Lebron James et Kobe Bryant, au All Star Game. franchise player NBA
Lebron James et Kobe Bryant, au All Star Game. Crédit : Ronald Martinez-Getty Images

C’est quoi un franchise player ?

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A la base, je ne devais pas faire cet article. J’étais en train d’écrire l’ébauche d’un sujet sur la draft 2021 qui sortira bientôt. Et pour ce dernier, j’avais besoin de définir la notion de franchise player. Puis, au fil des lignes, je me suis rendu compte à quel point ce sujet peut être source de réflexions et de discussions. C’est vrai ça, c’est quoi un franchise player ?

Quel type de joueur est le franchise player ?

C’est un terme qu’on entend et qu’on lit beaucoup lorsqu’on s’intéresse de près ou de loin à la NBA. Pourtant, il n’en existe pas de définition officielle. Selon wikipédia,  « le franchise player  désigne dans le sport professionnel nord-américain un joueur hors norme qui est l’emblème du club et autour duquel ce dernier peut développer sa franchise dans un avenir prévisible ». Alors oui, mais cette définition ne comporte aucun fait, aucun accomplissement sportif précis. Et ce qui nous intéresse nous, c’est le terrain. Alors penchons-nous sur ce terme fourre-tout. Étant donné que je ne possède ni la science infuse ni le réseau nécessaire pour démocratiser mes propres définitions, je vais proposer ma propre explication pour cette notion.

Premier point, qui est le franchise player au sein même de l’équipe ? Même si pour certains cela peut paraître évident,  ce n’est pas toujours le cas. Comment choisir celui qui fait office de figure de proue. Est-ce une question de leadership ? Est-ce une question d’ancienneté ? Est-ce une question de haut choix de draft ? Je pense que la réponse est ailleurs. Ces questions ne parlent pas d’impact sur le terrain, sur le jeu en lui-même. Et le franchise player doit être décisif sur le parquet avant tout.

La notion d’impact dans le jeu me semble être le cœur du sujet. Et je ne parle pas de stats, d’highlights ou de points marqués, mais de celui qui contribue le plus aux résultats de son équipe. De qui l’équipe est-elle le plus dépendante ? « Un seul être vous manque et tout est dépeuplé », d’accord Lamartine mais qui est cet être ?

Prenons un exemple à nouveau, les Wolves de l’année dernière. Les hommes de Chris Finch se sont arrêtés en Finale de Conférence face aux Mavs après avoir éliminé les champions en titre. Maintenant, prenez cinq secondes pour répondre à cette question ; qui est leur franchise player ? J’imagine que pour certains, la réponse est évidente : Anthony Edwards. Personnellement, je ne suis pas certain qu’elle soit si limpide. Que fait-on de Rudy Gobert ? Je pense que le Français doit avoir son mot à dire. Alors qui a raison et qui a tort ? J’ai réalisé un sondage sur twitter et le résultat est sans appel : pour cet échantillon, Anthony Edwards était le franchise player des Wolves.

 

Pourquoi ce consensus ? Développons le profil grand public des deux joueurs :

Anthony Edwards est le 1st pick de la draft 2020, choisi par Minnesota. C’est un arrière scoreur, formidable shooteur qui possède un physique d’athlète. Il squatte les Top 10 sur les réseaux chaque semaine grâce à des dunks d’une violence rare.

Rudy Gobert lui, est arrivé via un trade il y a un peu plus de 2 ans. C’est un pivot, protecteur de cercle de haut niveau et élu DPOY à 4 reprises. Il score peu et est limité offensivement.

La conclusion qu’on peut en tirer, et personne n’en sera surpris, c’est qu’on valorise davantage l’attaque que la défense. Les principales stats qui sont relayées par les médias sont les points par match, les assists par match et les rebonds par match. L’attaque fait vendre, l’attaque fait rêver et l’attaque fait rester dans la ligue.

Les excellents défenseurs doivent être viables en attaque pour avoir un temps de jeu conséquent, sinon ils sont cantonnés au bout de banc. Et les exemples sont nombreux : Matthis Thybulle, Jevon Carter, Walker Kessler. Que des joueurs qui brillent par leurs capacités défensives élite et qui sont des attaquants en-dessous de la moyenne. Résultat ? Aucun d’entre eux ne parvient à s’installer durablement dans un 5 de départ. Kessler se trouve même sur la liste des transferts alors qu’il n’a que 23 ans dans une équipe en construction.

