La Genèse
30 juin 1993, Auburn Hills. C’est en cette soirée si spéciale que la draft 1993 va débuter. Depuis maintenant 3 ans, les Bulls d’un certain numéro 23 marchent sur la ligue. C’est donc en toute logique que les franchises NBA cherchent un joueur capable de les amener jusqu’au titre suprême et ainsi prendre le trône à un Michael Jordan peu enclin à le partager. Cette année là, un prospect pas comme les autres est attendu tout en haut de la cuvée. Ce joueur c’est Chris Webber : un ailier fort de 2 m08 pour 110 kilos sur la balance. C’est un beau bébé qui domine tout avec les Wolverines du Michigan, un bon gros double-double de moyenne avec 19 points et 10 rebonds accompagné de 2 contres et demi et une hype grandissime autour de lui. Il doit cette hype à un évènement particulier, ayant eu lieu un an auparavant.
En 1992 les États-Unis se pointent aux Jeux Olympiques avec une armada de légendes tel que Magic Johnson, Larry Bird et Michael Jordan. Afin de préparer son groupe au mieux, le coach Chuck Daly organise un match contre de jeunes joueurs universitaires près à en découdre face aux superstars de la grande ligue. Accompagné de Grant Hill ou encore Allan Houston, Chris Webber se déchaîne contre les stars américaines, et même si la presse n’a pas d’image de ce match, on sait que les jeunes loups n’ont pas eu froid aux yeux, et qu’en 20 minutes de jeu ces petits troubles-fête infligeront un 62-54 en donnant une leçon de collectif aux légendes.
Les débuts
Revenons à C-Webb, à Golden State c’est une superbe ligne de stats qui viens garnir le palmarès du jeune Ailier Fort. 17 points, 9 rebonds et 2 blocks pour un Rookie of The Year bien mérité. Malgré cette belle saison, sa brouille avec le coach légendaire Don Nelson le pousse à quitter l’équipe après seulement un an. Il prend la direction de Washington où il explose. Cependant, lors de ses deux première saisons, il est souvent à l’infirmerie et il faudra attendre la saison 1996-1997 pour qu’il fasse un véritable saison pleine. C’est le début de la formidable montée en puissance de Chris Webber. Il enchaîne les saisons à plus de 20 points de moyenne ! La NBA découvre un athlète technique et puissant avec un tir à distance très correct pour un joueur de son gabarit ! Il en profite pour rafler sa première étoile de All-Star et emmène sa franchise en play-offs pour la première fois depuis 9 ans. Toutefois, dans les années 90, play-offs + Conférence Est = Chicago Bulls. Pour le retour en play-offs des Wizards, c’est un sweep en bonne et due forme orchestré par le big three de l’Illinois en quête d’un Back to Back. La saison suivante est déjà l’acte fondateur du climax de sa carrière : après une saison mitigée des Bullets, désormais Wizards, le front office trade sa Star Chris Webber.
Le PRIME !
Malgré une saison de très haut niveau, Chris Webber est tradé le 15 mai 1998 en échange de Mitch Richmond et Otis Thorpe. Même si ce trade est plutôt remarqué, personne ne se doute alors du grand pas en avant que font les Kings ! À Sacramento, Webber est à son prime. Il score sur tout le monde et personne ne semble en mesure de contenir ce monstre athlétique. Après deux année de rodage, les Kings son enfin prêt pour monter sur le trône : 55 victoires et la troisième place de la conférence Ouest, Chris Webber fait sa meilleure saison en carrière avec 27 points et 11 rebonds de moyenne. Il propulse les Kings d’un groupe homogène et profond, avec le fantasque Jason Williams, le soldat Doug Christie, les snipers Hedo Turkoglu et Peja Stojakovic, Bobby Jackson en 6ème homme, et le pivot européen et futur General Manager Vlade Divac ! Aux commandes de cette équipe, c’est le très sous-estimé Rick Adelman qui en sera le coach.
Après une saison magnifique, ce sont les Suns de Jason Kidd et d’un certain Penny Hardaway qui, contrairement à Chris Webber, décline et n’est plus celui qu’il était. 3-1 sans broncher et les Kings partent pour les demi-finales de conférence. Leur adversaire est un hydre à deux têtes : celles de Shaq (tiens comme on se retrouve) et du jeune Kobe Bryant ! Les Lakers sont champions en titre et ont déjà éliminé les Kings la saison dernière, mais malheureusement bis répétita : 4-0 et sweep pour les Kings qui rentrent à la maison. La saison qui suit, 2001-2002, est le moment ou jamais pour aller chercher ce titre que toute la capitale californienne attend. Sacramento reprend les mêmes et recommence, au détail près du trade Jason Willliams. En effet, le meneur spectaculaire a été envoyé à Memphis contre Mike Bibby, un meneur moins spectaculaire mais pas moins talentueux, et plus régulier. Il amène avec lui un statut de prétendant au titre pour les Kings. Cela permet aux rois sans couronnes d’accrocher la première place de l’Ouest. Rick Adelman est élu Coach de l’année et il est temps d’aller chercher ce titre !
Lors des deux premiers tours, le Jazz d’un duo Stockton/Malone en fin de carrière et les Mavs d’un jeune Dirk ne font pas le poids face à des Kings trop dominant dans tout les secteurs ! Deux gentleman sweeps pour les Jazzmans et les Texans ! Notre protagoniste C-Webb est toujours dans son prime avec 24 points et 11 rebonds lors de ces play-offs. L’histoire des finales de conférence qui attendent ensuite les Kings est tristement célèbre. Les Kings retrouvent les Lakers pour une finale avant l’heure. Tout le monde connait l’histoire de la série ultra serrée où les deux équipes se rendent coup pour coup mais où, malheureusement, le match 6 devint légendaire en raison l’arbitrage de Dick Bavetta, Bob Delaney et Ted Bernhardt. Le trio d’officiels privera les Kings de finales NBA et d’un potentiel titre.
Un fin de carrière tragique…
Depuis cette série, c’est la fin lente et douloureuse de la carrière de Chris Webber.
En 2004, le numéro 4 quitte la franchise qui aurait pu l’envoyer sur le toit du monde.
C-Webb essaiera de se relancer mais en vain. Ni les Sixers, ni les Pistons pourtant au sommet pendant les années 2000, et ni les Warriors de 2008 n’offrirons de finales à Chris Webber. Ainsi s’achève la fin de la carrière de l’un des joueurs les plus sous-estimés de l’histoire de la NBA. Justice lui sera rendue, avec son numéro 4 qui trône fièrement au coté des autres légendes de Sacramento. En 2021 il entre enfin au Hall of Fame, et comme il le dit dans son intronisation : « Be honest, be yourself, whatever happens ! »