Gary Payton II

Gary Payton II, le cheat code des Warriors

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« J’aime tellement la Baie… vous ne comprenez même pas. » Avec cette déclaration d’amour en mai 2022, Gary Payton II a montré ce qu’il était profondément : un Warrior For Life.

Cet article a été écrit par Kuuzory.

En pleine possession de ces moyens, GPII est un joueur absolument unique. Sublimé par le jeu spécial des Warriors, il est la définition même d’une arme létale contre les adversaires. Joueur fait pour la lumière et les grandes scènes, il a su montrer durant un exercice 2021-2022 assez ébouriffant l’étendue de ses qualités.

Ja Morant, Nikola Jokic, Jayson Tatum. Qu’ont en commun ces trois joueurs, à part le fait d’être des candidats MVP désigné chaque saison ? Eh bien, ils ont tous les trois été gênés et mis en difficulté par l’arme secrète des Warriors, avant de se faire éliminer par les futurs champions. Autant de joueurs aux profils différents, voir diamétralement opposés qui permettent bien de voir l’étendue de la palette de GPII.

Joueur d’impact par définition, GPII a tout pour être le facteur X de la saison des Dubs. Avec lui à 100%, tous les rêves les plus fous semblent possible, comme celui, à peine dissimulé, de continuer à faire survivre la dynastie de l’équipe de la Baie.

Parcours semé d’embûches pour un travailleur acharné

Gaucher d’1m90, très tanké, GPII est un joueur des plus atypiques. En effet, coincé dans un corps de guard, il n’a pas réussi à montrer d’assez fortes qualités au shoot ou au playmaking pour se faire immédiatement une place en NBA. Connu plutôt pour ses qualités défensives, il a ainsi décroché durant deux années consécutives le titre de PAC 12-Defensive Player of the Year (la PAC 12 étant l’une des conférences les relevées du pays).

Non-drafté à sa sortie de fac, il a enchaîné les piges, plutôt non concluantes. Que ce soit chez les Bucks, les Bucks ou les Wizards, ses lacunes offensives ne lui permettaient jamais de rester très longtemps dans un roster. Il faut dire aussi qu’il n’a jamais été utilisé par ses équipes pour ses qualités intrinsèques. Or, dans une ligue qui sacralise les joueurs offensifs, il a toujours été compliqué de se faire une place uniquement grâce à la défense.

Alors Gary Payton II a travaillé. Encore et encore. Il a ainsi été un des joueurs les plus réguliers de G-League pendant plusieurs saisons. Preuve en est, les récompenses pour ses qualités défensives : First-Defensive Team en 2019 et 2021 et DPOY en 2021. Dans la foulée de ses distinctions individuelles, il est à nouveau appelé dans la Grande Ligue pour un 10-day contract par les Warriors. Ces derniers, en quête de jus et de second souffle pour accéder aux Playoffs aimeront son intensité mais finiront par le couper à l’issue de la saison 2020-2021. Moment très dur à vivre pour le joueur, historiquement attaché à la Baie d’Oakland, où son père est né et a grandi.

C’est alors que son caractère déterminé et prêt à tout pour atteindre son objectif s’est affirmé et que son destin a basculé. Il décida de tout faire pour rester dans le radar de l’équipe et décroché une autre chance, la bonne cette fois-ci. Il déclara plus tard :

« C’était la Baie, vous voyez ce que je veux dire ? Et je ne voulais pas tourner la page. Alors je me suis dit : F–k it. Oui, je suis viré, mais je vais rester ici et m’entraîner avec l’équipe, quoi qu’il en soit. Je ne savais même pas si c’était autorisé. Mais je voulais rester dans le collimateur de l’équipe, pour leur faire savoir que c’était là que je voulais être. Après que Bob (Myers) m’a annoncé la nouvelle, je me suis dit : « Umm, tu sais quoi ? est-ce que je peux quand même venir demain ? Et m’entraîner avec l’équipe, et juste… être là ? »

Face à cette détermination véritable, le GM Bob Myers lui permettra de rester dans les parages, de pouvoir s’entraîner avec l’équipe.

Personnalité entière des plus attachantes, The Young Glove (surnom donné en référence à son père) finira par gagner sa place dans le roster durant l’été 2021, où il a su montrer au staff des Dubs qu’il avait sacrément progressé en attaque. Réglant ainsi la mire au shoot, GPII a compilé de grosses stats sur ces 3 apparitions (11,3 points, 7 rebonds, 3,7 assists et 2 steals en 26,6 minutes/matchs à 73,7% au shoot, 83,3% à 3-points et 50% aux lancers-francs). Échantillon limité, mais qui s’était avéré décisif dans la quête du 15ème spot du roster des Warriors. Sésame décroché moins de 24h avant le début officiel de la saison, au dépend notamment de joueurs plus expérimentés comme Avery Bradley.

