S’il est vrai que nous, Français, connaissions le nom de Guerschon Yabusele bien avant cette saison, on ne peut pas vraiment en dire autant des américains. Drafté par Boston, le Français a dû retourner en Europe, où il s’est imposé au Real et en sélection, avec laquelle il dispute les J.O. cet été. À cette occasion, l’ailier fort attire le regard de plusieurs franchises. Au final, ce sont les 76ers qui raflent la mise, et le signent pour un an au salaire minimum.
À peine trois semaines après la finale face à Team USA, le nounours préféré des Français signe son retour en NBA. Aux côtés de Tyrese Maxey, Paul George et Joël Embiid, l’international tricolore rejoint une armada taillée pour le titre. Sauf que comme souvent avec Philadelphie, rien ne va se passer comme prévu. Entre les contre-performances répétées de PG, les pépins physiques de Jojo, et la blessure de Jared McCain, la saison de Philly a rapidement pris une tournure catastrophique. Mais cette mauvaise dynamique n’est pas à mettre au crédit de Guerschon, qui signe un excellent retour aux États-Unis.
La saison de la révélation en NBA
Sous les ordres de Nick Nurse, l’ailier fort n’est pas tout de suite titulaire, mais a rapidement un rôle à jouer dans la saison des 76ers. Pour la première fois de sa carrière, il est utilisé en tant que pivot pour pallier aux absences de Joël Embiid dans la raquette. Du haut de ses 2m03, on serait tenté d’émettre des doutes sur la viabilité de passer Yabusele au poste 5, mais ce dernier a de quoi compenser son déficit de taille. Fort de plus de 120 kilos de muscles, et d’une très bonne mobilité (deux atouts qui lui valent son surnom de l’ours dansant), il n’a aucun mal à prendre ses aises dès le début de saison.
Grâce à un esprit ultra combatif, le Français s’adapte rapidement au jeu et au tempo NBA. Avec seulement 2 victoires en 14 matchs pour démarrer la saison, les 76ers ont besoin de joueurs qui mouillent le maillot. Ça, Guerschon Yabusele l’a bien compris, et va se battre, au sens propre comme au figuré, pour sortir sa nouvelle équipe de cette mauvaise passe. En effet, le Français est le premier à se jeter au sol pour récupérer le ballon et à aller se bagarrer face à des vis-à-vis bien plus grands aux rebonds offensifs. Catégorie dans laquelle il est le deuxième meilleur de son équipe après Andre Drummond.
Une abnégation qui, à défaut de permettre aux 76ers de gagner des matchs, propulse Yabusele dans le cinq majeur. Naturellement, cette étiquette de starter lui permet de gagner en responsabilité, en attaque plus particulièrement. Depuis qu’il est habitué à démarrer, il obtient beaucoup plus de ballons au poste, son arme de prédilection pour scorer. À plus de 56% de réussite au tir dans l’exercice, l’ancien villeurbannais peut enfoncer n’importe qui, même de grands pivots à qui il rend plusieurs centimètres.
En plus de cette grosse réussite dos au panier, Guerschon Yabusele peut très bien s’écarter pour shooter. Avec plus de 40% de réussite derrière l’arc sur près de quatre tentatives par soir, il offre un spacing de choix aux 76ers et permet à Nick Nurse de varier les rotations. Pour autant, le poste 4 n’a pas oublié comment dunker, et reste la machine à highlights qu’on a connue en EuroLeague ou en équipe de France. Capable de monter sur tous ceux qui se dressent sur son chemin, il a signé un des posters de la saison en écrabouillant Deni Avdija.
Guerschon Yabusele with the POSTER on Deni Avdija 😱pic.twitter.com/GooDmS98J2
— ClutchPoints (@ClutchPoints) December 31, 2024
Yabusele et Philadelphie, une histoire faite pour durer ?
Cet apport ultra bénéfique se vérifie avec les stats avancées. Meilleur net rating (-1.7) et troisième meilleur +/- (-0.9) de l’effectif post trade deadline des 76ers, Guerschon Yabusele est un élément déterminant du succès collectif de Philadelphie. Avec le frenchie dans le cinq de départ, l’équipe est à 12 victoires pour 15 défaites. Certes, c’est loin d’être flamboyant, mais c’est bien mieux que les 8 succès pour 15 revers qu’ont subit les hommes de Nick Nurse lorsqu’il n’utilise pas Guerschon en tant que titulaire. C’est d’ailleurs un meilleur pourcentage de victoires (44%) que lorsque Paul George (40%) ou Tyrese Maxey (41%) sont dans le cinq de départ.
Un rôle prépondérant que l’ancien roannais conserve dans les moments clés. Notamment lors du match face aux Wizards. En plus de ses 21 points et 8 rebonds à 5/7 au tir longue distance, Yabusele a assuré la victoire des siens en bâchant son compatriote Bilal Coulbaly, à une quinzaine de secondes du buzzer final. Une excellente contribution qui était anticipée par Joël Embiid, avec qui Guerschon était déjà en contact, non pas pour une alliance en sélection, mais en NBA.
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J’ai appris en venant à Philadelphie que ça faisait trois ou quatre ans que Joël Embiid poussait pour que l’équipe me recrute.«
Guerschon Yabusele pour RMC Sport.
Après avoir finalement suivi l’avis de sa superstar, le front office pennsylvanien tombe aussi sous le charme du natif de Dreux. Conscient de son bon impact dans le jeu des 76ers, Daryl Morey ne cache pas son souhait de conserver l’intérieur à la Free Agency. Car oui, qui dit bonne saison, dit bon contrat à venir. Signé au minimum vétéran l’été dernier, il ne fait aucun doute que Yabusele pourra et va demander un contrat plus onéreux, qui lui sera sûrement offert. Un cas de figure que le GM de Philly a anticipé en se séparant du contrat de Caleb Martin à la trade deadline.
Si, de son côté, le Français n’est pas aussi expressif, il ne cache néanmoins pas son amour pour la ville de Philadelphie et la fierté qu’il ressent de faire partie de cette équipe. « Pour le moment, j’essaye de faire de mon mieux et de tout donner pour l’équipe » exlique-t-il. « Et pour cet été, j’ai l’impression que je vais juste m’assoir et regarder toutes mes options. Mais savoir que Philadelphie est là, en tant qu’option, c’est quelque chose dont je suis heureux et fier« .
Plus qu’une réussite, le retour de Guerschon Yabusele en NBA est un statement, montrant que les franchises de la Grande Ligue ont eu tord de ne pas lui donner sa chance plus tôt. Malgré la saison moribonde de Philadelphie sur le plan collectif, le Français s’épanouit, et a peut-être trouvé l’équipe qu’il lui fallait pour réussir sa carrière outre-Atlantique.