : de la ruée aux titres NBA
La fratrie Antetokounmpo ce sont cinq frères, avec quatre basketteurs dont trois qui ont joué et remporté un titre NBA. L’histoire avant la NBA de Giannis symbolise bien leur histoire commune. Ils sont issus de l’union d’un père footballeur professionnel et d’une mère sauteuse en hauteur : Charles et Veronica Adetokunbo arrivant illégalement en Grèce en 1991, laissant le fils ainé, Francis, au Nigeria.
Thanasis et Giannis, respectivement nés en 1992 et en 1994, ne peuvent pas avoir la nationalité grecque, le droit du sol grec ne s’appliquant pas aux enfants d’immigrés arrivés illégalement, laissant les frères apatrides. Sauf que pour se présenter à la draft 2013, Giannis nécessite un passeport pour se présenter à la draft. Il réalise alors les démarches et est naturalisé en 2013 et changent leurs noms de famille en Antetokounmpo, traduction grecque littérale de leurs noms nigérians.
La suite pour Giannis, on la connait. Sélectionné en 13ème position à la draft 2013, il devient un des meilleurs ailiers forts de l’Histoire de la NBA, en étant multiple All-Star, MIP (2017), double MVP (2019 et 2020), défenseur de l’année (2020). Celui que l’on surnomme désormais le Greek Freak, remporte le titre NBA 2021, en étant MVP des Finales bien entendu.
Loyal avec les Bucks, il vient de boucler sa 12ème saison dans la région. Il est sur toute les tablettes des records de franchise en étant celui qui a : joué le plus de matchs, marqué le plus de points, pris le plus de rebonds, délivré le plus d’assists, … et la liste est bien plus longue si on rentre dans les détails. On peut même affirmer qu’il s’est déjà propulsé comme l’un des 4 meilleurs ailiers fort de tout les temps.
Son run de playoffs de 2021 est extraordinaire et trop rapidement oublié. On parle tout de même d’une campagne à 30 points, 13 rebonds, 5 passes de moyenne et des finales NBA encore plus performante avec des actions d’éclat qui resteront légendaires.
Mais ce titre a une valeur supplémentaire pour Giannis puisqu’il le partage avec Thanasis, son grand frère. Ayant réussi à se faire une place dans l’effectif des Bucks depuis 2019, Thanasis a d’abord passé quelques matchs avec New-York, puis des années en G-League et en Europe. Dans le Wisconsin, il reste au bout du banc, ne jouant que quelques minutes par match. En carrière, ça donne 8 minutes de moyenne en un peu moins de 200 matchs. Mascotte de l’équipe, souvent moqué sur les réseaux sociaux, il est plus connu pour ses encouragements hors terrain que ses paniers marqués.
Le troisième des frères, Kostas Antetokoumpo obtient la nationalité en 2016 pour tenter sa chance aux États-Unis, en high school puis en NCAA. Sur la saison 2019-2020, les Lakers lui proposent un 2 way-contract qu’il honore avec 4 matchs joués. Bien présent dans la bulle d’Orlando, il est donc champion NBA en 2020. En fait, il est même le premier grec à remporter un titre NBA, une année avant ses deux frères !
Historiquement, la fratrie Antetokounmpo dépasse alors celle des Gasol, avec 3 frères ayant un titre NBA.
Pas au niveau de la ligue, Kostas est coupé par les Lakers à la fin de l’année 2021 et rejoint la France et l’ASVEL où il est … champion de France en 2022. Depuis, il se balade en Europe, et a même remporté l’EuroLeague avec le Panathinaikos en 2024, remplissant un peu plus son armoire à trophées.
Le dernier basketteur né en 2001, Alex, n’a lui jamais réussi à décrocher un contrat NBA bien qu’il ait réalisé deux saisons avec l’équipe affiliée de G-League, le Wisconsin Herd.
Finalement, en 2021, Alex et sa maman Veronica obtiennent un passeport grec. Giannis a quant à lui reçu la citoyenneté nigériane depuis 2015 et revendique fièrement sa double-culture. Bien connue maintenant, l’histoire des gamins des rues d’Athènes jusqu’à la NBA a été mise en scène dans la série « Giannis: The Marvelous Journey ».
Le nombre de joueurs internationaux a très largement augmenté, et forcément le nombre de frères non américains aussi. Que ce soit les légendaires frères Gasol jusqu’aux actuels Wagner Bros, on a pas fini de voir des européens portant le même nom de famille fouler les parquets NBA.