Il a été un véritable warrior toute sa vie durant, et c’est donc un beau clin d’oeil du destin que de lui avoir permis d’exploser du côté de Golden State.

2021-2022 : explosion et glorification de la défense poussée à son paroxysme

GPII a réalisé une saison 2021-2022 absolument dantesque. Il s’est imposé dans la rotation des Warriors par sa férocité défensive hors du commun, son sens du jeu et du placement en attaque et ses qualités physiques exceptionnelles. Complément dans le front-court de Draymond, il a enfin trouvé une maison et s’est affirmé comme un membre majeur de la rotation des Dubs. C’est bien simple, on lui en demandait peu, notamment au début, et il a toujours su le rendre au centuple. Il est le symbole vivant que le travail paie.

C’est notamment en attaque la surprise fut la plus totale. Il est devenu un shooteur honnête (aussi bien de l’elbow que du corner), à tel point qu’il a su rentrer de nombreux shoots clutchs, notamment en Playoffs. Il a aussi sublimé l’art des cut vers le panier, avec un très bon jeu off-ball qui rentre dans l’ADN Warriors. Passé maître dans l’art des interceptions hautes après un pressing tout terrain, il s’est régalé à détruire les arceaux, et parfois les joueurs avec (coucou Goga Bitadze, qui ne s’est toujours pas vraiment remis d’ailleurs).

https://x.com/SCDG2330/status/1541227597920493568?s=20

Pour mieux se rendre compte de son impact offensif, laissons parler les statistiques sur un enchaînement de trois matchs en début de saison :

  • vs Charlotte Hornets : 14 points, 5 rebonds, 1 assist, 3 steals et 1 block à 6/9 au shoot, 0/2 à 3-points et 2/2 aux lancers-francs en 17 minutes (18 +/-) et victoire au bout.
  • vs New Orleans Pelicans : 17 points, 6 rebonds, 3 assists et 1 steal à 7/10 au shoot, 1/3 à 3-points et 2/2 aux lancers-francs en 17 minutes (23+/-) et victoire au bout.
  • vs Houston Rockets : 10 points, 3 rebonds, 3 assists, 4 steals à 5/6 au shoot (27+/-) et victoire au bout.

Le constat est saisissant. Avec un +/- monstrueux, il est un joueur extrêmement valuable pour son équipe. Il joue juste et participe grandement à l’effort de victoire de son équipe. C’est bien simple : avec GPII sur le parquet, les Warriors étaient une équipe bien plus forte, solide et cohérente. Un véritable cheat code donc.

Attardons nous maintenant à l’autre côté du terrain. Véritable artiste de la défense, il a poussé le génie dans le domaine à son paroxysme. Le regarder pourchasser un guard tout terrain, switch sur un Big Men et le tenir sur une séquence ou deux, ou tenir la distance contre les meilleurs forwards de la Ligue est un véritable régal pour tout amateur de la balle orange. Son opiniâtreté en défense sur le porteur ou off ball est absolument folle. Il a ainsi réussi à défendre avec succès sur des profils totalement différent et avec une efficacité à faire pâlir les statistiques de la plupart des autres défenseurs élites de NBA.

Excellent joueur d’aide notamment contre les Big Men, les fameuses « weak-side help », GPII est un joueur aux mains d’argent. En effet, il garde toujours les mains actives, ce qui lui permet d’être l’un des joueurs les plus efficaces et dominants sur les interceptions ou les déviations, au vu de son temps de jeu. Face à cette large palette, il n’est donc pas insensé de dire qu’avec un temps de jeu de titulaire, il aurait clairement pu concourir pour une All-Defensive Team, voir dans la course au DPOY.

La liste des joueurs qui ont fait les frais de l’activité démentielle du Young Glove sur le parquet est assez fameuse et diversifiée :

  • Ball Handler : Kyrie Irving, Chris Paul, James Harden, Shai Gilgeous-Alexander, Luka Doncic, LaMelo Ball, Tyrese Haliburton, Ja Morant, Zach Lavine.
  • Forward et Wing polyvalents : Jaylen Brown, Jayson Tatum, Paul George, Brandon Ingram, LeBron James.
  • Big Men : Karl-Anthony Towns, Joel Embiid, Nikola Jokic, Domantas Sabonis.

