Véritable monument du basket français, le CSP Limoges est une équipe en grand danger que l’on a bien cru voir mourir cet été. Sauvé des flammes, le club espère ouvrir, dès cette saison, une nouvelle ère synonyme de retour au sommet.
2023-24, le drame évité
- Betclic Elite : 13ème de régulière avec 14 victoires pour 18 défaites
- Coupe de France : défaite en 16ème de finale face à Nanterre
- Rétrogradation administrative en nationale 1 (3ème division), mais rachat et maintien en première division
Depuis 2017 et le décès tragique de Frédéric Forte son président, le mythique CSP n’est plus que l’ombre de lui-même. Et depuis maintenant deux saisons, le club lutte pour sa survie sportive et financière au sein de l’élite du basket français. D’abord relégué administrativement, le club ne doit son maintien dans l’élite du basket français qu’à un miraculeux rachat de dernière minute. Une petite mort évitée de justesse et qui laisse désormais place à l’espoir d’un renouveau pour le seul club français ayant remporté l’Euroleague.
Un bilan de 7 victoires pour 9 défaites au 1er janvier, le coach grec Ilias Kantzouris prend la porte, remplacé par Jean-Marc Dupraz qui fait alors son retour au CSP, près de 10 ans après son premier passage sur le banc limougeaud. Sous la houlette de Dupraz les résultats seront légèrement meilleurs avec 7 victoires pour 7 défaites entre janvier et avril, de quoi assurer le maintien à deux journées de la fin. Deux derniers matchs finalement anecdotiques terminés par deux défaites face au Mans et Bourg-en-Bresse. Une saison en un mot laborieuse, surtout rythmée par les tensions en coulisses et la détérioration des relations entre les supporters et Céline Forte, la présidente étant régulièrement plus que chahuté – et même invité à partir – par le public de Beaublanc.
Des résultats sportifs presque anecdotiques puisque l’essentiel a finalement été assuré et que l’attention se trouvait d’avantage hors des terrains. Suite au refus des collectivités locales de continuer à s’engager avec la direction actuelle et au refus de Céline Forte de céder le club à un nouvel actionnaire, le 28 mai 2024, le couperet tombe. Le CSP, onze fois champion de France est rétrogradé administrativement par la DNCG en troisième division française. Les pensionnaires de Beaublanc relégué au niveau amateur, un véritable séisme dans le monde du basket français.
Le 8 juin 2024, le CSP change de propriétaire. Un accord est trouvé entre Céline Forte et Lionel Peluhet, numéro deux du groupe Intermarché qui rachète le club. Un recours à la LNB est immédiatement déposé afin de solliciter un nouveau passage devant la DNCG (Direction nationale du conseil et du contrôle de gestion). Lionel Peluhet promet d’investir les plus d’un millions réclamé par la DNCG pour combler le déficit structurel du club. Le 13 juin 2024, la DNCG annule sa première décision et maintien finalement en première division le CSP Limoges, actant le rachat du club et le début d’une nouvelle ère.
Les mouvements de l’intersaison
Les départs :
- Kameron McGusty (Legia Warsaw, Pologne), arrière utilisé lors de 34 matchs la saison dernière, pour 21 minutes de jeu et 9.6 points de moyenne ;
- Lucas Ugolin (ADA Blois, Pro B), 30 matchs joués pour l’arrière ailier, 11 minutes et 4.3 points de moyenne ;
- Danilo Nikolic (Spartak Subotica, ABA League), 30 matchs pour l’ailier, deuxième meilleur scoreur de la saison dernière, le troisième grand sniper limougeaud (39% à 3 points sur 5 tentatives/match) ne sera finalement resté qu’une saison à Beaublanc ;
- Ike Udonah (sans club), remplaçant de Simi Shittu parti à l’hiver, il aura joué 17 matchs au total (7 points et 4.6 rebonds) ;
- Tyree Appleby (Darüşşafaka Istanbul, Turquie), 34 matchs pour le meneur titulaire qui aura offert 11.7 points de moyenne en 27 minutes de jeu, dont une pointe à 27 points, record de la saison ;
- Sahel Mouhri (Aurore de Vitré, Nationale 1), 4 petits matchs pour le jeu espoir parti en Nationale 1 en quête de temps de jeu ;
- Yannick Nkombou (Loon Plage, Nationale 1), espoir du centre de formation, l’intérieur a également rejoint la troisième division en quête de minutes ;
- Nemanja Nenadic (Elan Chalon, Élite), 30 matchs joués pour l’ancien de l’Etoile Rouge. 8 points de moyenne en 20 minutes de jeu ;
- Kenny Goins (sans club), 22 match pour l’ailier américain, 14 minutes et 3.6 points de moyenne ;
- Martin Carrere (VCU, NCAA), à 18 ans le joueur de léquipe de France U18 a franchit le pas et traversé l’atlantique pour rejoindre l’université de Virginie afin d’y poursuivre sa formation.
