C’est officiel, Derik Queen, pivot de Maryland, ira à la draft 2025. Ce nom a beaucoup de talents mais clive énormément les scouts entre 2 camps : celui des fans du talent et celui des sceptiques du profil théorique. Dans ce scouting report, vous aurez l’occasion de vous plonger en profondeur dans le profil d’un intérieur avec un talent dingue.

Profil de Derik Queen

Déjà, partons du physique du joueur : sur Sports-Reference, il est listé à 2m08 et 111 kg. En terme de taille-poids, on se rapproche de joueurs comme Bobby Portis, le tout avec une envergure largement décente sans être extraordinaire non plus. Son physique, il est important dans son jeu car il apporte une des armes préférés de Derik Queen : le bully ball

Avec son physique ultra puissant, il arrive à enfoncer bon nombre de ces défenseurs au niveau universitaire et nul doute que plusieurs défenseurs NBA auront aussi du mal à arrêter ce monstre physique. Mais le point le plus intéressant, c’est cette capacité à garder l’équilibre après le contact. Si vous avez l’oeil, c’est assez impressionnant de voir un joueur capable de conserver un corps axé aussi droit après n’importe quel contact. C’est là que son « seulement 2m08 » est intéressant, car il lui donne un point de gravité plus bas et donc ça explique, au moins partiellement, sa capacité de maitrise d’équilibre après contact.

Mais Derik Queen n’est pas juste un bourrin avec des qualités physiques hors-du-commun, c’est aussi un joueur technique hors pair. Son dribble qu’il utilise parfaitement pour driver au cercle est excellent pour un big men.

Techniquement, la première chose qui impressionne chez Derik, c’est son handle. Pour un pivot, c’est un joueur qui maitrise très bien son dribble. Ce point lui permet d’être très à l’aise sur drive mais aussi de recevoir le ballon haut sur P&R pour gérer lui-même son 1v1 avec le défenseur. Avec sa taille plutôt petite pour un pivot et une assez bonne envergure qui serait autour de 2m13 et 2m16, il a un dribble bas qui le rend fluide. En plus de ça, on voit bien qu’il arrive à changer de direction aisément, ce qui le rend dangereux.

Au niveau du scoring, c’est aussi assez fort à plusieurs égards.

En post-up, c’est une énorme menace potentielle. Avec son combo de puissance et de handle, il peut trouver des manières de passer les défenses avec un spin move tout en fluidité. Son footwork est suffisamment exceptionnel pour trouver l’espace pour scorer.

En drive, il arrive à bien finir. Après avoir usé de son dribble pour effacer son défenseur, que ce soit avec un changement de direction ou un spin move, il arrive à finir avec toucher et en puissance pour gratter la faute. Que ce soit main droite ou main gauche, Derik Queen n’a aucun soucis à finir proche du panier. Sur P&R, c’est la même chose : il arrive à se créer son espace. Peut être moins à l’aise pour trouver son spot sans le ballon, mais la puissance et le toucher arrivent à faire le reste. Mais le point le plus intéressant de son drive, c’est la vivacité qu’il propose. Il a une capacité à comprendre le mouvement des défenses et à driver dans le bon timing très vite qui le rend dangereux. Il utilise aussi, par moment, des petits pas, pour envoyer des feintes de direction pour créer le petit espace qui va bien.

Un autre point important du scoring de Derik : le rebond offensif. Avec 9% de ORB%, il se classe bien parmi les joueurs de la ligue universitaire. En NBA, un tel pourcentage de rebond offensif correspond à Amen Thompson ou Anthony Davis. Derik Queen n’est pas forcément le plus vertical mais il utilise très bien sa puissance et ses bras pour gratter du rebond offensif par dessus la mêlée. On se rapproche d’un modèle de rebond offensif « à la » Andre Drummond qui a l’habitude d’utiliser son énorme physique pour compenser son manque de taille sur d’autres pivots. Mais le plus fort, c’est sa capacité à capter le rebond et à remonter immédiatement après, ce qui le rend difficilement contrable sur un putback bien senti. En plus, il a un jeu de feinte pas mauvais qui est intéressant pour envoyer loin un rim protecteur qui serait tenté de trop sauter.

Pour ce qui est du tir, il y a des choses à dire. Dans le positif : sur la fin de saison, entre le tournoi de conférence et la March Madness, on a un 5/11 de loin plus que bon, mais qui manque de volume. Sinon, il y a le lancer franc qui est très positif pour un intérieur avec un 76.6%. Enfin, le toucher au près donne envie de croire à un tir qui évolue. Mais il y a un vrai soucis : la réalité du tir à distance de Derik Queen.

Classement des meilleurs shooteurs à mi-distance avec un volume minimum selon Barttorvik, site pratique pour le scouting

Si on prend un classement des meilleurs pourcentages à mi-distance pour un volume minimum de 100 tirs mid-range, Derik Queen est clairement dans le tier du bas. Il est derrière des joueurs comme Yaxel Lendeborg, Donovan Dent, Cooper Flagg et évidemment à des années lumières d’un joueur comme JT Toppin. En même temps, ces choix sont quelques peu douteux : du pull-up sans forcément avoir créer de l’espace ou des turnaround fadeaways pour shooter sur une bonne défense en post-up. On sait l’importance qu’a la réussite à mi-distance pour projeter le tir à 3 points et dans le cas de Queen, c’est pas positif. Surtout que le volume à 3 points, également important pour projeter le tir extérieur, est très faible. Au global, difficile d’évaluer cet aspect-là du jeu de Queen mais on peut être assez sûr que son tir n’est pas prêt pour l’année 2025-2026.

