Le signe indien n’est toujours pas vaincu. Les Minnesota Timberwolves se sont inclinés successivement contre leurs deux bêtes noires à l’extérieur : Boston et Toronto. Avec ces nouveaux revers loin de leurs terres, les Wolves ont prolongé leurs longues disettes vieilles de 20 ans.
Cet article a été écrit par Nollan Bercy.
Peut-on parler de malédiction ? C’est en tout cas l’impression que donnent ces séries noires. En déplacement sur la côte Est pour tenter de retrouver de l’élan dans leur saison, les Timberwolves avaient également l’occasion de chasser des vieux démons. Malheureusement, il n’en sera rien. Les hommes de Chris Finch se sont inclinés à Toronto (110-105), sur le parquet du 13e de la conférence Est, avant de se rendre à Boston où leur voyage s’est à nouveau soldé par un échec frustrant (107-105).
Cela fait maintenant 20 ans que les Wolves n’ont pas remporté une seule victoire chez ces deux équipes. À l’époque, le roster était composé de Sam Cassell, Latrell Sprewell et l’iconique Kevin Garnett. Rob Dillingham n’était pas né, LeBron James était un rookie, et les Detroit Pistons de sérieux candidats au titre.
Leur dernier succès dans le Massachusetts remonte au 6 mars 2005. Du côté de Toronto, l’histoire est légèrement différente : les Wolves ont gagné à l’extérieur en 2021 contre les Raptors, mais dans le contexte particulier de la pandémie de Covid, la rencontre s’est déroulée à Tampa Bay, en Floride. Le dernier triomphe sur le sol canadien remonte donc au 21 janvier 2004, soit il y a deux décennies.
Pourquoi un tel gouffre ?
La statistique semble irrationnelle, pourtant, plusieurs éléments peuvent expliquer sa longévité. Le premier facteur à prendre en compte est le calendrier. En NBA, chaque équipe dispute 82 matchs et affronte majoritairement les équipes de sa division (16 matchs) et de sa conférence (36 matchs). Elles n’affrontent que deux fois les équipes de l’autre conférence (30 matchs), une fois à domicile et une fois à l’extérieur. Cela signifie que Minnesota ne se déplace qu’une fois par saison au TD Garden ou à la Scotiabank Arena. En 20 ans, les Wolves ont disputé 18 matchs dans l’antre des Celtics et 20 dans l’arène des Raptors, contre 40 à Portland et 39 dans l’Utah.
Moins d’occasions certes, mais cela ne justifie pas tout. Le début du calvaire coïncide avec la période d’instabilité constante qu’a connue Minnesota après sa finale de conférence en 2004. Après l’ère Kevin Garnett (parti en 2007 du côté des… Celtics), l’équipe a dû se reconstruire plusieurs fois. Entre les changements d’effectifs, le défilé d’entraîneurs, et une absence prolongée des playoffs (2005-2018), la franchise n’a pas trouvé la régularité nécessaire pour briller sur les terrains les plus difficiles de la Ligue. Pour ne pas aider, les Wolves n’ont pas fait de ces opportunités annuelles des priorités. Au sein de la franchise, ces « losing streaks » ne sont pas des épouvantails à faire tomber et ne sont que très rarement au centre des conversations.
Boston, la montagne verte insurmontable
Que les Wolves ne s’inquiètent pas, gagner au TD Garden n’est simple pour aucune équipe. Disons qu’il y a quand même quelques équipes qui s’en sortent mieux dans l’exercice. Vingt-cinq pour être exact. Au moment de leur dernière victoire dans l’ancien FleetCenter, le 6 mars 2005, les jeunes Timberwolves (franchise créée en 1989) étaient les seuls à ne pas avoir un bilan négatif à Boston (8-8). Depuis, leur série de 18 défaites consécutives les a fait chuter du meilleur bilan de la NBA au vingt-sixième.
Dans le lot, il y a cette fameuse défaite du 25 janvier 2008. Ce soir-là, les coéquipiers d’Al Jefferson affrontent le nouveau “Big Three” des Celtics pour la première fois. C’est également leurs retrouvailles avec Kevin Garnett après les 12 saisons que l’intérieur a passé chez eux. À 23 secondes du terme, les Wolves mènent d’un point (85-86) et doivent effectuer la remise en jeu. Corey Brewer se fait sanctionner par la règle des 5 secondes et la balle revient aux locaux. Sur l’action suivante, Kendrick Perkins redonnent l’avantage aux siens (87-86), Minnesota récupère la balle de match avec 10.3 secondes au compteur. Dans les derniers instants, Sebastian Telfair reçoit la gonfle mais se la fait subtiliser par « The Big Ticket ». Fin du match : victoire Boston.
Par la suite, les Wolves continueront de subir la loi des champions NBA 2008 pendant plusieurs années, malgré l’arrivée de joueurs comme Kevin Love (2008) ou Ricky Rubio (2009). Dans les années 2010, l’écart entre les deux équipes se creusera davantage avant de laisser place à des matchs de plus en plus disputés. Le dernier en date, qui s’est joué jusqu’à la dernière seconde, en est l’exemple parfait.
Les Raptors : l’autre prédateur infranchissable
Un peu plus au nord, le défi canadien n’est guère plus simple. Depuis leur victoire en janvier 2004, les Timberwolves n’ont plus jamais gagné sur le terrain des Raptors. Un exploit qui aura pourtant été réalisé par toutes les autres équipes de la Ligue. Sur les 20 dernières années, même les SuperSonics de Seattle, disparus en 2008, comptent plus de victoires à Toronto (126-121 le 13 novembre 2005) que l’équipe de Minneapolis.
Les Raptors sont au sommet de la chaîne alimentaire, et l’éclosion du duo de stars formé par Kyle Lowry et DeMar DeRozan va un peu plus consolider cette hiérarchie. Mais avec la montée en puissance de jeunes joueurs comme Zach LaVine, Andrew Wiggins et Karl-Anthony Towns, les Wolves ont souvent cru à la possibilité de dévorer leurs rivaux carnivores.
Après le titre de 2019, Toronto va sévèrement chuter de son trône et redevenir une proie à la portée de Minnesota. Il n’en faudra pas plus pour voir la prophétie se réaliser en 2021. À plus de 2 000 kilomètres de leur vraie maison, les Raptors vont s’incliner à “domicile” contre une meute affamée emmenée par Karl-Anthony Towns (20 points et 11 rebonds). KAT a pu compter sur le soutien d’un jeune Anthony Edwards (18 points), d’un Malik Beasley des grands soirs (20 points à 6/10 derrière l’arc), et d’un Ricky Rubio revenu au bercail (16 points et 5 passes décisives). Néanmoins, ce succès à Tampa Bay n’a pas suffi à effacer leur incapacité à s’imposer dans l’Ontario.
Lors des derniers playoffs, les Wolves ont réussi à se qualifier pour la finale de la Conférence Ouest en renversant les champions en titre dans une série d’anthologie. Un palier qu’ils n’avaient plus atteint depuis 20 ans. Comme pour cette autre période de disette, Minnesota va devoir sortir les crocs dans les moments-clés pour briser le mauvais sort. Ils en ont maintenant les capacités.