Jeremy Lin, véritable légende du basket chinois et de la CBA. Crédits : GettyImages

La CBA : L’ascension du basket chinois 

La Chinese Basketball Association (CBA) est l’une des ligues les plus en vue en Asie, connue pour son développement rapide et son impact sur le basket-ball mondial ; structurée autour de deux divisions : Nord et Sud. Depuis sa création en 1995, la CBA a su évoluer au rythme des transformations économiques et sportives de la Chine en jouant un rôle clé dans la médiatisation du basket en Chine.

Des ambitions internationales

La Chinese Basketball Association, CBA, fondée en 1995, marque un tournant dans l’histoire sportive du pays. Elle voit le jour durant une forte période d’expansion du basket-ball, amplifiée par l’impressionnant essor de la NBA. À l’aune d’une participation aux Jeux Olympiques de 1992, bien que l’équipe nationale chinoise ait terminé dernière de sa division, elle a entraîné un engouement autour de la balle orange.

Avant ça, ce sport n’était pas structuré commercialement. Il existait, mais sans compétition ; sa création a alors contribué à la professionnalisation du sport et de la formation des joueurs chinois.
Le moment n’est donc pas choisi au hasard. Cette décennie a vu monter en puissance la NBA en Asie avec des stars comme Michael Jordan. Parallèlement, Pékin souhaitait affirmer son influence dans le domaine tout en utilisant la CBA afin de stimuler son soft power.
De plus, elle a servi de levier pour le développement des marques locales, telles que Anta ou Li-Ning, qui ont pu jouir d’une exposition progressive.

Au-delà de l’aspect économique, la Chine, dans sa stratégie de développement, a aussi conçu la CBA pour rivaliser avec les occidentaux sur le plan sportif. En offrant cette structure et ce cadre compétitif, la ligue a permis le développement de nombreux joueurs talentueux, parmi lesquels Yao Ming.

Un impact local

Bien que la CBA ne puisse être classée parmi les meilleures ligues actuellement, elle a grandement permis l’essor de ce sport dans le pays. Près de 25 ans après la création de la ligue, le basket-ball s’est érigé en sport collectif national pour les organisateurs de la Coupe du Monde 2019.

Elle a joué un rôle majeur en créant des infrastructures compétitives qui ont permis au basket de devenir un pilier de la culture sportive chinoise.
« Le basket est une partie intégrante de la culture chinoise » analyse un commentateur de Tencent. Les terrains de rues se sont multipliés avec les pratiquants. Avec cette énorme communauté chinoise soutenant la NBA, le basket est devenu un symbole culturel : depuis la fin des années 80, plus de 500 millions de Chinois suivent la ligue américaine.

La mondialisation de la CBA a également attiré des joueurs internationaux, venus pour conquérir ce nouveau marché, comme Stephon Marbury qui disait :

Les Chinois pratiquent ce sport depuis très longtemps, et leur connaissance du sport est forte. Ils sont incollables sur le basket et les joueurs qui viennent ici.

Cet impact ne se limite pas au terrain, les marques locales se sont implantées internationalement, contribuant à renforcer le modèle économique du régime. Par ailleurs, la CBA a joué un rôle de tremplin pour des stars locales, à l’image de Yao Ming ou YI Jianlian, qui ont fait rayonner la Chine sur la scène mondiale.
Nonobstant, elle reste parfois critiquée comme une « retraite dorée » pour d’anciennes gloires de NBA ou d’Europe cherchant à être gracieusement payées pour clôturer leur carrière.

Les deux plus grandes légendes locales : Yi Jianlian et Yao Ming. Crédits : Reuters

La récente internationalisation

Depuis les années 2010, la CBA a vu l’arrivée de nombreux joueurs étrangers, avec Stephon Marbury en pionnier. Lui, qui a affirmé « avoir aidé à construire un pont » entre la Chine et les États-Unis, a « brisé un tabou » sur les fins de carrières internationales. Marbury a joué un rôle clé dans l’établissement de la CBA comme une destination sérieuse pour les joueurs de fin de carrière, tout en contribuant à l’essor de la popularité du basket-ball en Chine.

