Nicolas Batum vient d’annoncer sa retraite internationale sur les réseaux sociaux. C’est peu dire que le “Capitaine” a eu un énorme impact sur les deux dernières décennies de l’équipe de France. Un match en particulier nous revient tout de suite en mémoire, grâce à une action, au summum du clutch.
D’abord rookie prometteur, puis lieutenant infaillible de Tony et enfin capitaine. Nicolas Batum a toujours été un plus pour l’équipe de France, par son leadership bien sûr, grâce à ses discours et son comportement (presque) toujours exemplaire, mais aussi et surtout par sa défense. De nombreux matchs nous reviennent en mémoire, des actions aussi, mais il y en a une qui prend la place parmi toutes les autres.
Voici le scénario, 5 août 2021, demi-finale des JO de Tokyo 2020, France – Slovénie, 90 – 89. Klemen Prepelic, très en forme en fin de match, parvient à se faufiler parmi les défenseurs français et ce diable de Luka Doncic qui réalise un match, et plus largement, une compétition de folie lui envoie une passe. Prepelic tente un lay-up qui ferait gagner son équipe et par la même occasion emmènerait la Slovénie en finale, mais avant cela petit retour en arrière.
Les USA sont imbattables aux JO, vraiment ?
Les JO de Tokyo 2020 reportés en 2021, liés à la pandémie de COVID-19, démarrent pour nos frenchies avec une poule plutôt bonne composée de la Tchéquie et de l’Iran. Cependant, la première place est pratiquement inatteignable, puisque la quatrième équipe de cette poule, n’est rien d’autre que la plus forte équipe internationale, les USA. Invaincu aux JO depuis 2004, mais battu par l’équipe de France à la coupe du monde 2019. Ils ont donc apporté une équipe solide, afin de redorer leur blason.
Avec le niveau des plus talentueux Américains, il apparaît peu probable que l’équipe de France l’emporte. Verdict, victoire pour nos Français, 83 à 76, qui prennent la tête de la poule grâce à un match tout en maîtrise et des Américains qui se voyaient trop beaux. L’avantage, ils ne sont pas dans la même partie de tableau que les Américains, et même que les Espagnols, qui sont, on le sait, nos ennemis les plus féroces.
Les deux s’affrontent dès le premier tour, pour une victoire des USA, qui vont très vite enchaîner sur une victoire contre des Australiens, victime de la frustration américaine. Ils attendent de pied ferme nos Français en finale, afin de prendre leur revanche.
Un quart compliqué
De leur côté, notre équipe va avoir plus de mal, en commençant par un match contre une équipe italienne, étonnamment accrocheuse. Porté par un Simone Fontecchio, auteur de 23 points, et d’un Danilo Gallinari des grands soirs, les italiens vont commencer en prenant la tête dans le premier quart. Ils perdent leur avance, mais restent accrochés, dépassés par un unique point à la mi-temps.
Enfin, grâce à un troisième quart-temps tout en maîtrise de nos français, Nicolas Batum gobeur de rebonds et Rudy Gobert version scoreur notamment, ont permis à nos Français de prendre le large et de s’imposer 84 à 75. La Slovénie, de son côté, a pilonné l’Allemagne l’emportant 94 à 70, grâce surtout à un monstrueux Zoran Dragić, décidément la famille Dragić. Deux jours plus tard, nous y voila, le 5 octobre 2021, quelques heures après un USA – Australie sans réel suspense. Le match opposant deux des meilleures équipes de la planète est sur le point de débuter.
Le match d’une vie
20h00, heure japonaise, dans la préfecture de Saitama au Saitama Super Arena à environ douze petites minutes de Tokyo en train. La France affronte la Slovénie, dans un match qui s’annonce magique.
Dès la première mi-temps se fut serré, après un premier quart-temps très légèrement en faveur de la Slovénie de seulement deux points. Notre France n’est pas beaucoup menée, mais un souffle nommé Luka Dončić commence à s’entendre, ce petit génie peut-il faire basculer une demi-finale à lui tout seul ?