Pour rester dans l’offense, on peut parler du passing qui faisait l’énorme attrait pour Derik Queen à son arrivée à Maryland. Le soucis, c’est ce ratio : 1.9 assists pour 2.4 balles perdues. Un chiffre qui en lui même est un problème, surtout pour un joueur qui utilise souvent son handle et qui implique une gravité forte quand il joue au poste bas. Surtout que, contrairement à un Ace Bailey, Derik Queen a un supporting cast plus qu’honnête pour faire en sorte que ses passes soient converties.

Cependant, on ne peut pas nier un talent certain pour la passe. On en a parlé pour ses drives mais c’est un joueur qui a une vitesse de process exceptionnelle. Il a un excellent système « voir-anticiper-réagir » qui le rend dangereux à la passe. Même si parfois il se précipite et manque de précision à la passe, on peut facilement imaginer le voir devenir un super bon passeur à terme.

Derik Queen anticipation + processing speed — pairs with Queen's touch, footwork and open-floor handleInitiates the action, flows into elbow DHO + quick one-touch pass on the short roll to Julian Reese in the dunker spot vs. Illinois drop

Brian Geisinger (@bgeisinger.bsky.social) 2025-02-12T23:50:38.330Z

En défense, c’est probablement là que l’on peut être les plus sceptiques. Forcément, si son physique fait sa force en attaque, c’est plus un problème en défense. Logiquement, quand tu veux de la protection de cercle, avoir un intérieur en dessous de 2m10, qui manque de verticalité et qui, en plus, n’est pas forcément le plus impliqué, c’est compliqué. Alors évidemment, ses mains et sa capacité d’anticipation lui permettent de gratter un bon nombre d’interceptions. Mais on sait qu’un intérieur qui ne peut être ni un protecteur de cercle primaire, ni secondaire, ni un roamer, c’est compliqué de le projeter positivement en défense en NBA.

« Rien n’a changé depuis la mort de la Queen »

Dans le son « Dalida » de Houdi, So la lune dit « rien n’a changé depuis la mort de la Queen ». Dans un sens basket, ça trouve son sens. Le profil Queen est vendu comme un profil mort, un profil qui ne fonctionne plus dans la NBA actuelle.

Evidemment, on aurait envie de le comparer aux pivots passeurs de la ligue. Souvenez-vous des propos que les scouts tenaient sur ceux-ci lors de leur draft : Nikola Jokic était trop gros pour défendre et ne fonctionnera pas, Domantas Sabonis a ses limites et Alperen Sengun sera beaucoup trop lent. Alors évidemment, ils ne défendent pas bien. Nikola Jokic est un défenseur décent au mieux, Sengun a bien progressé grâce au système collectif des Rockets et Sabonis défend aussi bien son cercle qu’un compte qui paie twitter blue qui doit te donner les bénéfices du capitalisme. Cependant, ça n’empêche pas ses joueurs de dominer, chacun à leur échelle, et d’être des joueurs super intéressants.

Cependant, la vraie comparaison n’est pas ici. Un profil d’intérieur offensif de 6’10 » qui montre un combo handle-physique incroyable, ça ne vous rappelle vraiment rien?

Comme Jaspaire de Symbiose, notamment, en a parlé, Derik Queen ressemble beaucoup à DeMarcus Cousins dans le jeu, surement en moins athlétique. Cependant, il faut regarder la carrière de Cousins en face : si le phénomène techniquo-athlétique est indéniable, la réalité de son jeu est plus négative que ce qu’on pensait. On a, lors de son prime, surement trop utilisé la carte « Les Kings font n’importe quoi » pour accepter n’importe quoi de la part du pivot emblématique de Sacramento. Et ce n’importe quoi commence par le régime de tir et l’efficacité de Cousins.

Offensive Overview de DeMarcus Cousins tout au long de sa carrière, un joueur qui sert souvent de point de comparaison à Derik Queen, via Cleaning The Glass

Cousins a toujours été un joueur très moyen en terme d’efficacité offensive, que ce soit à la passe ou au scoring. Les raisons sont simples : un excès de mi-distance et de tir lointain qu’il ne réussit pas assez pour se permettre un tel régime et une tendance à s’entêter par moment qui le mène à faire de mauvais choix. Quand on se rappelle de la réussite sur les tirs à mi-distance de Queen et d’un régime également fort en mi-distance, ce n’est pas rassurant.

Un autre joueur dans le même style est aussi intéressant à regarder. C’est un grand qui passe mieux que la moyenne de son profil physique, adepte du bully ball mais à l’inefficacité offensive criante : Paolo Banchero. Aujourd’hui, on voit bien que Orlando galère à construire autour de lui et Wagner, 2 forwards qui n’apportent pas de tir sans être des créateurs suprêmes pour autant.

Le profil de Derik Queen n’est pas mort, bien au contraire. Aujourd’hui, une équipe comme le Magic essaie de construire autour d’un joueur aux skills formidables mais dont la réalisation matérielle est plus mitigée, pour ne pas dire difficile. Les équipes aiment les grands avec du skillset et des mains incroyables. On aurait même pu citer Julius Randle dans ce registre qui a finalement été échangé pour Karl-Anthony Towns, bien plus efficace et pas moins bon en défense.

Acheter Derik Queen, ce n’est pas que du négatif. C’est un joueur qui possède une gravité hors norme et des skills trop rares pour être mis de côté. La question, c’est plutôt ce qu’il fait de tout ça et à quel point ça marche dans une ligue comme la NBA, où les défenseurs physiques seront plus présents et puissants. Ce joueur est super intriguant et il nous tarde de voir où il finira et comment il sera utilisé.

Ne manque pas un article !

Rejoins la communauté Le Roster en t'abonnant à notre newsletter !

Damian Lillard indique l'heure