Malgré un règlement strict, autorisant seulement deux étrangers par équipe et un seul dans le dernier quart-temps, des joueurs très connus du grand public se sont relancés dans cette ligue.

L’ailier fort surprise des 76ers, Guershon Yabusele, a explosé avec les Sharks de Shanghai avant de revenir à Boston. Après son premier passage en NBA, il est revenu en Chine à Nanjing. Une opportunité pour lui de « retourner en Chine (et) pouvoir retrouver la confiance et vraiment avoir la balle dans les mains », mais surtout, avec « zéro diplôme, (pouvoir) gagner en cinq mois ce que certains ne gagnent pas en dix ans de carrière ».

Avec des salaires plus attractifs qu’en Europe, elle a permis à certains de se relancer ou de finir leur carrière en pratiquant leur sport dans une ligue plus accessible.
Les joueurs étrangers sont souvent recrutés pour accroître le niveau de la ligue, attirant des fans locaux et générant plus de revenus.

En quelques printemps, la Chine s’est présentée comme une option très sérieuse pour conclure sa carrière. Nommé l’ami des pandas durant son périple, Ron Artest a fait une escale à Sichuan avant de revenir clôturer sa carrière auprès de Kobe Bryant. L’arrière explosif et ami de Yao Ming, Tracy McGrady, a tiré sa révérence sous le maillot de Qingdao.
Aujourd’hui, l’ancien des Pacers, Edmond Sumner, affiche un niveau stratosphérique en CBA, avec 36 points inscrits par match en moyenne.

Cette ouverture internationale a non seulement renforcé le prestige de la CBA, mais aussi ouvert de nouvelles perspectives économiques, en attirant des sponsors et en popularisant la ligue en dehors des frontières chinoises.

Cependant, des débats internes subsistent et divisent. Certains souhaitent le départ des joueurs étrangers dans la ligue, malgré un règlement déjà strict. Seuls les cinq derniers du classement peuvent recruter un troisième joueur non chinois, et non américain. Cette réglementation oblige les joueurs chinois à progresser.
Bien que la CBA ait permis à des anciennes gloires de se refaire une santé, elle permet surtout de favoriser le développement des talents locaux.

L’actuel ailier fort des 76ers, Guershon Yabusele avec son ancienne équipe : les Sharks de Shanghai. Crédits : Bill Baptist

Le tremplin pour les talents chinois

Avec son fonctionnement promouvant grandement les locaux, la CBA permet de développer pléthore de talents. Avant de dominer la NBA, Yao Ming régnait sur la CBA avec les Shanghai Sharks ; il inscrivait en moyenne 32 points par match lors de sa dernière saison avant la Draft. Un an auparavant, Wang Zhizhi devenait le premier Chinois à intégrer la NBA, après une carrière réussie avec les Bayi Rockets. Ces exemples ont élargi les perspectives, depuis les scouts regardent bien plus les étrangers : après un passage réussi en CBA, Sun Yue est drafté par les Lakers.

L’investissement chinois dans des structures de formation a permis de repérer et former des jeunes talents. De surcroît, ces centres permettent aux joueurs de bénéficier de coaching de haut niveau. Ces financements ont bien entendu facilité l’arrivée d’internationaux. Ces joueurs étrangers ont permis aux jeunes joueurs chinois de progresser en apprenant à leurs côtés.

Bien qu’il puisse être qualifié de déception pour certains, YI Jianlian, 6e choix de la draft 2007, a bénéficié de la progression chinoise pour rentrer en NBA. Après avoir, à son tour, dominé la CBA, il se fait remarquer par les scouts et comparé à Pau Gasol. Cependant, il ne parvient pas à s’imposer et retourne en CBA poursuivre sa carrière après seulement 5 saisons dans la grande ligue.

Néanmoins, la Chine n’a pas dit son dernier mot. Pour la draft 2025, un candidat parvient à tirer son nom : Hansen Yang, nouvel espoir du basketball chinois évoluant chez les Eagles de Qingdao. Le pivot de 2m18 et 113 kg est, pour l’instant, annoncé au second tour de la prochaine draft.

La CBA s’est imposée comme un acteur majeur du basket-ball mondial, non seulement en développant des talents locaux, mais aussi en attirant des joueurs étrangers, renforçant ainsi son prestige.

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