Les arrivées :
- Terry Tyrell (23 ans, meneur, sans club depuis 2 ans). L’américain est une énigme et n’a pas encore joué en préparation, mais pourrait être la surprise sur le poste 1 dont la place de titulaire est désormais à prendre
- Vincent Amsellem (22 ans, meneur). Il débarque du Boulazac Basket Dordogne et devrait être à la bataille pour un rôle en sortie de banc, lui qui a bien terminé la saison en Pro B
- Trevon Bluiett (29 ans, arrière, Victoria Libertas Pesaro en Italie). Shooteur réputé passé par l’université de Xavier qui va retirer son maillot cette saison, il sort d’une saison à plus de 40% dehors l’arc
- Alexandre Bouzidi (23 ans, arrière). Si la Chorale de Roanne descend lui restera dans l’élite au sortir d’une saison de 25 matchs pour 8 minutes et 3.2 de points de moyenne
- Malik Osborne (26 ans, ailier fort, Apollon Patras). Vu à l’action de la dernière Summer League, l’américain débarque à Beaublanc après avoir réalisé une belle saison en Grèce (10 points et 6 passes de moyenne)
- Mamadou Guissé (22 ans, arrière-ailier en provenance de la JA Vichy). Il était l’une des valeurs sures du deuxième du championnat, un défenseur solide et qui progresse chaque année en attaque, il a tout de la belle addition en sortie de banc
- Kenny Baptiste (24 ans, ailier fort). L’ancien U19 français arrive de l’Elan Chalon avec lequel il était monté en première division lors de l’exercice 2022-23, il vient renforcer le secteur intérieur limougeaud
- Mohamed Diarra, 23 ans. Le pivot arrive de North Carolina State (NCAA) après seulement une saison (6,3 points, 7,8 rebonds en 22 minutes). Une équipe avec laquelle il a connu une demi-finale de tournoi universitaire. Une performance qui lui a permis de participer à la Summer League avec les Lakers avant de regagner la France.
Description de l’effectif
- Meneurs : Lucas Beaufort, Tyrell Terry, Vincent Amsellem
- Arrières : Trevon Bluiett (arrière-ailier), Alexandre Bouzidi, Mamadou Guissé (arrière-ailier)
- Ailier : Nicolas Lang (arrière-ailier)
- Ailiers forts : Malik Osborne, Kenny Baptiste
- Pivots : Alexandre Chassang, Mohamed Diarra
Le CSP affiche un effectif presque entièrement remanié, aux exceptions près des historiques Nicolas Lang et Alexandre Chassang, ainsi que du jeune meneur Lucas Beaufort qui pourrait définitivement s’imposer au poste 1 suite au départ de Tyree Appleby. Malgré ces renouvellements, les limougeaud comptent une majorité de joueurs habitués au basket européen et même français. Une priorité annoncée dès la reprise par la nouvelle direction.
Le joueur à suivre : l’énigme Tyrell Terry.
Nicolas Lang aurait été un choix bien trop simple de joueur à suivre tant le capitaine est le CSP lui-même depuis maintenant de nombreuses saisons. A l’inverse du lot de certitudes que représente l’Alsacien de 34 ans se trouve l’américain Tyrell Terry.
A désormais bientôt 24 ans (il les aura le 28 septembre 2024 ndrl), l’ancien joueur des Dallas Mavericks et des Cardinals de Stanford est un ovni dans le monde du basket. Moins de trois ans après sa draft, le meneur annonçait à la surprise générale prendre sa retraite. Un choix motivé par le stress et la pression qui le rongeait de l’intérieur :
« J’ai décidé d’abandonner le jeu qui a constitué une grande partie de mon identité. Un jeu qui m’a guidé depuis mes premiers pas. Même si j’ai accompli des choses incroyables, créé des moments inoubliables et fait des amis pour la vie… j’ai aussi vécu les moments les plus sombres de ma vie. Au point où au lieu de me construire, ça a commencé à me détruire […] Des pensées intrusives, des réveils nauséeux, me retrouver à avoir du mal à respirer normalement à cause de la pression dans ma poitrine. C’est une brève description de l’anxiété que ce sport me provoque, et même si je suis reconnaissant de toutes les portes qu’il m’a ouvert, je ne peux plus continuer ce combat plus longtemps pour quelque chose dont je ne suis plus amoureux. »
Tyrell Terry, via NY Times
Presque deux ans après ce message à cœur ouvert, Tyrell Terry n’avais toujours pas retrouvé les terrains puisque deux petites blessures l’ont empêché de jouer les trois premiers matchs de préparation avec les Limougeauds. Il a cependant fait débuts ce samedi 7 septembre face à La Rochelle (13 minutes de jeu), pour son premier match en plus de 2 ans. Tyrell Terry, décidemment énigmatique en tout point.
L’avis du rédacteur
L’an 0 du nouveau CSP, une disparition évitée de justesse, une masse salariale encadrée, une équipe totalement renouvelée et rajeunie mais affiche pourtant un joli 4/4 en préparation. Si les matchs amicaux n’ont jamais été une garantie de succès en régulière, ils témoignent d’un groupe qui se construit, vite et bien sous la houlette de Jean-Marc Dupraz. Après être venu à bout de l’ambitieux promu rochelais, les Limougeauds vont pouvoir se tester deux dernière fois à l’occasion de gros chocs face à Chalon le 11 septembre et face à Cholet le 14.
Avant de retrouver les sommets, le CSP va devoir faire peau neuve et se débarrasser des soucis financiers qui le freine depuis de trop nombreuses années. C’est en cela que la saison 2024-2025 s’annonce comme l’an 0 du nouveau projet, le seul objectif sera d’obtenir le maintien dans l’élite pour pouvoir aborder avec plus de sérénité l’exercice prochain.