Pour les défenseurs limités, c’est différent. Des joueurs comme CJ McCollum, Trae Young et Damian Lillard ont tous été des éléments cruciaux dans des équipes qui vont loin en Play-Off. A partir d’un certain seuil de performance offensive, la viabilité défensive d’un joueur n’a que peu d’importance. La réciproque ne se vérifie pas, comme démontré plus haut.

Nous pouvons désormais exposer le premier critère : être le joueur le plus impactant offensivement de son équipe.

Dans quelle équipe joue le franchise player ?

Deuxièmement, il ne suffit pas d’être le meilleur joueur d’une équipe. Et encore, que veut dire être le meilleur joueur d’une équipe ? Sans trouver de réponse, nous avons proposé un compromis plus haut. Prenons comme exemple les Brooklyn Nets de cette saison. Malgré leur bilan plus que respectable, actuellement 8 victoires pour 10 défaites, cette équipe est vouée à être démantelée sur l’autel de la reconstruction.

Il va y avoir de nombreux mouvements d’ici la Trade Deadline mi-février. Tout le monde est à vendre, aucun joueur n’est intouchable. Cela signifie que le Front Office ne pense pas qu’un joueur de l’effectif actuel soit assez fort pour faire gagner l’équipe à moyen terme. Y compris leur meilleur joueur, qui pourrait être Dennis Schröder, Cam Thomas ou Cam Johnson. Et les Nets ne sont pas les seuls dans ce cas, d’autres franchises cherchent encore leur figure de proue.

L’équipe dans laquelle le franchise player se trouve doit évoluer à un niveau de performance relativement élevé. Ne jouer que des matchs sans importance, comme la saison régulière en possède des tonneaux, ne peut pas se lier avec la notion de franchise player. L’adversité et l’enjeu en Play-Off n’ont rien à voir avec ceux de la saison régulière. Certains joueurs se transcendent, d’autres se liquéfient lors des échéances du printemps.

Voilà donc un second critère qui semble se dessiner : jouer ou avoir déjà joué en post season.

Deuxièmement, l’inverse ne fonctionne pas non plus. Je m’explique : on ne peut pas dire que seules les franchises qui gagnent un titre possèdent un franchise player. Et ce pour la simple raison qu’une seule équipe par an ne gagne un titre. Cette notion signifierait donc « le meilleur joueur de l’équipe qui gagne la finale ». Sauf que cette récompense existe déjà, il s’agit du MVP des Finals.

De plus, aller ne serait-ce qu’en finale nécessite une certaine dose de chance. Le hasard vient toujours offrir son aide aux équipes qui vont loin. Ce peut être lié à l’absence de blessures, à des décisions arbitrales favorables, à une réussite au tir folle sur un match. Les coups du sort peuvent aussi tomber sur les adversaires : la saison passée le tableau de la conférence Est a été bouleversé par les blessures, à la grande joie des Celtics. C’était aussi le cas lors des finales 2019 avec les absences de Kevin Durant et Klay Thompson en cours de série.

Kawhi Leonard, franchise player des Raptors, après son titre  de champion NBA en 2019. Credit : euronews
Kawhi Leonard cochait toutes les cases du franchise player lors du sacre des Raptors en 2019. Crédit : Thearon W. Henderson-Getty Images

Actuellement, nous sommes dans une ère qui voit une équipe différente être sacrée championne depuis 7 ans, mais ce ne fut pas toujours le cas par le passé. Dans les années 90, les Bulls ont gagné 6 titres, privant ainsi le reste de la ligue du titre suprême. Ainsi, des joueurs comme Karl Malone ou Charles Barkley n’ont jamais pu accéder au Graal suprême. Pourtant, on parle de multiples All-Star et de 2 MVP. Alors, doit-on les exclure de cette notion de franchise player ? Je ne pense pas. Le mois de juin ne peut pas résumer une carrière à lui seul.

Nous pouvons donc précisé ce second critère : avoir gagné au moins une série de play-off.

Maintenant que ces deux points ont été approfondis, on peut en tirer notre définition finale de cette notion de franchise player : être le joueur le plus impactant offensivement dans une équipe qui passe un tour de play-off. Cette définition n’est évidemment pas parfaite et purement subjective. Malgré tout, elle permet d’établir une vraie liste de potentiels candidats grâce à des faits précis. Alors, votre joueur favori est-il un franchise player?

Je n'apprécie que les équipes de fond de tableau et et les busts en qui plus personne ne croit. Les Pistons et Killian Hayes en figure de proue.

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