Il s’agit ici d’une liste non-exhaustive mais qui montre bien une tendance. Au pic de sa forme, Gary Payton II est capable de stopper quasiment n’importe qui, peu importe le profil du joueur ou le pedigree. Ce qui ressemble bien à la définition d’un cheat code.

https://x.com/Manubulnes2/status/1703894243029491921?s=20

Le facteur X de la saison des Warriors

« Dès qu’il entre en jeu, il se passe quelque chose ».

Ces mots simples prononcés par le commentateur des Warriors Bob Fitzgerald, symbolise à merveille l’impact de GPII dans cette équipe. L’une des principales qualités de GPII est son profil hybride et atypique. En effet, il n’a pas de postes fixes ou référence comme la plupart des joueurs. Et il le tourne à son avantage. Jouant comme un « Little Big Man » en attaque, et défendant comme un acharné sur les meilleurs guards ou forwards adverses, il est un joueur unique en son genre.

Et, si c’est l’une des raisons qui lui avait fermé les portes de la Grande Ligue pendant un sacré bout de temps, c’est devenu un atout sublimé par le jeu des Golden State Warriors. Ainsi, les switch perpétuels et le jeu en mouvement est particulièrement adapté à ses qualités. Slasher d’exception, bon poseur d’écran pour son gabarit, son association avec Chris Paul en sortie de banc pourra s’avérer dévastatrice pour les défenses. En effet, dunker acharné, il trouvera en CP3 un partenaire préférentiel pour l’envoyer sur orbite et faire exploser la foule.

Tellement impactant, Gary Payton II est aussi un joueur assez fragile. Fragile mais sacrément dur au mal. Il fut notamment blessé au dos, ce qui failli lui coûter sa place dans le roster à l’orée de la saison 2021-2022. Puis, il se blessa à nouveau lors des Playoffs, avec une fracture du coude, durant le Game 2 des demi-finales de conférence 2022. Ne voulant pas laisser tomber ses coéquipiers, il a cravaché pour revenir durant le run de Playoffs. Il profita d’ailleurs de sa convalescence pour exprimer son impatience de revenir sur le parquet dans The Players Tribune :

« J’espère continuer à le faire dans ces Playoffs (sur le fait d’avoir un impact). Je suis impatient de retrouver mes coéquipiers. Steph, Dray, Klay, Loon, JP, Wiggs, Andre… tout le monde. Je me sens privilégié de faire partie de cette équipe. Et je vais travailler comme un fou pour revenir, je le promets. »

Des mots forts symbole de son attachement à l’équipe qui lui a donné véritablement sa chance et un foyer à défendre.

L’année dernière, avec un passage d’une demi-saison du côté Blazers avant de revenir dans la Baie, il a à nouveau joué blessé. La saison des Warriors n’avait pas attendu son retour pour être compromise, il ne put avoir qu’un rôle limité durant le run de Playoffs terminé contre les Lakers en demi-finale de conférence.

La priorité de l’intersaison 2023 était donc pour le joueur et l’équipe de le remettre sur pied, afin de pouvoir profiter à fond de leur cheat-code dès le mois d’octobre.
A quelques encablures du training camp, le pari semble réussi puisqu’aucune rechute n’a été signalée cet été.

Désormais trentenaire, Gary Payton II semble en pleine possession de ses moyens. Encore dans son prime, il aura un rôle primordial à jouer pour les Dubs sur cette saison à venir. S’il peut revenir à son niveau de 2021-2022, ou s’en rapprocher considérablement, la concurrence n’a qu’à bien se tenir.

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Le mot de la fin : le cheat code arrivé à maturité ?

Parfois, tout ce qu’il faut pour réussir est de tomber au bon endroit au bon moment. C’est ce qui arriva pour GPII. Ainsi, malgré les embûches, il s’est battu pour rester aux Warriors et y réussir. Conscient d’avoir trouvé une maison, une famille, il ne laissa rien ni personne se mettre en travers de sa route :

« Je suis vraiment intéressé par le fait de retrouver les Warriors avant tout. D’une manière ou d’une autre, je reviendrai dans cette équipe. »

Mots qu’il a dit a son agent après été cut par l’équipe en fin de saison 2020-2021.

Joueur majeur d’un champion NBA, Gary Payton II a su brillamment repousser tous les doutes existants depuis son arrivée dans la ligue.

Par définition, un cheat code (littéralement un code de triche dans la langue de Molière) permet à son utilisateur de dominer, de manière limite injuste, la plateforme sur laquelle il l’utilise. Dans le cadre de la NBA, il s’agit d’un joueur qui fiterait si bien dans un système et une équipe que cela en serait quasiment déloyal pour la concurrence. Et c’est exactement ce que représente Gary Payton II pour les Warriors.

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