Le second quart-temps est encore plus serré et avec assez peu de points, c’est rugueux, un bon basket défensif comme on les aime. Nos scoreurs, Evan Fournier et Nando De Colo peinent à trouver leur rythme, heureusement, nos remplaçants Thomas Heurtel, Guershon Yabusele et un grand Timothé Luwawu Cabarrot maintiennent la France en vie. Rudy Gobert, fidèle à lui-même, joue au volley dans la raquette et smash tout ce qui passe. Le gong de la mi-temps retentit, toujours deux petits points d’avance pour les slovènes, une égalité dans ce quart-temps.
Au retour des vestiaires, et comme contre l’Italie deux jours avant, le quart-temps français. Ils ne se contentent pas seulement d’une défense folle, merci Rudy dans la raquette et Nicolas Batum sur Luka, mais l’attaque et l’adresse de nos deux snipers sont toutes deux ressucités. Luka quant à lui ne trouve plus le chemin des filets, mais en bon génie qu’il est, il délivre des caviars, 18 dans le match, tout proche du record olympique.
29 – 21 dans ce quart-temps, ça peut paraître pas énorme, après tout ce n’est que huit points, mais dans un match comme celui-ci, c’est un ravin que viennent de creuser nos soldats. Il est temps de rentrer dans l’arène une dernière fois, un quart-temps pour l’histoire et quel quart-temps. Les Slovènes sont en forme et espèrent repasser devant à l’issue du match, ils y parviennent grâce à une bonne relation entre Dončić et ses coéquipiers. Il faut aussi noter l’apport remarquable de Klemen Prepelic dans la dernière minute, après deux lancers sur un passage en force provoqué contre Fournier, ils dégainent, et vraiment bien, avec deux tirs longues distances.
Timothé Luwawu Cabarrot nous réveille de ce cauchemar avec une énième bombe du parking pour nous permettre de repasser devant, mais d’un petit point. 90 – 89, retour à notre présent, Klemen Prepelic se faufilent entre les joueurs français. Luka Dončić trouve tant bien que mal le joueur slovène à cause de la pression défensive, mais délivre tout de même une belle passe. Prepelic s’envole pour un layup qui mettrait fin aux espoirs français il ne reste que très peu de temps, presque trop peu pour tenter un nouveau tir, d’autant qu’avec la pression slovène, il faudrait un miracle.
Mais tout ça, c’était sans compter sur une ombre, semblable à Batman, Nicolas Batum bondit pour aplatir la balle sur l’arceau et arrache les espoirs Slovènes par la même occasion. Après quelques secondes pour comprendre ce qu’il passe, le gong retentit, nous voilà en finale des JO. Une action légendaire, un contre qui sonne encore aujourd’hui dans les mémoires de tous et qui va continuer pendant encore de nombreuses années.
Si je devais décrire Nicolas Batum, je dirais que c’est un joueur défensif d’exception. Le genre de joueur assez invisible par ceux qui ne s’y connaissent pas beaucoup, mais que n’importe quelle équipe rêveraient d’avoir. Pour autant, ce soir du 5 août 2021, il nous a montré, ou rappelé, à tous pourquoi il était le capitaine de l’équipe de France de basketball.
L’épopée française se termine par une défaite en finale, malgré un match accroché nos Bleus concèdent l’or à cette armada américaine, mais non sans rougir, seulement cinq points de retard. Pour autant, ce dont on se souviendra, c’est de cette demi-finale contre la Slovénie et le héros de ce soir-là, celui qui en parle le mieux est encore son coéquipier, Evan Fournier. Lors de l’interview d’après-match et juste avant de rappeler à France TV « faudra être là, et puis faudra pas changer pour mettre de l’équitation, je vous le dis ».
Ils affirment avec son honnêteté qu’on lui adore, « Nico a fait du Batman sur la fin » quoi de plus vrai, je vous le demande.